Utilisation non justifiée du carburant d’une valeur de 23,4 millions CFA, dépenses non autorisées sur les recettes de l’ambassade estimées à 124,3 millions CFA, paiement irrégulier de 1,3 milliard CFA pour la construction de la chancellerie, chèques non justifiés d’un montant de 225,3 millions CFA payés au personnel de l’ambassade, paiements irréguliers de 64 millions CFA frais de scolarité, d’indemnités indues de premier équipement de 7,5 millions CFA, frais de missions non justifiés d’un montant de 9,3 millions CFA, de frais de loyers indus de 11,3 millions CFA….
Ces pratiques sont, selon le dernier rapport du Vérificateur général, à l’origine de l’évaporation de 1,8 milliard CFA à la chancellerie du Mali à Ouagadougou. Sans justificatifs, aucun.
S’agissant des paiements irréguliers de 1,2 milliard CFA au profit de l’entrepreneur EGCOB/TD, les enquêteurs du Bureau du Vérificateur général précisent que « les paiements sont effectués, sans décomptes établis par l’entrepreneur, ni d’acomptes par le maître d’œuvre ; mais sur la base de factures, qui ne sont pas liquidées par l’ambassadeur ».
1,8 milliard CFA volatilisé
Pire, constatent les enquêteurs, les remboursements par l’ambassade des emprunts contractés par EGCOB auprès de la Banque de l’Union du Burkina Faso (BDU-BF) pour un montant total de 412,2 millions CFA au lieu de 243 millions CFA, comme indiqué, par EGCOB, dans la lettre du 06 juillet 2017 et confirmé par la lettre n°080/BDU/DG du 10 juillet 2017.
Où est donc passée la différence de 169 millions CFA ? Mystère et boule de gomme.
S’y ajoutent les paiements d’un montant de 259 millions CFA par chèques, libellés au nom de personnes physiques, au lieu de personnes morales. Ces chèques ont été libellés, selon les enquêteurs, à l’ordre du directeur général de EGCOB/BT, en violation de l’article 6 du contrat de marché n°AMO/CNCM/2014/001 du 20 novembre 2014.
Autre découverte des enquêteurs à la chancellerie du Mali à Ouagadougou : les paiements par l’ambassade de factures adressées à EGCOB/TD. D’un montant de 28 millions CFA, ces deux factures adressées à EGCOB/TD par CFAO-MOTORS BURKINA ont été payées par chèque libellé au nom du secrétaire –comptable de l’ambassade. D’un montant de 11,4 millions CFA, le premier chèque date du 28 février 2018 ; tandis que le second, d’un montant de 16,5 millions CFA, date du 26 avril 2018.
Autre mystère : pourquoi l’ambassade du Mali, au Burkina Faso, paie – t-elle des factures de EGCOB/TD ? Et pourquoi ces deux chèques sont-ils libellés au nom du comptable de l’ambassade, et pas au nom de CFAO-MOTORS ?
La liste des paiements irréguliers est loin d’être exhaustive.
L’ambassadeur du Mali au Burkina Faso dans le viseur du Pôle Economique et Financier
« La mission a constaté que le secrétaire agent – comptable a émis des chèques, qui ont été payés en faveur de certains membres du personnel de l’ambassade, sans les pièces justificatives », constatent les enquêteurs. Montant total : 225,3 millions CFA.
D’un montant de 64,5 millions CFA, des frais de scolarité ont été, indument, payés par l’ambassade au titre des années scolaires 2015-2016, 2016-2017 et 2017-2018. Et ce, constatent les enquêteurs, sur la « base de simples factures délivrées par les établissements.
Plus grave, ces dossiers de fréquentation scolaire ne présentent ni d’actes de naissance des élèves, ni de certificats d’adoption, encore moins de relevés de
frais d’études.
L’article 4 du décret n°96-044/PRM du 08 février 2016, fixant les avantages accordés au personnel diplomatique, administratif et technique dans les missions diplomatiques et consulaires de la République du Mali fixe les indemnités de premier équipement comme suit : Ambassadeur 750.000 CFA ; Consul général, Vice-consul et Conseiller 500.000 CFA ; Personnel administratif et technique 200.000 CFA.
Mais à l’ambassade du Mali, à Ouagadougou, il a été, irrégulièrement, payé à titre d’indemnités de premier équipement, « 3 millions CFA par personne, contre 500.000 CFA prévus », notent les enquêteurs, qui précisent, en passant, que trois ambassadeurs, dont l’actuel, « sont concernés ».
Selon l’article 8 du décret n°96-044/PRM du 8 février 1996, « Le personnel diplomatique, administratif et technique en service dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali bénéficie de la gratuité du logement ».
Mais pour le personnel de l’ambassade du Mali au Burkina Faso, les enquêteurs du Bureau du Vérificateur général ont relevé des paiements indus de loyers pour un montant de 11,3 millions CFA.
« Les loyers payés de certains bâtiments sont supérieurs à ceux prévus dans les contrats », relève le rapport du Vérificateur général.
Autre irrégularité relevée par les enquêteurs : la cession d’un véhicule reformé, une Toyota Fortuner immatriculée 14 CD 0014 au modique prix de 1 million CFA.
Face à ces pratiques, qui ont engendré une perte sèche de 1,8 milliard CFA à la chancellerie du Mali à Ouagadougou, le Bureau du Vérificateur général a transmis son rapport au procureur de la République du tribunal de première instance de la commune III, afin que les personnes concernées répondent de leurs actes devant la justice.