Éteindre définitivement les crises cycliques que le Mali a connues est le principal objectif de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger. En outre, le document signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin de la même année à Bamako, ambitionne de trouver une solution globale et définitive à la crise multidimensionnelle de 2012 qui menace la République jusque dans ses fondements
Quels sont les acquis et les écueils relevés dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, un peu plus de quatre ans après l’historique cérémonie de signature en deux temps au Centre international de conférences de Bamako devant l’opinion nationale et des représentants de la communauté internationale dont de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement ?
Afin d’avoir des éléments de réponses à cette question, nous avons approché le secrétaire permanent du bureau du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord, Inhaye Ag Mohamed. Il convient de rappeler d’entrée que le document de 32 pages traite essentiellement des thématiques comme les « Questions politiques et institutionnelles », les «Questions de défense et de sécurité», les volets «Développement économique social et culturel» et «Réconciliation, Justice et Questions humanitaires».
Sur les questions politiques et institutionnelles, notre interlocuteur fait remarquer que les réformes, notamment la révision de la Constitution du 25 février 1992, dépendent désormais de l’aboutissement du processus de Dialogue politique inclusif annoncé par le gouvernement pour ce mois de septembre. Concernant la poursuite de la décentralisation, tant sur le plan du transfert des services que sur les questions de financement, Inhaye Ag Mohamed explique qu’un comité interministériel est à l’œuvre pour traiter ces questions de manière exhaustive.
Selon lui, les conclusions des travaux de ce comité devaient porter sur un état des lieux de la situation des services de base visant à établir une stratégie de redéploiement de ces services à laquelle seront adossées les ressources humaines, matérielles et financières à transférer aux collectivités territoriales.
FORMATION- Sur les questions de défense et de sécurité, autre axe important du texte, le secrétaire permanent du bureau du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord souligne que la formation des éléments du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) dans les différents centres se poursuit. A cet égard, 1006 éléments en provenance de Tombouctou et Gao viennent de boucler la formation leur ouvrant les portes des forces armées. Des éléments du MOC de Kidal devraient aussi normalement rejoindre très prochainement les centres de formation.
De plus, c’est avec beaucoup de satisfaction que Inhaye Ag Mohamed relève la préparation par la Commission nationale de DDR d’un document consensuel de stratégie globale pour la suite du processus. A ce propos, notre interlocuteur précise que lors de la 37è session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CSA), il a vivement été recommandé aux parties maliennes de tout mettre en œuvre pour respecter leur engagement d’achever la phase de screening au plus tard le 31 décembre prochain.
Selon Ag Mohamed, sur les questions de développement économique, social et culturel, plusieurs avancées sont également enregistrées. Il s’agit notamment, détaille-t-il, de la promulgation, au cours du mois de juillet dernier, des textes sur la zone de développement des régions du Nord, de la mise à disposition du projet de manuel de procédures du Fonds de développement durable. A ces points s’ajoute l’analyse de l’état de mobilisation des contributions de la conférence de Paris pour la relance économique du Mali tenue dans la capitale française en octobre 2015.
La promulgation de la Loi d’entente nationale, la poursuite du processus d’élaboration de la loi portant prolongation du mandat de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR) et la tenue d’une réunion de planification, avec les ambassadeurs des pays d’accueil de réfugiés (Burkina Faso, Niger et Mauritanie) constituent, rapporte Ag Mohamed, les acquis essentiels de la thématique «Réconciliation, justice et questions humanitaires ».
Une autre avancée, pas la moindre, a trait à l’entente entre les parties maliennes pour un retour concomitant des services sociaux de base et des symboles de l’Etat à Kidal.
Si le sinueux chemin menant à la paix n’était pas parsemé de nombreuses embûches, nul doute que ces points positifs de l’Accord connaîtraient une amplification certaine voire une bonification. A ce propos, Inhaye Ag Mohamed, abordant le chapitre des contraintes, mentionne l’insécurité persistante au Nord ; l’insuffisance des ressources financières pour mettre en oeuvre les engagements souscrits dans l’Accord pour la paix et la réconciliation. De plus, complète, il y a quelques réglages à faire au niveau du dispositif institutionnel de mise en oeuvre du document. En clair, la coordination entre les différentes structures intervenant dans l’application du texte est indispensable.
Insistant sur son appropriation par les populations maliennes, c’est avec beaucoup d’optimisme que le secrétaire permanent du bureau du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord voit le futur du texte. Ainsi, Inhaye Ag Mohamed demande aux acteurs d’être patients et d’adhérer au document. Affichant une totale sérénité, il assure que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, globalement, est bon pour notre pays, estimant qu’il vise à préserver l’unité nationale, l’intégrité du territoire ainsi que le caractère républicain et laïc de notre Etat.
Massa SIDIBE