Située en Commune II du district de Bamako, sur la rue « Amical Cabral« communément appelée la rue « Princesse« , l’École pour déficients auditifs vit ses préparatifs pour la rentrée scolaire tout autrement. Notre équipe s’y est rendue la semaine dernière.
Une école pas comme les autres, modeste et calme. Elle est située à l’Est du champ hippique de Bamako en face de l’INRSP entre le lycée « Bilaly Sissoko » et un petit restaurant. Bâtie en jaune, à l’entrée, on y remarque une grande porte battante. Sur le mur on voit des langages de signes desquels sont notées les lettres de l’alphabet français.
C’était le petit matin, un groupe de jeunes, filles et garçons, assied à gauche sur un petit mur. Sans aucun bruit, on n’entend aucune voix ni de parole seulement des signes de mains, le haussement de la tête et les épaules.
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Juste devant la porte, on aperçoit un bus sur lequel est mentionné « Don de Mme Keita Aminata Maïga ». Une équipe de mécaniciens était là pour la réparation.
Un homme habillé en boubou cousu, accueille. Il nous indique le bureau du directeur. Dans une autre cour menant chez le directeur, un terrain de basket s’étale devant. Des classes, une dizaine se répartissent en deux. A peine arrivé devant le bureau, un homme, la quarantaine, taille moyenne, teint noir portant des lunettes est au téléphone. Il se nomme Makan Koné, directeur du préscolaire. Il nous reçoit dans son petit bureau.
Makan Koné explique que l’école pour déficients auditifs comprend trois sections, une préscolaire, un premier cycle dirigé par Mme Traoré Namata Berthé et un second cycle, placé sous la direction de Sangaré Aboubacar. Il poursuit : « l’inscription se fait au niveau du Comité de gestion scolaire. Nous recevons des enfants de 3 à 6 ans au niveau préscolaire. Avant l’inscription, l’enfant est soumis à un dépistage précoce qui permettra à l’orthophoniste de situer le degré de surdité de l’enfant. Après il établit un bilan entre les catégories légères, moyennes et approfondies qui constituera une fiche médicale qui suivra l’enfant pendant tout son cursus ». Il ajoute : « sans informer l’intéressé pour ne pas créer une certaine discrimination entre les enfants », a-t-il ajouté.
A en croire le directeur, après le préscolaire, comme le jardin ordinaire, les enfants sont inscrits à l’école. Au cours de leur formation, ils sont initiés aux alphabets transcrits en signe de main et plusieurs autres signes préliminaires. Makan Koné souligne qu’en plus des signes de mains pour transcrire l’écriture, tous les enfants ont un attribut en signe pour permettre leur identification facile. Ensuite, il montre dès sa main comment dire « Père » qui constitue à poser le pouce sur le front ou sur le menton pour dire mère. Il fait savoir qu’il existe la langue de signes américains, français et bamanan. « Chez nous ici, on enseigne tous les trois signes », affirme notre interlocuteur.
Entre temps, le directeur du second cycle Aboubacar Sangaré arrive. Il signale les grandes difficultés que rencontre l’école. « Le problème qui nous fatigue vraiment, c’est la difficulté de communication entre les enseignants et les élèves ». A ses dires, les enseignants quittent les instituts de formation des maîtres (IFM) et sont directement affectés chez eux sans aucune formation en langues de signe. Cela pose un réel problème, dit-il, demandant à ce qu’une spécificité soit créée dans les (IFM) pour former les futurs encadreurs des sourds-muets aux langues de signes pendant leurs formations.
M. Sangaré explique que les élèves sourds-muets étudient suivant le même programme que les élèves normaux. Ils lisent en silence et savent écrire comme les autres. Après le DEF (Diplôme d’études fondamentales), ils vont dans les écoles professionnelles et font des formations comme l’agriculture, la maçonnerie, la menuiserie, etc.
En pleine discussion avec les deux responsables, un apprenant s’approche. Il salue en langue des signes. Il se nomme Nouhou Keita. Il écrit son nom avec les alphabets de signes de main, avec une rapidité incroyable. Il est dit-il, le président de l’association malienne des sports des sourds (Amasda).
Après son Def, il a bénéficié d’une formation en France et aujourd’hui, il enseigne en préscolaire. Keita révélé quelques difficultés comme le manque de moyens pour certains parents pour le transport de leurs enfants à l’école, l’absence d’interprète en langue des sourds lors de la diffusion de l’information à la télé, etc. « Plusieurs informations échappent aux sourds », regrette-t-il. C’est pourquoi, il demande au gouvernement de trouver des solutions à ces problèmes.
Nouhou Keita, à travers les signes, explique que les sourds aiment bien le sport et y battent des records. Il est lui-même athlète et a remporté plusieurs prix. Ce qui a permis à l’école d’avoir un bus offert par la Première dame, Keita Aminata Maïga. Mme Traoré Namata Berthé, chargée du primaire, indique que les inscriptions se font tous les jours.