Ces drones conduisaient jusqu’à présent des missions de renseignement et de surveillance au-dessus du Sahel afin de traquer les terroristes.
Jusque-là, les Reaper n’étaient pas armés. Dans quelques semaines, les drones de l’opération Barkhane seront dotés de bombes. Un peu plus de cinq ans après le début de l’opération, Barkhane connait ainsi un tournant. Une première pour la France qui n’est pas sans risques.
Pour Yannick Queau, directeur de recherche du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip), les risques d’erreurs de tir sont bien réels : « Le fait que ce soient des bombes à guidage laser qui ont une capacité de destruction et de déflagration, quand par exemple on cible un individu en particulier, fait qu’on peut s’attendre à des victimes collatérales. C’est une palette de plus à la disposition de la force Barkhane. Mais est-ce que fondamentalement, c’est cela qui va régler la question ? Non. »
Ce n’est pas la première fois que les drones sont équipés de bombes. Mais le précédent concerne l’Afghanistan.
Pas de débat au Niger
Depuis aout 2014, la force militaire Barkhane entend empêcher la reconstitution de zones refuges dans la bande sahélo sahélienne, principalement au Mali, au Tchad, au Burkina Faso et en Mauritanie. Mais aussi au Niger d’où seront lancés les drones.
L’enseignant-chercheur et ancien président de la commission de défense au parlement du Niger, Moussa Zangaou, regrette qu’il n’y ait pas eu de débat sur ces drones armés :
« A un niveau élevé de décisions, des initiatives ont été acceptées. Je considère qu’il n’y a pas eu de débats. Même au niveau du parlement, je ne pense pas qu’il y a eu un débat réel, un débat ouvert sur l’intervention des forces étrangères dans nos pays. »
Contacté par la DW, le ministre de la Défense du Niger ne confirme pas l’arrivée de ces drones armés. « Le Niger donnera son accord s’il y a des cibles sur notre territoire », dit-il.
Nous avons tenté en vain de joindre le ministère français de la Défense pour obtenir plus de détails.
Pour le journaliste spécialiste de l’Afrique, Antoine Glaser, ce choix de l’armée française n’est pas surprenant : « On voit bien qu’Emmanuel Macron ne veut absolument pas perdre d’hommes et il souhaite une nouvelle stratégie. Cela veut dire moins d’hommes sur le terrain et sans doute plus de stratégie de surveillance aérienne, de bombardements aériens. »
En 2017, la ministre des Armées, Florence Parly, déclarait que « un drone n’est pas un robot tueur. C’est à l’opérateur et au pilote que reviendra l’option de tirer. »