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Campagne électorale au Mali : Le Nord s’ennuie, le Sud s’emballe
Publié le mardi 23 juillet 2013  |  l'observateur




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Pour une fois, regardons vers le Sud. Oublions temporairement ce drôle de scrutin qui se profile à l’horizon au Nord, précisément à Kidal, avec ces enlèvements et libérations d’agents de bureau de vote, ces visites à la sauvette de candidats téméraires qui, aussitôt après avoir salué respectueusement le patriarche des Ifoghas, ce clan aristocratique touareg qui exerce depuis plusieurs générations un rôle politique prédominant dans la région, reprennent la route pour Bamako sans organiser de meeting. Avouons tout de même que si les candidats Dramane Dembélé, Modibo Sidibé et Ibrahim Boubacar Kéïta perdaient à cette élection, ils pourront tout au moins se targuer d’avoir eu le courage de visiter Kidal sans aucune égratignure. Mais quittons les ennuyeuses dunes du Nord pour nous plonger dans la partie méridionale, où la fièvre électorale bat son plein.

Pour faire dans le jargon de la presse, parlons plutôt des trains qui arrivent à l’heure, avec cette ferveur préélectorale dans le Sud-Mali. Vont se bousculer à l’étroit portillon du palais de Koulouba, 27 candidats dont les plus représentatifs semblent être le trio Ibrahim Boubacar Kéita, Dramane Dembelé et Modibo Sidibé. Le premier, Ibrahim Boubacar Keïta, diplomate, a été Premier ministre, président de l'Assemblée nationale, président du Rassemblement pour le Mali (RPM) et a été investi le 14 janvier 2012. Candidat lors des deux précédentes élections présidentielles de 2002 et 2007, il bénéficie du soutien de quinze partis politiques qui ont signé, le 12 janvier 2012, un protocole d’accord en vue de constituer un pôle républicain et démocratique fort et stable. Quant à Soumaïla Cissé, ingénieur informaticien de formation, il est ancien ministre, ex-président de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cet originaire du Nord a été investi le 18 septembre 2011 par l'Union pour la république et la démocratie, et est soutenu par plusieurs partis et clubs politiques. Il a été le premier à déposer son dossier de candidature auprès de la Cour constitutionnelle. Dramane Dembelé, lui, a créé la surprise au sein du principal parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), à la mi-avril 2012, lorsqu’il a été investi candidat. Ingénieur des mines, il boit, semble-t-il, le thé aves le président intérimaire, Dioncounda Traoré.

Chacun y va de sa stratégie de marketing adaptée à la sauce politique pour faire pencher les cœurs pour son bulletin. La prestance, l’éloquence, la qualité des basins et les griots font le reste. Et la mobilisation est au rendez-vous à l'occasion des jamborees politiques. Certains font même stade comble ; la preuve que les Maliens tiennent vraiment à tourner au plus vite la page sombre de leur histoire. S’il y en qui se targuent de leur parcours académique, d’autres n’hésitent pas à énumérer les fonctions occupées. Il s’en trouve même qui tentent le grand écart, à l’image du candidat Cheick Boucadry Traoré, fils de l’ancien président du Mali, Moussa Traoré, qui s’est prévalu de l’intelligence de son fils aîné, parce que titulaire d’un doctorat en droit d’une université américaine.

Bref, dans cette belle ambiance au dernier tournant d’une campagne électorale avec pour bouquet final le vote le 28 juillet 2013, tous les coups sont permis, même ceux en bas de la ceinture, avec le sinanguya (parenté à plaisanterie) comme sédatif. Néanmoins, celui que l’on suit moins reste à notre sens Soumaïla Cissé, qui prévoit déjà et formellement une fraude électorale massive. On se demande bien sur quoi il fonde cette conviction. Mais admettons qu’il remporte cette présidentielle ; quelle pourrait bien être sa conclusion sur la transparence de ce scrutin ? Et que dire du Conseil islamique malien, qui a ouvertement accordé sa bénédiction à un candidat, en l’occurrence Ibrahim Boubacar Kéita ? En attendant, malgré les couacs et le symbolisme attaché à la région de Kidal, les habitants de la patrie de Soundjata Kéita tiennent à ce que l’élection se fasse coûte que coûte, vaille que vaille. Bien des acteurs engagés dans cette course se consolent certainement en évoquant le poids électoral plume de cette zone (autour de 60 000 votants), estimant que Kidal ne sera pas le trouble-fête, puisque loin de pouvoir jouer au swing state, Etat clé chez l’Oncle Sam, qui peut faire basculer un scrutin.

Issa K. Barry

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