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Émeutes à Niono-attaques contre les populations (arabo–touareg) à Tombouctou-Ultumatum des cotonculteurs-grogne au « pays dogon »-colère des routes. Jusqu’où s’arrêtera la colère des Maliens
Publié le mardi 24 septembre 2019  |  L’aube
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Le climat social se détériore (dangereusement) dans une grande partie du pays. A Niono, le commissaire de la localité a été assassiné le mercredi 19 septembre dernier, par une foule en furie. Le même jour à Tombouctou, la population Arabo-Touareg faisait l’objet d’une chasse à l’homme de la part de certains jeunes. Pendant ce temps, la grogne monte dans le pays dogon, où des manifestations ont été organisées, notamment à Bandiagara suite aux dernières opérations militaires dans le Centre. Au même moment, l’affaire Bakary Togola a pris une nouvelle tournure avec l’ultimatum lancé par des cotonculteurs pour sa libération et celle de ses codétenus. Quant à la révolte des routes, elle est loin de s’arrêter. Elle risque de s’étendre à Koulikoro où les populations menacent de couper l’axe reliant Bamako à la ville. Tous ces évènements interviennent au moment où le régime est incapable d’endiguer la colère populaire qui gagne tout le pays. Décidément, le Mali est sur une poudrière !


En effet, la colère gronde un peu partout dans le pays où des manifestations, et autres actes de défiance contre le pouvoir se multiplient. En effet, les manifestations de colère éclatent sur une bonne partie du pays. Elles dégénérant parfois entrainant des pertes en vie humaine comme ce fut le cas le mercredi dernier à Niono, où le commissaire a été tué par des manifestants.

Ainsi, des habitants furieux ont saccagé le commissariat, fracturé la porte de l’armurerie, emporté les armes et incendié deux véhicules de service, selon un communiqué du ministère de la Sécurité. Toujours selon ce communiqué, lors des heurts, le commissaire de la ville a été blessé à la tête, rattrapé par les manifestants, et tué par la foule. Selon un premier bilan, 22 personnes ont été blessées, dont 4 policiers qui sont encore dans un état critique.

Les habitants réclamaient depuis quelque temps auprès des autorités le départ du commissaire assassiné. Le policier était accusé d’exactions contre la population. Il avait même quitté la ville au mois de juillet dernier. Selon Amadou Araba Doumbia, député de l’opposition de la circonscription de Niono, « c’est le silence et le mépris des autorités qui ont provoqué ces débordements. Il y a un mépris très fort de la population dont on ne prend pas en compte les préoccupations. C’est l’État qui est responsable de toutes ces violences, car un citoyen méprisé dans ses droits est capable de tout».

Pour l’alliance de la police nationale, (Syndicat), le commissaire était en danger. Mais il n’y a eu aucune réaction de la part de ses supérieurs. Le secrétaire général du syndicat, Yaya Fofana, indexe en conférence de presse le ministre de la sécurité, Salif Traoré. « Qu’est-ce qui empêche la direction ? Est-ce un peu politique ? Qu’est-ce qui l’empêche de faire son métier ? C’est le laxisme des autorités».

Par ailleurs, Tombouctou faisait face le même jour à une montée de tension intercommunautaire. Mercredi, de jeunes sédentaires organisaient dans des quartiers de la ville des patrouilles de sécurisation. Un véhicule passe. Il refuse de s’arrêter. Les jeunes affirment que des coups de feu ont été tirés depuis ce véhicule dans leur direction. Deux blessés.

Le lendemain, jeudi, plusieurs dizaines de jeunes sédentaires de Tombouctou se sont dirigés vers le domicile d’un élu d’une localité voisine, mais qui habite la ville. Il est soupçonné d’être le propriétaire du véhicule de la veille. Des scènes de violences s’ensuivent, à nouveau des coups de feu sont entendus. Au moins une maison est incendiée, un véhicule brûlé, une moto retrouvée calcinée des commerces et de maisons pillés et saccagés, ainsi que de voitures et de motos, ont été incendiées. Les scènes de pillage visant les communautés touareg et arabe accusées d’être responsables de braquages et autres enlèvements. La Croix-Rouge porte assistance à des blessés à l’hôpital. Plusieurs familles ont trouvé refuge dans le camp de la Minusma, alors que d’autres ont carrément quitté la ville. Ainsi, plusieurs localités, notamment, Agouni, Atila, Likrakan et Assidi accueillent aujourd’hui de nombreuses familles. Il urge que les autorités mettent tout en œuvre pour le retour de la cohésion sociale à Tombouctou. Après Kidal, personne n’a intérêt à ce que cette ville sainte soit le théâtre de violence ou d’actes susceptible de saper l’unité et la paix sociale.

Pendant ce temps, les manifestations se multiplient au Centre pour protester contre les dernières opérations menées par l’armée. Ces manifestations ont vite pris l’allure de soutien à la milice d’auto- défense Dan Ambassagou dirigée par Yousouf Tonoba. Dans plusieurs localités, notamment, Bandiagara, Koro, et Bankass, les populations accusent l’armée d’avoir plusieurs fois bombardé les camps de Dan Nan Ambassagou. « C’est notre armée qui vient bombarder les camps de ces gens. C’est ce que nous ne comprenons pas : ou bien lorsqu’on est attaqué, l’État est présent pour nous sécuriser ; si l’État n’arrive pas à nous sécuriser, qu’il laisse au moins Da Na Ambassagou sécuriser les populations. Et quand l’État aura les moyens nécessaires, Da Na Ambassagou disparaîtra », explique Adama Diongo, président du collectif des jeunes du pays dogon.
Autre turbulence en vue : l’affaire Bakary Togola qui ne cesse de prendre une nouvelle tournure. En effet, le groupement des Syndicats Cotonniers et Vivriers du Mali (GSCVM) a lancé un ultimatum de 72 heures (expiré lundi) pour la libération M. Bakary Togola et deux de ses compagnons selon, Mènè Dallon, président le GSCVM, « Si le lundi soir, Bakary Togola n’est pas libéré, ce qui va se passer se passera » a averti le Président dudit regroupement…

Quant à révolte des routes, elle est loin de s’essouffler, après Kayes, Tombouctou, Bougouni… c’est au tour de Koulikoro de menacer de bloquer la voie.
La multiplication de ces mouvements de colère résume à elle seule l’échec du président de la République.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube
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