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L’incertitude de l’alternance politique, véritable cause de l’instabilité politique en Afrique
Publié le vendredi 15 juin 2012   |  Option




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Presse 2012

En démocratie, un parti reste au pouvoir tant que les électeurs le désignent. Or l’expression d’une société démocratique est une société ouverte à la participation active de tous. Cela suppose qu’un parti politique ne reste pas tout le temps au pouvoir. Et comme la démocratie ne comporte aucune disposition pour éviter qu’un parti ne monopolise le pouvoir sur plusieurs mandats d’affilés, il est évident que le système tel qu’il est administré aux populations est inadapté et pose problème lorsque le monopole du pouvoir s’étend sur plus de deux mandats.

En ce qui concerne l’incertitude de l’alternance politique, on nous fera remarquer qu’ « on ne change pas une équipe qui gagne toujours » conformément à la loi de la majorité. Tout le monde sait que ce n’est pas parce qu’on gagne dans l’arène que les équipes qui sont sur la touche ne peuvent pas fournir les mêmes performances ou peut être faire mieux. En plus la chose publique est un bien commun dont la gestion échoit à tous ceux qui en ont la capacité et qui sont représentatifs. Dans ce type de compétition, pour être gagnant il faut se mesurer aux autres. Quand les autres sont sur la touche, ils sont hantés par l’alternance. Et Dieu seul sait si les gens dans l’opposition ne prient pas pour que ceux qui sont au pouvoir commettent des fautes graves qui les discréditeront vis à vis de l’électorat.

Notre système démocratique actuel est injuste et non équitable. Il dénature les hommes, en particulier ceux des partis politiques représentatifs, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition.
Il est injuste parce que la justice veut tous les ayants droit constitutionnels regroupés au sein d’un courant de pensée, sur une période définie, puisse nourrir l’espoir qui tend vers la certitude de jouir démocratiquement de leur droit dans l’exercice du pouvoir d’Etat. En d’autres termes, le système est dépourvu de mécanisme pouvant permettre de réduire l’incertitude démocratique d’arriver au pouvoir afin d’éviter de limiter les opposants exclusivement au devoir de vote et d’opposition sur un temps parfois long. Ce système ne cherche pas à tendre vers l’équité parce qu’il n’augmente pas démocratiquement les chances d’accession au pouvoir à tous les partis politiques représentatifs, et n’améliore pas non plus la probabilité que chaque organisation politique populaire aura son tour.
Le système dénature les hommes parce qu’a force d’exercer longtemps le pouvoir sans interruption, ils y prennent goût et ne veulent pas plus l’abandonner, même si ce n’était pas leurs intentions au départ. Lorsqu’ils ont assis leur pouvoir, nos patrons perdent toutes les notions élémentaires de la démocratie. L’expérience a montré qu’à partir de ce moment, les gouvernants donnent l’impression qu’ils sont nés exclusivement pour gouverner et les autres pour être des opposants à vie. C’est ainsi que les patrons finissent par se croire supérieurs, meilleurs, plus intelligents et plus dynamique que leurs adversaires politiques, comme si toutes les qualités et les compétences indispensables à la gestion d’un Etat leur sont innés et ne peuvent en aucune manière être incarnées par quiconque en dehors d’eux.
Lorsque les autres sont dans l’opposition, n’étant évidemment pas nés pour tenir un rôle d’opposant à vie, ils développent la nervosité, la méchanceté et l’impatience d’arriver au pouvoir. Certains n’écartent aucun moyens pour arriver aux commandes de l’Etat. En effet, dès lors qu’ils ont l’intime conviction que leur parti politique n’a aucune chance d’arriver au pouvoir démocratique, pour une raison ou une autre, alors le coup d’Etat reste le seul recours. Voilà une des raisons des coups d’Etat, des rebellions et des guerres. A qui la faute honnêtement?
C’est donc dangereux et même antidémocratique de maintenir dans l’opposition pendant une période relativement longue, des partis politiques représentatifs aux yeux du peuple.
En définitive, la démocratie un système qui dans son élaboration, se voulait excentrique, élégant, séduisant, garant de l’alternance politique. Mais sur le terrain celle-ci est soumise à l’incertitude et au jeu du hasard. Donc dans son application, la démocratie est devenue égocentrique, écartant le goût du partage et de la compétition apaisée. Elle n’accorde aucune place à la compassion, elle est dénuée d’humilité et d’honnêteté.

ACHIM JEAN KELLY, Option

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