ur une prévision de 56 milliards CFA en août dernier, la direction générale des Douanes a réalisé 42,7 milliards CFA. A l’origine de ce gap, trois facteurs principaux.
Le premier est, d’abord, les barrages érigés sur les routes de Kati.
Mécontents de l’état de la route, les jeunes de la ville-garnison ont bloqué la route par laquelle passe l’essentiel des importations en provenance du port de Dakar.
Selon la presse, plus de 700 camions bourrés de marchandises périssables ont été empêchés de franchir le cordon douanier, entrainant ainsi des pertes de plusieurs dizaines de milliards CFA au sein de plusieurs bureaux des Douanes. Chaque jour, la direction générale perd, ainsi, entre 1 et 2 milliards CFA de recettes par jour.
Conséquences : excepté deux bureaux des Douanes, aucun n’a réussi à atteindre ses prévisions mensuelles de recettes.
Le second facteur, et non des moindres, est le mouvement d’humeur des déclarants en Douane à Diboli.
En effet, en dépit des concessions consenties par l’inspecteur Ousmane Traoré, chef du bureau des Douanes de Diboli, les transitaires – comme on les appelle, couramment – avaient décidé de contourner la réglementation douanière pour maximiser leurs profits.
Refus catégorique du chef de bureau et de ses collègues.
Outre le retard, accusé par les déclarants en douane, dans le dépôt des dossiers, certains se présentaient au bureau des Douanes avec des photocopies illisibles. Ou falsifiées.
Et comme si cela ne suffisait pas, les transitaires refusaient que leurs dossiers soient traités, conformément, à la réglementation douanière.
Malgré les concessions par le chef de bureau et ses collaborateurs, certains déclarants en douane ont décidé de pousser leurs collègues à boycotter le processus de dédouanement des marchandises.
Bourrés de denrées périssables et de produits inflammables, des centaines de camions se sont retrouvés bloqués, au poste des Douanes de Diboli, entrainant des pertes de plusieurs centaines de millions CFA, par heure, à l’administration des Douanes.
Après plusieurs jours de grève, les déclarants en douane sont revenus à de meilleurs sentiments, en reconnaissant – au passage – leur tort d’avoir poussé le bouchon trop loin.
Mais les pertes en recettes engendrées pour la Douane, par ces deux mouvements, sur la route de Kati et au poste des Douanes de Diboli, sont estimées à près de 13 milliards CFA.
Le troisième et dernier facteur, expliquant la baisse des recettes douanières en août dernier, est inhérent à la « nature » même du mois d’août.
Tous les directeurs généraux, qui se sont succédé à la tête des Douanes du Mali, s’accordent sur un fait : les mois d’août sont jugés « difficiles » pour les recettes douanières. Parce que, disent-ils, la consommation de la population – selon qu’il s’agisse des marchandises solides ou liquides – est au ralenti. Les importations, aussi.
Or, aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour parler de recettes douanières, il faut d’abord parler d’importations.
« Même si quelqu’un d’autre se retrouve, aujourd’hui, à la tête de la direction générale des Douanes, il rencontrera les mêmes difficultés. Car, celles-ci ne sont pas imputables au directeur général actuel, ni à son équipe, mais à la crise multiforme que vit notre pays et à ses effets pervers », explique un haut cadre des Douanes, en poste à la direction générale. A noter que les objectifs de recettes, au titre de l’année 2019, sont estimées à 689 milliards CFA. Mais, ils ont été ramenés à 621 milliards CFA par la loi des Finances Rectificatives 2019.
Sur ce montant, 287,66 milliards CFA ont, déjà, été réalisés à la date du 30 juin 2019. De juillet au 31 décembre prochain, la direction générale des Douanes doit réaliser 333 milliards CFA.