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L’ancien président français Jacques Chirac est mort
Publié le jeudi 26 septembre 2019  |  AFP
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© Autre presse par DR
Jacques Chirac, 22e président de la République française
22e président de la République française
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L’ancien président de la République Jacques Chirac est mort, a annoncé sa famille, jeudi 26 septembre 2019. Retour sur le parcours d’un homme qui a consacré plus de quarante ans de sa vie à la politique.

Jacques Chirac, ancien président de la République de 1995 à 2007, est mort à l’âge de 86 ans, a annoncé sa famille, ce jeudi 26 septembre 2019.

« Le président Jacques Chirac s’est éteint ce matin au milieu des siens. Paisiblement », a fait savoir son gendre Frédéric Salat-Baroux, époux de Claude Chirac, la fille de l’ancien chef de l’État.

À l’annonce du décès de Jacques Chirac, l’Assemblée nationale et le Sénat ont aussitôt observé une minute de silence.


Quarante ans de vie politique
Élu en 1967, à 35 ans député de Corrèze, il a traversé, tambour battant, la vie politique française pendant quatre décennies. Secrétaire d’État, ministre de l’Intérieur, ministre de l’Agriculture, Premier ministre, rien ne l’arrête. « Un chef, c’est fait pour cheffer » déclarait au Figaro magazine en juin 1992, celui qui occupait alors le poste de maire de Paris. Trois ans plus tard, le 17 mai 1995, soutenu par le mouvement politique du RPR qu’il a fondé, il succède à François Mitterrand aux plus hautes fonctions de l’État. Durant ses douze années à la tête du pouvoir - un septennat (1997-2002) et un quinquennat (2002-2007) - il façonne sa stature présidentielle, inspiré par l’exemple du Général de Gaulle.

Ambitieux, combatif, pugnace, truculent, Jacques Chirac, souvent décrit comme « un animal politique », était un homme de terrain, proche des gens. Selon un sondage publié en septembre 2016, 83 % des Français disent garder « un bon souvenir de ses mandats ».

Un homme aux goûts simples
Jacques Chirac n’a jamais porté l’école dans son cœur. Il reconnaît lui-même, dans ses Mémoires, qu’il fut un cancre jusqu’en classe de première. Plutôt que d’aller en cours, il préférait faire l’école buissonnière, partant visiter des musées à la découverte des civilisations russe, chinoise, japonaise.

Toute sa vie, il a cultivé cette passion, concrétisée par la création du musée des Arts premiers, à Paris. Jacques Chirac vénérait l’Asie et les cultures aborigènes. Il n’a jamais caché sa fascination pour les combats de sumo.

Jacques Chirac lors de l'inauguration du musée du quai Branly, le 20 juin 2006.
Jacques Chirac lors de l'inauguration du musée du quai Branly, le 20 juin 2006. | AFP
Ce bon vivant d’1,89 m, avait des goûts simples et détestait les convenances. Il cultivait avec constance sa réputation d’amateur de bière et de tête de veau lors de ses innombrables sorties au salon de l’Agriculture, où l’ex-Président n’avait pas besoin de se faire prier pour flatter le derrière des vaches ou lever le coude.

La conquête de Paris
Cet attachement à la France rurale, Jacques Chirac en a fait une marque de fabrique. Né à Paris, il est élevé en Corrèze, berceau familial où ses deux grands-pères ont été instituteurs. Enfant unique - sa sœur aînée Jacqueline est décédée avant sa naissance - il retrouve la capitale, pour décrocher ses deux bacs et intégrer Sciences Po, en 1951. Un an plus tard, il rejoint la Summer School de Harvard, aux États-Unis.

À Sciences Po, il rencontre Bernadette Chodron de Courcel, issue d’une famille de militaires et de diplomates. Il l’épouse en 1956. Ensemble ils ont deux filles, Laurence et Claude. Sa fille aînée aura été le drame de sa vie. Elle est décédée en avril 2016, après avoir souffert d’anorexie mentale depuis l’adolescence. En 1979, la famille Chirac recueille pendant deux ans Anh Dào Traxel, une Vietnamienne de 21 ans, trouvée en larmes à l’aéroport Charles-de-Gaulle.
nimal politique
Homme de cœur dans le privé, Jacques Chirac est un lion en politique. Un « tueur » selon certains. Élu député de Corrèze en 1967, il devient ministre de l’Agriculture, en 1972, dans le gouvernement de Pierre Messmer. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing en fait son Premier ministre pour le récompenser de son soutien face à Jacques Chaban-Delmas, son rival à droite.

Il montre rapidement ses talents de politicien, comme lorsqu’il décide de quitter son poste, en juin 1976, pour créer le Rassemblement pour la République (RPR), parti qu’il décrit comme « un travaillisme à la française ».


