Environ 1.000 personnes ont manifesté vendredi à Bamako "contre les bombardements" de l’armée malienne, qui a récemment visé dans le centre du pays un "groupe d’autodéfense" dogon soupçonné de massacres, et pour le retour de la paix dans cette région en proie aux violences intercommunautaires, a constaté un journaliste de l’AFP.
"On veut que l’armée arrête de bombarder le pays dogon, on veut la paix", a déclaré un manifestant, Aly Cissé, un dogon de 29 ans résidant à Bamako.
Le centre du pays, en proie à des conflits mineurs entre les différentes communautés qui l’habitent depuis des décennies, s’est embrasé depuis l’apparition en 2015 du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, lié à Al-Qaïda, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs.Les affrontements se multiplient depuis entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé des "groupes d’autodéfense".Le plus organisé de ces groupes est Dan Nan Ambassagou, qui a officiellement été dissous par le gouvernement après le massacre de 160 Peuls à Ogossagou le 23 mars, mais qui n’a pas cessé ses activités.
Dan Nan Ambassagou, qui a nié être responsable de ce massacre, a affirmé avoir été visé la semaine dernière par des bombardements de l’armée malienne. Celle-ci a confirmé avoir "mené des opérations au centre pour assurer la sécurité des biens et des personnes", sans plus de détail.Dans la marche, qui s’est déroulée dans le centre de la capitale, des pancartes "Non aux massacres au pays dogon", "le pays dogon n’est pas à bombarder" et "Vive Dan Nan Ambassagou" ont été brandies par des manifestants.Vendredi matin, plusieurs habitants du pays dogon ont affirmé à l’AFP que des hélicoptères de l’armée malienne survolaient la zone depuis plusieurs jours.
Des centaines de personnes avaient déjà manifesté lundi leur soutien à Dan Nan Ambassagou à Bandiagara (centre), en réaction à l’opération de l’armée.D’autres mouvements de protestation sont prévus dans la région, où des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur domicile à cause des violences.Des accords de cessation des hostilités ont été signés début août par des groupes armés peuls et dogons lors d’une visite du Premier ministre, mais, comme d’autres accords antérieurs, ils n’ont pas empêché la poursuite de ces violences, quasi quotidiennes. Le 8 septembre, six personnes voyageant dans un mini-bus ont été tués par des hommes armés dans la zone de Bandiagara.