Le Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP) a mis en exécution, dans la nuit du dimanche à lundi, sa menace d’ériger un blocus pour exiger la réhabilitation de la route Bougouni-Manankoro et la prise de fonction effective du gouverneur de la région nommé depuis juillet 2018.
Après Kayes, Tombouctou, Gao, Ménaka ; Bougouni est entrée dans la contestation. Dans la nuit du dimanche au lundi 16 septembre 2019, sur appel du Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP), la population de Bougouni ainsi que des localités voisines comme Yanfolila, Kolondiéba, de Garalo se sont mobilisées pour ériger un blocus sur la RN7.
À cause de cette situation, des centaines de véhicules et un nombre très important de passagers sont bloqués à l’entrée et à la sortie de la ville de Bougouni, nous a témoigné un habitant. Ainsi, selon lui, ce premier jour de manifestation a été une réussite en termes d’impact recherché. « Nous allons continuer à maintenir le blocus malgré les désagréments. C’est pour faire en sorte que les autorités pensent à nous », a nous expliqué notre interlocuteur.
Joint également par nos soins, le président du collectif Manba COULIBALY précise que la manifestation a commencé aux environs de deux heures du matin.
« Nous avons pris le contrôle deux entrées, à partir de deux heures du matin », a-t-il raconté avant d’expliquer les raisons de la mobilisation.
D’abord, affirme-t-il, ils souhaitent l’arrivée du gouverneur à Bougouni afin qu’il prenne effectivement ses fonctions.
« Depuis le 20 juillet 2018, date de la nomination du gouverneur, il n’est jamais venu se présenter à la population. Même un petit bonsoir », a dénoncé M. COULIBALY.
Et pourtant, son budget a été voté et il continue de bénéficier les avantages de son statut de gouverneur étant à Bamako, a ajouté notre interlocuteur.
« Cela n’est pas normal. Nous souhaitons que cette situation ne cesse. C’est pourquoi nous sommes dans les rues de Bougouni pour exprimer notre mécontentement », a estimé le président du collectif.
Bien avant, il a rappelé avoir interpellé le ministre en charge de ce dossier et même le président de la république lors de la journée paysanne qui a eu lieu à Bougouni. Donc, la grogne de ce jour est l’une des conséquences de la non-prise en compte de leur interpellation.
Quant à la 2e revendication, M. COULIBALY nous affirme que la route, dont la réhabilitation est demandée, se trouve dans un état de dégradation très avancé.
« À cause de l’état de cette route, ils enregistrent très fréquemment des accidents mortels », a-t-il soutenu, tout en soulignant que cette route joue un grand rôle dans l’économie de Bougouni. C’est pourquoi exige-t-il que cette voie soit bitumée.
« Pas question de lever le blocus sans la satisfaction totale des deux de doléances par le gouvernement », affirment des manifestants.
« Tant que le gouverneur ne vient pas à Bougouni pour ses services, le blocus va rester aussi longtemps que possible. Aussi, il faut que le gouvernement nous donne un délai raisonnable pour le démarrage des travaux de la route Bougouni-Manankoro », a déclaré le président du CRNOP avant de présenter ses excuses à la population en général pour tout le désagrément. Mais dit-il, ils n’ont pas d’autre choix. Il pense que c’est la seule manière de face à un État qui « ne respecte pas ses engagements, qui ment ». Ce malaise aujourd’hui est la conséquence de la mauvaise gouvernance, du mensonge des dirigeants au peuple.
Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, le président collectif nous a confié qu’il n’avait pas été saisi ou contacté un quelconque membre du gouvernement. Toutefois, il a signalé avoir échangé avec le directeur régional de la police qui demandait de lever le blocus.
« Nous lui avons dit qu’il n’en était pas question avant la prise en compte de nos revendications », nous a-t-il rapporté.
Par ailleurs, au-delà du cas de Bougouni, il (le président) appelle aussi à l’opérationnalisation effective de toutes les autres localités érigées en régions.