Dans deux communiqués, le Gouvernement donne le temps durant lequel l’Armée a été délogée de son camp à Boulkessy : ‘’dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 Septembre 2019, le Camp des FAMa (Forces Armées Maliennes) de Boulkessi et le poste militaire de Mondoro dans la région de Mopti, ont fait l’objet d’une violente attaque djihadiste’’ ;‘’les FAMa, malgré les tirs d’harcèlement des terroristes, ont pu réoccuper le camp de Boulkessi, ce mardi soir’’.
Il aura fallu une opération conjointe d’envergure des FAMa et des Forces Armées burkinabé appuyée par Barkhane qui aura pris 48 HEURES. Pour la première fois, depuis 2012, une compagnie de l’Armée malienne, fut-elle sous le commandement du G5 Sahel, perdait totalement le contrôle d’un de ses camps et sans moyen aucun de le récupérer dans l’immédiat.
Selon un confrère français, Boulkessy et Mondoro tombent dans un premier temps, avant d’être repris au bout de 48 heures grâce aux bombardements des Mirage 2000 et des hélicoptères de combat français du dispositif Barkhane qui décollent de Niamey. Encore une fois, le salut est venu du ciel, mais pas de nos Pumas (‘’cloués au sol faute de maintenance appropriée’’).
Même le transport des blessés à Sévaré par aéronef dont parle gaillardement le ministre porte-parole du Gouvernement a été rendu possible grâce à la diligence de la MINUSMA qui a mis à la disposition du G5 Sahel des moyens aériens pour renforcer sa position à Boulikessi et évacuer les blessés (source : communiqué de la MINUSMA).
Mais où était alors la flotte aérienne nationale, à en croire certaines forfanteries est forte d’au moins 11 aéronefs (hélicoptères, avions de transport des troupes, avions de combat, en l’occurrence les célèbres Super Tucano) ? Aucun de nos appareils n’a été aperçu dans le ciel de Boulikessi, quand bien même Sévaré est plus proche où ils pourraient être stationnés en vue d’une intervention d’urgence.
Pendant que l’aviation française décollait du Niger pour mener des frappes à des centaines de kilomètres de sa base permettant une contre-offensive des troupes maliennes et burkinabé, des escrocs, à Bamako, retranchés derrière leur écran d’ordinateur, mènent la propagande : des bombardements sont en cours pour reprendre le camp, sans jamais préciser qui est derrière lesdits bombardements. Une manipulation abjecte tendant à faire croire une intervention de l’Armée de l’Air malienne qui a brillé par son absence, certainement faute de moyen.
Pourtant, l’on se gargarisait ici, l’on réceptionnait en fanfare des aéronefs qui se sont avérés être des épaves. À Boulikessi, les menteurs ont été rattrapés par la cruelle réalité. Sans l’aviation française, Boulikessi serait encore probablement sous le contrôle des jihadistes. C’est la triste réalité. Respect Barkhane.
L’hécatombe de Boulkessi pose une nouvelle fois, avec acuité, la question du vecteur aérien pour appuyer les troupes au sol. Cette hécatombe pose en plus un problème moral. La trentaine de soldats qui a trouvé la mort et la soixantaine d’autres dont on est sans nouvelle auraient pu connaître meilleur sort si elles avaient bénéficié d’une couverture aérienne appropriée, si elles disposaient de la puissance de feu à même de donner de la répartie. Ces soldats ont-ils été sacrifiés sur l’autel d’intérêts sordides ?
Pour le moment, l’heure est à se remettre de cette émotion, à compter nos morts et à les enterrer.
Mais après, il faudra situer les responsabilités et sévir avec la dernière rigueur, sans complaisance et sans démagogie. Quand on faute, on paie cash, qui qu’on soit. Parce qu’il faut qu’on se le dise : le Mali souffre autant de l’insécurité que de l’impunité des brebis galeuses. Vraiment, halte à de telles tragédies ; le sang de nos militaires a trop coulé.