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Kidal: la coordination des mouvements armés de l’Azawad aux abois
Publié le mercredi 2 octobre 2019  |  Le Procès Verbal
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako
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Le divorce semble définitivement consommé entre le président du Niger, Issoufou Mahamadou, et les dirigeants de la ville de Kidal: la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Issoufou, aux yeux de la CMA, à tout du diable depuis qu’il a osé se lancer dans une croisade contre Kidal et les maîtres de cette ville rebelle a l’autorité de l’État malien.

La croise du président Nigérien

Le 24 août 2019, dans une interview accordée à « Jeune Afrique », Issouffou déclare que le statut actuel de Kidal est une menace pour le Niger car la ville est devenue un « sanctuaire terroriste ». Il appelle l’Etat malien à impérativement reprendre ses droits sur Kidal pour que la sécurité revienne au Sahel. Samedi 7 septembre 2019, au cours de sa visite d’amitié et de travail au Mali, Issoufou persiste et signe: il affirme que Kidal, aux mains des rebelles de la CMA, est une menace pour le Niger et que des actes terroristes y sont préparés avec la complicité de certains signataires de l’Accord de paix d’Alger logés à Kidal.

Ulcérés par cette charge inattendue, les chefs de la CMA répliquent vertement en demandant à Issoufou de s’occuper de son pays au lieu de s’en prendre à Kidal. Et cela ne leur suffit pas. Jeudi 26 septembre 2019, avec leur bénédiction, une grande manifestation contre le président du Niger est organisée à Kidal. Une centaine de manifestants ont pris d’assaut la place de l’Indépendance de Kidal, en scandant des slogans hostiles au Niger et à son président. On lit sur les pancartes : «Issoufou le va-t-en-guerre », «Issoufou, l’Hitler du 21ème siècle», « Nous ne voulons plus du Niger dans le Comité de suivi de l’accord ».

Au même moment, des responsables de la CMA attaquent le Niger et son président sur les réseaux sociaux ainsi que sur les médias internationaux. Ainsi dans une interview accordée à nos confrères de « Jeune Afrique », Mossa Ag Attaher, porte-parole de la CMA, lance: « Nous assistons depuis un certain temps à une campagne de désinformation de la part d’un certain nombre d’acteurs de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Nous pensons que le statut de Kidal n’a rien à voir avec les retards pris dans la mise en œuvre de l’accord ni avec le terrorisme au Sahel ».

À la suite de Mossa Ag Attaher, Almou Ag Mohamed, chargé de communication du HCUA (une composante de la CMA) tance le président du Niger. Dans une série de Tweets, il écrit: «L’acharnement du Président nigérien Mahamadou Issoufou contre Kidal est une tentative maladroite de dédouaner son propre gouvernement de ses accointances avérées avec les mouvements terroristes ». Il dit s’interroger sérieusement sur le tempo et le timing des « réquisitoires tapageurs » menés par le président du Niger depuis Niamey, Bamako, New York et Ouagadougou.

La CMA acculée

Visiblement motivé par les sorties médiatiques de son homologue, le président Ibrahim Boubacar Keita, dans son adresse à la nation à l’occasion du 22 septembre 2019, ose dire, pour la toute première fois, son adhésion a une possible relecture de l’Accord pour la paix: « Je tiens à réaffirmer l’attachement du gouvernement malien à cet Accord, quitte à en discuter certaines dispositions. L’essentiel étant d’en conserver l’esprit ». Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, IBK invoque des « raisons d’État impératives » pour faire annuler la tenue, à Kidal, de la 38ème session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix. Il semble que le président malien ait été contraint à cette décision par ses pairs de la CEDEAO qui, la veille, avaient tenu un sommet extraordinaire sur la question de Kidal. Pour ne rien arranger, le Niger, chef de file de la croisade anti-CMA, se retire du Comité de suivi de l’Accord.

En réaction à ces évolutions qui menacent au plus haut point ses intérêts, la CMA annonce elle aussi son retrait du Comité de suivi, mais aussi la suspension de sa participation au Dialogue national inclusif, un chantier cher au gouvernement. Moussa Ag Attaher, porte-parole de la CMA, accuse le président IBK de vouloir « revoir certaines dispositions de l’Accord » et d’ouvrir la porte aux ennemis de ce document.

Certes, les représailles de la CMA sont très dures à supporter par le Mali, mais au total, la situation politique et diplomatique de ce conglomérat rebelle se dégrade de jour en jour. Des sources proches de la CEDEAO laissent même entendre que le Niger et le Nigéria projettent à bref délai d’envahir la ville de Kidal, de la reprendre à la CMA et s’y installer une présence militaire suffisante pour qu’elle cesse de servir de base de départ et de repli aux groupes terroristes du Sahel.

En tout cas, les observateurs les plus avertis estiment qu’aujourd’hui, la CMA se trouve aux abois. Certains vont jusqu’à affirmer qu’elle est lâchée par la France, son principal parrain, car ni le Niger, ni la CEADEAO ne songeraient à vilipender la CMA et à remettre la question de Kidal sur le tapis sans l’aval de Paris. « IBK lui-même ne se risquerait jamais à envisager publiquement une révision de l’Accord de paix sans s’être assuré du consentement de la France », analyse un expert.

Abdoulaye Guindo et Tiekorobani
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