Élu président de la République en 2013 avec tous les honneurs, réélu dans des conditions douteuses (les contestations de sa victoire l’attestent) en 2018 puisqu’ayant déçu le peuple malien tout au long de son premier mandat, Ibrahim Boubacar Keita suit amèrement les traces de son prédécesseur Amadou Toumani Touré, celui dont il a dénoncé la gouvernance. Face aux manifestations populaires concernant les routes, la révision de la constitution, l’Accord d’Alger, la question des milices, et maintenant la colère des épouses de militaires, Ladji Bourama va droit au mur.
ATT est parti suite à un coup d’État militaire injustifié. Son ancien opposant, celui qui était très critique à l’égard de son régime, IBK, est venu il y a 6 ans. Mais, le Mali n’a pas changé. Les problèmes sont toujours là. Ils se sont aggravés. Nous sommes en 2019 et sous le règne d’un certain « Kankélentigui », Ibrahim Boubacar Keita, mais le Mali a mal partout. La plaie, elle est béante et déjà cancérisée. Les dernières évolutions de l’actualité montrent qu’IBK suit les traces de son prédécesseur, ATT. Ont-ils un destin presque similaire ? Là doit être la question. En tout cas, il y a certains faits similaires.
Le mensonge d’État
Qu’est-ce que beaucoup de Maliens, surtout les femmes des militaires ont reproché au président ATT ? Les contrevérités sur la situation des militaires au front. Cela était un fait, il y avait bien des mensonges d’État en son temps. Aussi, le laxisme du président ATT a été dénoncé, surtout sa décision d’accepter l’installation des groupes armés au nord du Mali. Là aussi, ATT a trébuché et il faut l’admettre. La « mauvaise qualité » des armes, le manque de munitions … sont entre autres ce qu’on a reproché au président ATT. Les tueries des militaires dans certaines zones et les manifestations des épouses de militaires qui s’en sont suivies ont précipité le départ du général Touré. Mais pendant ce temps, toutes les colères des Maliens se situaient au niveau de l’armée, seulement l’armée, jusqu’au coup d’État militaire du 22 mars 2012.
Mensonge d’Etat, parlons-en sous le président bourgeois, IBK ! Le peuple malien est en train d’être dupé par IBK et ses alliés. Comme sous ATT, la montée en puissance de l’armée malienne n’est qu’un bluff. L’insécurité, cause du départ d’ATT, s’est aggravée sous un IBK qui ne « tolère pas la négligence » au sein de l’armée. Les virus du nord ont atteint le centre du Mali. L’insécurité s’est généralisée. Les conflits intercommunautaires sont nés. Les milices aussi. Tout ça, sous IBK qui accusait ATT d’avoir trahi le Mali. Mais où est enfin l’autorité de l’État promise ? Elle se concrétisera peut-être, mais après IBK évidemment. La loi de programmation militaire a été adoptée par l’Assemblée nationale, les Maliens ont applaudi. Des centaines de milliards ont été décaissés au nom de l’armée malienne, son équipement. Et le résultat sur le terrain ? Il est négatif. C’est d’ailleurs un moyen pour certains, tapis dans l’ombre, de se remplir les poches. Chaque jour, la situation sécuritaire se dégrade. Trop de sangs a coulé en cette année 2019. Militaires et civils sont tués en grand nombre. Koulogon, Dioura, Ogossagou, Sobane Da, Yoro, Gangafani, et maintenant Boulkessi et Mondoro, des Maliens sont morts parce que, quelque part, quelqu’un n’a pas bien joué son rôle. Les blocages des routes par les épouses des militaires au camp des parachutistes et au camp de gardes à Bamako, le mercredi dernier, suite à l’attaque de Boulkessi et Mondoro confirment le mensonge d’État sous IBK. En effet, selon le gouvernement du Mali, le bilan provisoire de ces attaques simultanées fait état de vingt-cinq (25) morts, quatre (04) blessés évacués par aéronefs FAMa sur Sévaré, une soixantaine de portés disparus et de lourdes pertes en matériels. Ce bilan n’a pas convaincu les épouses et les enfants de militaires qui ont réclamé le bilan réel et des véhicules blindés pour les soldats au front. C’est là que IBK suit les traces d’ATT, car ce sont aussi les femmes de militaires qui se sont levées contre ce dernier.
Les pressions populaires
Quoi qu’on dise, le seul grand obstacle d’ATT était au niveau de l’armée. En plus du problème d’insécurité à laquelle il n’a pas pu avoir de solution, IBK fait face à d’autres pressions populaires dont les problèmes de la réhabilitation des routes, de la question de l’Accord d’Alger, du referendum constitutionnel.
Il y a de cela quelques semaines, les manifestations contre la dégradation des routes, a dominé l’actualité au Mali. Elles ont commencé à Kayes, atteint Gao, Tombouctou et Bougouni. Mopti aussi prépare son blocus. Dans toutes ces localités, le gouvernement a fait des promesses. Pourra-t-il respecter sa parole ? Grande question. S’il n’arrive pas à le faire, il faudrait craindre le pire, car les manifestants, déterminés, semblent-ils, risqueront de reprendre les rues.
Ce n’est pas tout, Boua fait face aussi à une pression externe et interne concernant l’Accord d’Alger. Même si de l’autre côté, on lui fait pression pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, les Maliens sont prêts à tout pour obtenir la révision de ce document. Le référendum constitutionnel est aussi un impact grave et un danger pour IBK, car déjà un mouvement est né pour contester cela.
Tous ces problèmes, toutes ces manifestations de différentes couches sont le résultat de sa gouvernance chaotique. La colère est généralisée partout à travers le Mali. IBK pourra-t-il résoudre tous ces problèmes ? En tout cas, l’heure est grave. Prions pour le Mali !