C’est une pratique culturale, certes, exigeante mais qui permet, au bout de l’effort, d’améliorer le rendement et de récolter bio. La culture hors sol ou l’hydroponie ou encore la culture hydroponique est bien différente du micro jardinage avec laquelle certaines personnes ont tendance à la confondre.
En effet, le micro jardinage, comme son nom l’indique, est un tout petit espace qui permet de récolter chaque jour des légumes frais pour une consommation familiale, tandis que la culture hors sol est une culture des plantes réalisée sur un substrat neutre et inerte (de type sable, etc). Ce substrat est régulièrement irrigué d’une solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante.
Ainsi, pour que les végétaux poussent de manière optimale, ils ont besoin de lumière (qu’elle soit naturelle ou artérielle), d’une température stable et tempérée, d’une hygrométrie de l’air suffisante ainsi que d’une oxygénation pour satisfaire les racines. Et, enfin, il faut une nourriture adéquate et suffisante composée d’eau, de sels minéraux et d’oligo-éléments.
La culture hors sol est une nouvelle technique alternative de culture des végétaux qui peut être mise en place dans les exploitations horticoles de toutes tailles. Elle peut constituer, disent les spécialistes, une réponse aux problèmes d’eau et de pollution que connait notre planète. Et au Mali, cette toute nouvelle tendance a quelques adeptes parmi les Bamakois. Hamidou A. Diawara, président de l’Association malienne pour la solidarité et le développement, est un expert de la culture hors sol. Selon lui, l’idée est de partager les bonnes pratiques agro écologiques, notamment l’agriculture biologique ainsi que d’accompagner, de sensibiliser et de former les paysans.
La culture hors sol permet à ses adeptes d’augmenter le rendement de la production et n’utilise pas les produits chimiques et pesticides de synthèses. Elle offre plus d’alternative aux paysans qui, selon les conditions, ne sont pas en mesure de faire la culture sur le sol. Pour M. Diawara, la culture hors sol se pratique sous serres, mais, cela sur de larges surfaces pour une production optimale. C’est une culture par expérience qui est maîtrisée, dont les aléas extérieurs sont aussi maîtrisés.
Toutefois, selon notre interlocuteur, la pratique nécessite beaucoup de moyens, et pour un paysan moyen le coût est trop élevé. En revanche, c’est un système qui peut se pratiquer sur des espaces très restreints comme les bidons, les pneus, les seaux, les ustensiles usés. Il y a plusieurs techniques adaptées aux paysans moyens pour qu’ils développent des cultures hors sol sous forme de petits potagers, cela permet en même temps de recycler certains objets et à moindre coût.
L’importance de cette technique, selon notre interlocuteur, est qu’elle permet de minimiser les impacts des nuisibles, car, la culture sous-sol rend les plantes vulnérables aux attaques. En revanche, la culture hors sol permet de canaliser la plante, d’apporter les éléments nutritifs nécessaires à sa croissance dans un espace bien déterminé. C’est une alternative pour améliorer la qualité des aliments et permettre à chacun de subvenir à ses propres besoins alimentaires.
Hamidou A. Diawara a confié que la culture hors sol est plus utilisée avec les plantes maraîchères comme les tomates, les poivrons, les aubergines, la menthe, l’aloès vera. La technologie est beaucoup plus opérationnelle avec les cultures maraîchères et les effets sont rapidement perceptibles.
RENDEMENT – Il soutient, également, le fait que le milieu urbain contribue à la pratique de la culture hors sol ainsi qu’à sa vulgarisation. Car, selon lui, « elle permettra aux amoureux de la nature, vivant en ville, d’avoir leurs petits potagers, sans pour autant se déplacer pour planter sur le sol et, ainsi, avoir ses propres condiments frais et bio, de réduire ses achats et, peut-être même, de réduire la pauvreté ». Ainsi, sa clientèle se compose-t-elle, le plus souvent, de personnel des ONG pilotant des projets agricoles, des passionnés de la nature et du jardinage, des vendeurs de légumes dans les marchés locaux, mais, aussi de paysans d’autres zones comme Diéma, Kolokani, Nonssombougou etc.
Monzon Coulibaly de Farako, dans le cercle de Kolokani, est agriculteur. Il pratique l’agriculture hors sol depuis un bout de temps. Il est propriétaire d’un jardin hors sol avec des papayers, des manguiers et bien d’autres. Il se dit satisfait de l’agriculture hors sol. « D’habitude, je sème les graines et j’attend qu’elles germent avant de les déplacer vers un autre espace. Mais avec la culture hors sol, il suffit juste de déplacer le pot contenant la plante, cela évite que mes plantes ne meurent subitement et m’épargne du gaspillage de l’eau ». Il a ajouté que la culture hors sol diminue la pénibilité du travail physique et contribue à augmenter son rendement agricole.
Fatoumata Traoré est fonctionnaire, habitant dans le quartier de Dialakorobougou (zone périphérique du district de Bamako). Elle est une passionnée de la nature. Elle a un petit potager derrière sa cour. Elle cultive plusieurs plantes, notamment, les fruits et légumes. Mais, elle aime, par-dessus tout, la menthe qu’elle a mise dans des pots. « J’ai préféré mettre les menthes en hors sol, car, par le passé, j’avais perdu presque la moitié des récoltes suite à l’érosion hydrique. Maintenant, avec l’agriculture hors sol, je n’ai plus de perte et j’utilise moins les pesticides pour les insectes, ainsi j’économise », a affirmé Mme Traoré.
La culture hors sol serait révolutionnaire et pourrait bien être la solution pour une alimentation saine exempte des produits chimiques, selon les experts. Elle permet aux paysans de renouer avec les vertus de l’agriculture biologique et, surtout, pour les producteurs vivant dans les zones arides de lutter contre la faim.