WASHINGTON - Le président américain Barack Obama a dévoilé jeudi sa stratégie en faveur du développement de l’Afrique, avec l’objectif de renforcer la sécurité et la démocratie dans un continent qui fait face à la menace d’Al-Qaïda et à une offensive économique chinoise.
Ce plan vise à encourager le potentiel économique « sensationnel » du continent en matière de croissance afin de tirer des millions d’Africains de la pauvreté, dans un continent associé à la misère et aux conflits, a déclaré à l’AFP un responsable américain sous couvert d’anonymat.
La Maison Blanche doit se focaliser sur quatre points: renforcer les institutions démocratiques, stimuler la croissance et les investissements, donner la priorité à la paix et la sécurité et promouvoir le développement.
« L’Afrique est plus importante que jamais »
« Au moment où nous regardons vers l’avenir, il apparaît clairement que l’Afrique est plus importante que jamais pour la sécurité et la prospérité de la communauté internationale et pour les Etats-Unis en particulier », a déclaré le président américain dans un communiqué.
Alors qu’Al-Qaïda cherche à s’implanter du Mali à la Somalie, le Washington Post a rapporté jeudi que l’armée américaine avait mis en place depuis 2007 un réseau de bases aériennes en Afrique pour surveiller secrètement les mouvements islamistes ou rebelles à l’aide de petits avions.
La nouvelle stratégie de la Maison Blanche est énoncée près de trois ans après que Barack Obama, dont le père était Kényan, eut arrêté ses priorités pour l’Afrique au cours d’un voyage au Ghana, le seul de son mandat au sud du Sahara.
L’administration souligne les progrès qui ont été enregistrés en Afrique sous le mandat de M. Obama, par exemple en accompagnant la naissance du Soudan du Sud, ou en envoyant des forces spéciales pour aider les troupes africaines à mettre la main sur le rebelle ougandais Joseph Kony.
Barack Obama a aussi répondu aux crises humanitaires qui ont secoué la corne de l’Afrique et le Sahel et le président a invité les dirigeants du Bénin, d’Ethiopie, du Ghana et de Tanzanie au sommet du G8 à Camp David.
Prendre pied face à la Chine
Ce regain d’intérêt se concrétise à un moment où la Chine accentue ses investissements en direction du continent et cherche à fortifier ses liens diplomatiques, notamment pour s’assurer des sources d’approvisionnement en énergie pour son économie en pleine croissance.
La Chine apporte un capital dont l’économie africaine a un « besoin vital » et pourrait jouer un rôle pour assurer une paix durable au Soudan, a dit le responsable de l’administration américaine. Le commerce entre la Chine et l’Afrique a atteint 120 milliards de dollars en 2011, un bond de 100 milliards en dix ans.
Mardi, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a accueilli un groupe de jeunes africains à Washington.
« Pour progresser sur le champ des grands défis de notre temps, comme le changement climatique, les énergies vertes, la santé et l’éducation mondiale, prévenir les violences extrémistes, défendre les droits de l’homme, encore une fois, nous regardons vers l’Afrique, parce que les communautés d’Afrique ont été en première ligne sur ces dossiers depuis de années », leur a-t-elle déclaré.
Dans son discours devant le parlement du Ghana en juillet 2009, Barack Obama avait proclamé que si le continent a besoin de dons et d’un soutien international, « l’avenir de l’Afrique appartient aux Africains ».
Le responsable américain interrogé par l’AFP note à l’appui de cette déclaration que six des dix économies à la croissance la plus forte dans le monde au cours de la première décennie du XXIe siècle sont en Afrique.