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Sans Tabou: Boubou Cissé, agenda caché ou dévoilé ?
Publié le lundi 30 septembre 2019  |  Info Matin
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© Autre presse par LUDOVIC MARIN
Visite du Premier ministre malien Boubou Cissé
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À travers un tract distillé sur les réseaux sociaux, le Cabinet du Premier ministre tente maladroitement de convaincre les Maliens sur la noblesse et la générosité des intentions, ambitions et agenda politiques de Boubou CISSE. Le démenti qui n’a pas été posté sur les réseaux officiels ressemble à une flagornerie affligeante qui croit pouvoir donner l’estocade aux « nyengo » et rabattre le caquet à tous les « hassidi » qui en veulent à notre formidable Premier ministre.

Pour que nul n’en ignore, les thuriféraires du Cabinet avertissent donc « que le Premier ministre est serein et reste concentré sur les missions à lui confiées par le Président de la République, Chef de l’État. Il ne saurait par conséquent se laisser distraire par des tentatives de mauvaise foi, heureusement vouées à l’échec ».
Pour une sérénité brandie en épouvantail, le locataire de la Primature doit être assez préoccupé pour que son cabinet se voie dans l’obligation de monter au créneau pour tenter de divertir les Maliens sur une prétendue tentative de déstabilisation du Premier ministre.

L’allusion à «de personnes mal intentionnées tapies dans l’ombre, vise en réalité à saper les efforts du Gouvernement, en tentant d’attiser le ressentiment des populations déjà éprouvées par la crise multiforme qu’elles connaissent depuis des années » ne peut faire illusion de complot par le biais d’une polémique petitement conduite. Comme au bon vieux temps des partis uniques, on ressort les vieux cantiques et la vieille rhétorique des «personnes mal intentionnées tapies dans l’ombre » ! Les faits étant sacrés, le commentaire libre.

Le Premier ministre a effectué une visite de travail en France du 9 au 12 septembre 2019 au cours de laquelle il a logiquement rencontré le Président de la République française, Emmanuel MACRON et plusieurs autres autorités françaises.
Suite à cette visite, l’hebdomadaire Jeune Afrique dans sa rubrique ‘’Confidentiel, Diplomatie et réseaux’’ (parution N°3062 du 15 au 21 septembre 2019) donne l’information suivante : ‘’Le 10, le Premier ministre malien a été reçu par Emmanuel Macron qui souhaitait lui manifester son soutien. ‘‘Il en a besoin’’ glisse une source à l’Élysée, faisant allusion à la difficulté de la mise en place du dialogue politique inclusif au Mali.
Boubou Cissé a indiqué que le référendum portant sur la révision de la Constitution serait organisé d’ici la fin de l’année et que les législatives, prévues en octobre 2018, mais plusieurs fois reportées depuis, se tiendraient en 2020’’.
Comme une traînée de poudre, l’info fait le tour des rédactions et des états-majors politiques. Elle est tout naturellement commentée, et bien évidemment de manière très pimentée par des «personnes mal intentionnées tapies dans l’ombre ». Des messagers à qui on veut de rendre gorge pour avoir transmis le message ? Un message à deux volets : le soutien de Macron à Boubou et la date des élections.

En conseillers avertis de la fragilité de la situation politique, le cabinet aurait dû se taire et se contenter de la réponse donnée par le Premier ministre dans son discours de clôture à l’atelier de validation des termes de référence du dialogue national inclusif : « je souhaite qu’au sortir du Dialogue, vous ayez obtenu un consensus sur un nouveau chronogramme électoral. Ceci est très important pour renouveler le mandat des institutions comme l’Assemblée Nationale ».
Au lieu d’un droit de réponse en bonne et due forme à Jeune Afrique, le Cabinet du Premier verse en vaines conjectures. Contrairement à Soumi qui a usé de son droit de réponse dans l’affaire de ‘’moi ou le chaos’’, le Cabinet primatorial très empressé, mais manquant cruellement de courage, s’en prend à des ‘’personnes mal intentionnées tapies dans l’ombre’’… Et de quelle manière ?
Un Tract polémique et mal inspiré en guise de droit de réponse que le Cabinet a peur d’assumer envers l’Hebdomadaire Jeune Afrique. Pire, un tract qui au lieu de démentir soulève plein de questions : ‘’aucun moment, avec aucune des personnalités citées, il n’a été question de fixer les dates du référendum ou des législatives à venir. Encore moins d’en fixer le contenu et la conduite’’. Le Cabinet affirme solennellement qu’aucun agenda n’a été imposé au Premier ministre par qui que ce soit et que le Premier ministre lui-même n’a aucun agenda caché.

Que le Premier ministre n’ait aucun agenda caché, aucune ambition pour 2023, nul ne saurait lui faire un procès en sorcellerie ; en tant que citoyen jouissant de ses droits, il en a le droit, et surtout l’opportunité. Le Cabinet ferait mieux dans ce cas de s’occuper des Clubs et meetings de soutien qui ne font aucune illusion pour les politiques et les citoyens avertis. Le temps est le meilleur juge. Parce qu’ailleurs comme en politique, suivant l’éternelle formule du philosophe grec Anaxagore : ‘’rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau’’… En d’autres termes ‘’rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme’’.

D’autre part, ‘’qu’aucun agenda n’a été imposé au Premier ministre par qui que ce soit’’, donne le sourire à tous ceux qui ne se font aucune illusion sur la situation de notre Mali qui n’a plus les moyens de son orgueil et de sa fierté. Parce que si cela voulait dire que la France, que le Président de France ne peut en imposer au Premier ministre du Mali, le Cabinet du Premier ministre aura raté un incontournable cours des relations franco-maliennes. Au cas où le Cabinet feindrait d’en ignorer, il faudrait seulement rappeler le diktat du prédécesseur de Emmanuel Macron au sujet d’un autre calendrier électoral. Au sujet de la présidentielle de juillet 2013, le Président de France, invité sur France2, le 28 mars 2013, disait: «le temps où la France désignait des chefs d’État en Afrique est révolu… (Mais a-t-il poursuivi) Nous voulons qu’il y ait des élections au Mali à la fin du mois de juillet. Et ça, nous serons intraitables là-dessus. Deuxièmement, il faut qu’il y ait ce dialogue avec toutes les composantes de la société malienne ».
L’élection présidentielle a bel et bien eu lieu… et après tant « d’intransigeance » le dialogue décrété est en train de prendre corps.
Le Premier ministre Boubou CISSE ferait bien de se méfier de ces conseilleurs d’un autre temps, totalement déconnectés des réalités et qui lamentablement croient faire prendre aux Maliens des vessies pour des lanternes. Le poète le dit ‘’pour vivre heureux vivons caché’’.
PAR BERTIN DAKOUO
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