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Carte Nina : un sésame précieux, mais inaccessible
Publié le mardi 1 octobre 2019  |  Azalaï-Express
Election
© aBamako.com par AS
Election présidentielle 2013:journée citoyenne de retrait des cartes nina
Vendredi 26 juillet 2013. Bamako. Les Maliens participent au retrait des cartes NINA
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Après l’élection présidentielle, l’accès à la carte Nina devient un véritable casse-tête qui préoccupe bon nombre de Maliens. A ce jour, aucun centre de retrait n’en distribue depuis très longtemps.

La carte Nina est désormais recommandée pour l’établissement de tous les documents administratifs importants au Mali (passeports, inscriptions scolaires, etc.). Aujourd’hui, la carte Nina apparaît comme de l’or aux yeux des demandeurs, notamment les étudiants désireux de s’inscrire dans les universités. Depuis quelques années, les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur déplorent vivement les difficultés liées à l’accès à la carte Nina imposée par les autorités.

A la Mairie de Korofina, un agent du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec), Kassogué Diarra, confirme que depuis le mois d’avril, toutes les cartes Nina ont été retirées des centres de retrait et des mairies et transférées ou soit saisies par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. « Aucune carte n’a été délivrée depuis plus de 6 mois », dixit Kassogué Diarra. Alors qu’en 2018, pour augmenter le taux de participation à l’élection présidentielle, le gouvernement avait engagé des procédures de recensement et de retrait de cartes sur toute l’étendue du territoire.

Pourquoi le gouvernement a-t-il saisi les cartes Nina qui préoccupent tant de Maliens ? Et quelles solutions, propose-t-il pour les Maliens, sachant que la carte Nina est d’une importance capitale, et d’un accès très difficile ? Pour ne rien arranger à cette situation, cette année l’État malien a exigé la carte Nina dans les dossiers d’inscription des élèves admis au bac. Et c’est à cause de l’indisponibilité de cette carte que les agents ne délivrent que des fiches individuelles pour représenter la carte Nina.

Dans la foule massée devant le centre d’enrôlement à Korofina, Samba Maïga, un jeune bachelier, est à la recherche d’une fiche individuelle pour son inscription à l’université. Il se plaint : « J’avoue que c’est la croix et la barrière. Pour un simple numéro Ravec, il faut passer tout ce temps et toute cette assiduité. C’est vraiment déplorable. C’est un véritable casse tête. » Pour lui, les autorités doivent prendre des dispositions pour plus de fluidité dans l’accès à ce document si important.

La majorité des Maliens sont encore dans le besoin de la carte ou même se faire enrôler. Ceux-là accusent les autorités de les priver de leur droit civil. Ce mécontentement est dû en grande partie à la lenteur sinon à l’indisponibilité des agents en charge du Ravec. Un autre jeune, Souleymane, assis sur un banc, la tête baissée, raconte : « Nous sommes fatigués. Nous avons cherché par tous les moyens. Cela fait cinq mois que je suis à la recherche de ma carte. »



Dans la foule, des Maliens vivant à l’extérieur se plaignent. Bala Keïta, Malien vivant en France, désespéré et dégoûté, s’indigne : « À l’extérieur, nous avons honte d’être Malien à cause du problème de la carte Nina. Le consulat du Mali en France est fermé depuis un moment par la faute des Maliens effrénés pour la carte Nina. Je suis obligé de revenir au Mali. Depuis des années, j’ai usé corps et âme, mais je ne suis toujours pas satisfait. Alors que j’ai fait mon premier recensement depuis 2009, avant d’aller en France. »

Oumar Maïga, un autre demandeur, n’en démord pas : « J’ai fait mon recensement en 2015, et trois années passées en aller-retour pour ma carte Nina. A ce jour, je n’ai pas pu avoir ma carte. Je me suis fait enregistrer encore en 2018, mais jusqu’à ce jour, je n’ai pas reçu ma carte. »

À la marie de Korofina, le seul centre d’enrôlement opérationnel à Bamako, le chargé d’enrôlement, Siramagan Diawara, confie : « Tout Bamako vient ici. Chaque jour, je travaille de 6 h du matin à 23 heures. Je peux recevoir entre 150 et 200 personnes chaque jour. »

Il se plaint de l’insuffisance des centres d’accueil et surtout l’irrégularité des agents dans les centres d’enrôlement à Korofina. « Pour tout Bamako, il n’y a qu’un seul centre qui reçoit les chercheurs de Carte Nina, celui de Korofina. C’est bizarre que des chefs de famille qui vivent de la sueur de leur front soient ici depuis des mois. Les agents nous donnent des faux rendez-vous. »

Contrairement aux autres, l’agent chargé de l’enrôlement à la mairie de Korofina pense que ce problème de la carte Nina est issu de l’incivisme du Malien. Il estime que beaucoup de Maliens ont négligé le recensement Ravec lancé depuis 2009 sur toute l’étendue du territoire. « J’en veux à ces gens. Les agents du Ravec se promenaient de porte en porte. Alors, ceux qui avaient négligé sont aujourd’hui dans le regret et le besoin s’impose », a martelé Kassogué Diarra.

Néanmoins, Kassogué Diarra appelle les Maliens à se nourrir de patience. « Les enfants ne doivent rater leurs études supérieures parce qu’ils n’ont pas été enrôlés.»

Du côté du ministère de l’Administration territoriale, c’est le silence radio. La responsable de la communication s’est barricadée derrière un courrier officiel qu’elle n’a jamais répondue.

Pour sûr, la carte Nina étant un droit pour tout citoyen malien, la population appelle des autorités à prendre des dispositions rapides et idoines pour plus de fluidité dans l’accessibilité de la carte Nina.

Jiadata MAIGA
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