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Défense et sécurité: réévaluation et réadaptation
Publié le jeudi 3 octobre 2019  |  Info Matin
Fête
© aBamako.com par A S
Fête de l`armée malienne à Kati
L`armée malienne a commémoré le 20 Janvier 2019, son 20è anniversaire, la cérémonie était présidée par le chef suprême des armées, Ibrahim Boubacar keita à Kati.
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Une Loi d’orientation et de programmation militaire (2015-2019) coûtant 1 230 milliards de francs CFA ; une Loi de programmation de la sécurité (2017-2022) de 446 milliards, soit un total de 1 676 milliards FCFA. Résultat : 237 attaques recensées en 2018, soit 11 de plus qu’en 2017 ; plus de 500 morts civils, en 2018, dans les violences intercommunautaires, selon l’ONU ; 37 civils tués à Koulougon le 1er janvier 2019 ; au moins 35 personnes ‘’brûlées ou asphyxiées’’ ou ‘’tuées par balles’’ le 9 juin 2019 dans le village de Sobane Da 154 civils massacrés, le samedi 23 mars 2019 à Ogossagou… Le bilan des victimes militaires, même s’il est loin d’être négligeable, ne mérite pas qu’on s’y attarde. Parce qu’à ce niveau, la communication est parcimonieuse ; les chiffres sont minorés comme le feraient la plupart de nos grandes muettes. Il faut une réévaluation et une réadaptation du dispositif de lutte anti-terroriste.

À la préoccupation de l’insécurité généralisée et protéiforme de l’insécurité se greffe à présent celle de l’Armée elle-même. Incapable de se protéger des embuscades, des engins explosifs improvisés (EEI), des attaques complexes ; elle est aussi proprement délogée de ses bunkers. Aujourd’hui, l’Armée elle-même est la cible des attaques. Ce qui est forcément source d’anxiété et de désarroi pour les Maliens. Ce, d’autant plus qu’il devient difficile de s’abriter cette fois-ci derrière la rhétorique habituelle. Difficile de s’abriter cette fois-ci derrière la rhétorique habituelle. À Soumpi, à Dioura, à Boulikessi, l’ennemi n’était pas lâche et l’attaque n’était pas non plus traîtresse, parce que ce ne sont pas des engins explosifs improvisés (EEI) qui ont été utilisés pour faucher les soldats ; il ne s’agit pas non d’embuscades. Mais, il s’agit d’une violente attaque frontale d’un camp (non une guinguette) occupé par des soldats qui ne sont pas en goguette et qui devraient en avoir la pleine conscience. La très forte vulnérabilité des FAMa est établie par des faits irrécusables et surtout abasourdissants.
Les retraites inacceptables
Le samedi 27 janvier 2018, le camp de l’armée de Soumpi, près de Niafunké, dans la région de Tombouctou, a été attaqué par de présumés jihadistes ‘’Les (Forces armées maliennes) FAMa ont été attaquées tôt ce matin aux environs de 4H00 à Soumpi (Tombouctou). Les FAMa déplorent 14 morts, 18 blessés et des dégâts matériels’’, indique l’armée malienne sur sa page Facebook.
À Dioura, le 17 mars 2019 : ‘’très tôt ce matin aux environs de 05H, une quarantaine d’hommes lourdement armés ont lancé l’assaut sur le camp militaire de Dioura, faisant une quinzaine de morts. Ces individus armés non identifiés étaient à bord des pick-up équipés des 14.5, des 12.7 et des lance-roquettes.
Les FAMa ont essayé de riposter, mais surpris par la puissance de feu des terroristes, les soldats se sont retirés en rang dispersé abandonnant le camp aux mains des terroristes’’. Selon l’AFP, au moins 21 militaires ont trouvé la mort. À en croire un communiqué de l’Armée, le camp attaqué aux environs de 6 h, n’est repassé sous le contrôle des FAMa qu’aux environs de 16 heures. Donc, elles en ont été délogées pendant au moins 10 heures.
Pour les derniers événements retentissants en date, dans deux communiqués distincts, le ministre porte-parole du Gouvernement informe : ‘’dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 Septembre 2019, le Camp des FAMa (Forces Armées Maliennes) de Boulkessi et le poste militaire de Mondoro dans la région de Mopti, ont fait l’objet d’une violente attaque djihadiste’’. ‘’Le Gouvernement de la République du Mali informe qu’après un déploiement des Forces Spéciales maliennes, depuis hier lundi, dans la zone des combats (Boulkessi et Mondoro), les FAMa, malgré les tirs d’harcèlement des terroristes, ont pu réoccuper le camp de Boulkessi, ce mardi soir’’.
À la lecture de ces deux éléments des communiqués, il ressort que les FAMa ont été délogés du camp de Boulikessi toute la journée du lundi et presque toute la journée du mardi. Pis, la tentative de réoccupation du camp s’est heurtée à des tirs de harcèlement des terroristes à qui l’Armée manifestement n’inspire aucune peur.
Le regain d’audace des terroristes
Ainsi, les terroristes ne se contentent pas d’un mode opératoire reposant sur la guerre asymétrique, mais ils préparent et exécutent des ‘’attaques violentes’’ au cours desquelles nos soldats sont délogés de leurs camps. Sauf méprise, il n’y a pas eu, depuis 2012, de contrôle aussi prolongé d’un camp de l’armée par des assaillants que ce qui s’est produit à Boulikessi. Les ‘’replis tactiques’’ ou ‘’replis stratégiques’’ que l’on croyait d’une époque révolue semblent faire leur réapparition. Il y a un seuil critique qui est forcément atteint face auquel s’impose une rapide reprise en main de la situation. Parce que les attaques à répétition soulèvent des questionnements, notamment quant au contraste entre les moyens mobilisés et les résultats enregistrés (les terroristes ne sont pas vaincus, au contraire, les mines antipersonnelles continuent d’endeuiller les familles ; la paix est loin d’être restaurée ; la stabilité loin d’être garantie et la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation n’atteint toujours pas le niveau de satisfaction escompté ; l’administration et les services sociaux de base font cruellement défaut aux populations…) qui commande une réévaluation et une réadaptation du dispositif de lutte anti-terroriste sur le terrain.
Aucune témérité suicidaire ne devrait venir à bout de la détermination de nos FAMa à accomplir leur mission de défense de l’intégrité du territoire national et de protection des personnes et des biens. Mais, il faut que les FAMa arrivent à se sécuriser pour sécuriser les Maliens.
Vive les FAMa pour que vive le Mali débarrassé des marchands de la mort !

PAR BERTIN DAKOUO
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