Valéry Giscard d’Estaing ne lui pardonnera pas cette « traîtrise » qui lui a fait perdre l’élection de 1981 face à François Mitterrand. Le président socialiste nommera Jacques Chirac Premier ministre, en 1986, après des législatives désastreuses pour la gauche.

Un caméléon
C’est également durant cette période que Jacques Chirac a été élu maire de Paris, en 1977. Il y restera jusqu’à son accession à la tête de l’État en 1995, après avoir mené une campagne sur le thème de la « fracture sociale ». Un programme qui tranche avec le Chirac des années 80. Alors Premier ministre, il applique à coups de privatisations les thèses libérales de Thatcher et Reagan.

Le maire de Paris Jacques Chirac travaille à son bureau de l'Hôtel de Ville, le 29 octobre 1982 à Paris.
Cette ambivalence – jeune, il vendait L’Humanité dans la rue – lui vaut d’être comparé à un caméléon. Le même homme peut, parfois, « rendre hommage aux 33 heures hebdomadaires », et, quelques années plus tard, trouver que « la démocratie est un luxe pour les Africains ».

Jacques Chirac est aussi un homme d’humour, toujours prêt à raconter des anecdotes et sortir des expressions baptisées « chiraquiennes ». On se souvient particulièrement de : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille » ou encore « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. »

Revirements
Lors de ses deux mandats de président de la République, les Français voient un Chirac ferme face à la guerre en Irak, mais cédant devant les énormes manifestations de lycéens opposés au contrat première embauche (CPE). Peu après sa première élection à l’Élysée, il dissout l’Assemblée nationale, au printemps 1997… qui lui vaudra une période de cohabitation. Il est alors contraint d’appeler comme Premier ministre le socialiste Lionel Jospin, qui fera voter les 35 heures.


Sur l’Europe, Jacques Chirac se distingue par ses revirements. Lorsqu’il quitte le gouvernement, en 1976, il se sert de la montée du sentiment anti-européen pour se démarquer. En 1978, il accuse même l’Europe de provoquer « marasme et chômage ».

Quatorze ans après, il est critiqué par son propre camp lorsqu’il apporte son soutien à François Mitterrand au moment du vote sur le traité de Maastricht. Son mandat vacille en 2005, quand une majorité de Français rejette la Constitution européenne, qu’il a appelé à approuver.

En mars 2007, il annonce à la télévision qu’il ne sollicitera pas un troisième mandat et apporte son soutien au candidat choisi par l’UMP, Nicolas Sarkozy.


« Une vie après la politique »
Après avoir quitté le palais de l’Élysée, Jacques Chirac se retire de la scène politique. Le lutteur aguerri, l’as de la politique, devient rapidement un homme diminué par l’âge et la maladie. Jacques Chirac, qui avait subi un accident vasculaire cérébral en 2005, est hospitalisé à plusieurs reprises, notamment pendant une quinzaine de jours en décembre 2015 pour affaiblissement.

« Qu’allez-vous faire après quarante ans de vie politique ? », lui demande Michel Drucker, un dimanche de février 2007. Jacques Chirac donne cette réponse, un brin énigmatique. « Il y a une vie après la politique, jusqu’à la mort. » En 2013, il lance sa propre fondation. Animée par Michel Camdessus, ancien patron du FMI, elle se propose d’œuvrer pour la paix, le développement durable et le dialogue des cultures.

La dernière alerte de santé de l’ex-président remonte à septembre 2016. Il est hospitalisé en urgence à l’hôpital de la Salpêtrière pour une infection pulmonaire, avant de rentrer chez lui quelques semaines plus tard.

Toujours populaire
S’il ne faisait plus guère d’apparitions publiques, Jacques Chirac demeurait très populaire. Sa personnalité, sa bonne nature le rapprochent des Français. Il conservait l’image du président « le plus sympathique », loin devant François Mitterrand et Charles de Gaule, selon un sondage d’avril 2015. Un capital sympathie qui tenait à la personnalité même de l’ancien président. « On gagne toujours quand on parie sur l’homme », disait-il.

En octobre 2017, Christian Deydier, un proche de l’ex-président affirmait que, même affaibli, Jacques Chirac n’avait rien perdu ni sa malice, ni de son humour : « Il peut très bien simuler un gâteux pour se débarrasser des casse-pieds qui veulent lui rappeler le bon vieux temps », assurait-il.

Plus récemment, le 18 mars dernier, Jean-Louis Debré avait donné brièvement de ses nouvelles à Ouest-France, à l’occasion de la diffusion de son documentaire « Mon Chirac » sur LCP. Elles étaient moins rassurantes. « Un mur s’est progressivement édifié entre lui et le monde extérieur à cause de la maladie », déclarait son ami, ancien ministre de l’Intérieur entre 1995 et 1997. Il assurait néanmoins continuer d’aller lui rendre visite : « Je lui prends la main, on peut parler ».
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