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Plus de trois ans après sa signature à Bamako: Le Mali veut réviser l’Accord d’Alger
Publié le mardi 24 septembre 2019  |  liberte-algerie.com
Interview
© aBamako.com par A.S
Interview du président IBK
Koulouba, le 8 août 2017. Le Président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubakar KEITA a accordé à la presse une interview sur le sujet du projet de la révision constitutionnelle.
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C’est la première fois que le président malien évoque la révision de l’accord de paix et de réconciliation au Mali, signe de l’impasse dans laquelle se trouve Bamako.

L’Accord d’Alger ne serait plus applicable dans sa forme actuelle, à croire les propos du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui propose de le réviser. Dans un discours télévisé à la nation, dimanche soir, à l’occasion du 59e anniversaire de l’indépendance du pays, le chef de l’État malien a estimé que “malgré les développements récents, des difficultés demeurent et sont inhérentes, pour certaines d'entre elles, à la nature même d'un tel accord et pour d'autres, à l'incompréhension et par moments à l'intransigeance de certains signataires”. Tout en affirmant n’avoir aucune intention à toucher à l’esprit de ce texte, conclu le 15 mai 2015, à l’issue d’un processus de discussions à Alger de presque deux ans, le président malien a justifié sa position par “les obstacles sur lesquels bute la mise en œuvre” de l’accord, parrainé par la communauté internationale.

Si les groupes armés du nord du Mali, signataires de ce texte, sont régulièrement accusés de le violer, la situation socioéconomique dans le pays et la crise sécuritaire multidimensionnelle y sont pour beaucoup dans les difficultés rencontrée par le Comité de suivi de l’accord d’Alger (CSA), dont l’Algérie est chargée pour sa mise en œuvre. Ce pourquoi il propose la tenue de rencontres régionales “avec la participation active des forces vives de chaque région, des diasporas maliennes, des partenaires de la coopération bilatérale, multilatérale et décentralisée”. À travers l’organisation de tables rondes, le chef de l’État malien espère surtout ramener tous les acteurs de la crise autour d’un même objectif qu’est la paix durable au Mali. Mais son projet de conférence d’entente nationale fait déjà l’objet de rejet d’une bonne partie de la classe politique et de la société civile malienne, également opposée à l’accord de paix et de réconciliation dans sa forme actuelle, estimant qu’il consacre le début du démantèlement de l’État malien et de sa souveraineté territoriale. Pour beaucoup de Maliens, le projet de décentralisation prôné par le gouvernement, pour plus d’équité et d’équilibre régional, constitue un danger pour l’unité nationale, en référence aux villes du nord à domination touareg, comme Kidal, Gao ou encore Ménaka.

Toutefois, le président malien ne détaille pas sa proposition pour sortir de cette impasse qui dure depuis des décennies, avec des crises politico-armées cycliques depuis l’indépendance du mali. Les parties impliquées dans ce processus, notamment la communauté internationale, accepteront-elles de toucher à ce texte âprement négocié et qui devient de plus en plus difficile à appliquer sur le terrain pour de nombreuses raisons ? Sa proposition aura-t-elle aussi l’adhésion de l’ensemble des Maliens, mais surtout celle des groupes armés de l’ex-rébellion touareg, aux exigences parfois impossibles à satisfaire à cause de l’absence de moyens financiers et de l’insécurité ? Réélu en 2018, sur la base de son engagement en faveur de la paix, IBK est en fait loin de gagner son pari.


Lyès Menacer
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