Ces derniers mois ont été extrêmement éprouvants pour des centaines de patients affluant quotidiennement vers l’Institut ophtalmologique tropicale de l’Afrique de Bamako (IOTA). Ces patients, parmi qui, ces nombreux étrangers rencontrent toutes les peines du monde pour rejoindre la capitale malienne en vue de se faire examiner et suivre des traitements adéquats, se heurtent malheureusement très souvent à l’inefficience criante des médecins ophtalmologues.
Récemment, plusieurs patients dont « Le Point » a recueilli les témoignages, ont révélé que leur état de santé visuelle n’a véritablement empiré que lorsqu’ils se sont fait consulter à l’IOTA, notamment, à la suite de médicaments prescrits par les médecins, lesquels auraient fortement contribué à dégrader leur état de santé. Jadis, une des plus grandes références ophtalmologiques de l’Afrique de l’Ouest depuis des décennies, le Centre Hospitalier Universitaire de l’Institut d’Ophtalmologique Tropicale de l’Afrique (CHU-IOTA), est en train de pourrir de la plus décevante des manières. L’efficacité de traitement des cas pathologiques les plus complexes avait valu à l’institut sous-régional toutes ses lettres de noblesse. A travers lui, l’image académique de la médecine conventionnelle au Mali, était promue avec fierté et mérite.
Les malades gravement atteints de problèmes ophtalmologiques dont certains cas étaient officiellement déclarés désespérés, étaient accueillis à bras ouverts à l’IOTA et finissaient par y retrouver un espoir de guérison. Certains cas rares de maladies visuelles dont la spécialité était quasi-inexistante dans plusieurs pays d’Afrique, étaient pris en charge avec succès à l’IOTA. Les personnes âgées dont les cas de maladies visuelles s’étaient chronicisées, ont fini par retrouver la vue après de longues années de traitement non-conventionnel. Voici, en gros, l’image de marque qui, jusque-là, caractérisait l’IOTA en tant qu’institut ophtalmologique de référence.
Aujourd’hui, les dernières évolutions médico-institutionnelles du centre ophtalmologique, sont en train de le vider de toute sa substance. Des cas de maladies sont mal consultés et, par conséquent, inefficacement traités. Pis, les patients retournent avec leur état de santé aggravé par le traitement prescrit par l’ophtalmologiste. Des patients, pour éviter de ne pas perdre totalement la vue, après leur passage à l’institut public de l’IOTA, se sont vus obligés de se rendre dans des centres ophtalmologiques privés, peu importent les moyens financiers à y débourser, mais pourvu qu’ils recouvrent la guérison ou, à la rigueur, revenir à l’état initial de leur santé avant leur arrivée pour consultation à l’IOTA. « Lorsque je me suis rendu dans une clinique ophtalmologique étrangère de Bamako, après avoir effectué d’inlassables vas-et-viens à l’IOTA, les médecins spécialistes de ladite clinique, après un examen minutieux, m’ont clairement déclaré que les médicaments utilisés suite à ma consultation à l’IOTA, a beaucoup contribué à aggraver mon état de santé », nous a confiés en debut du mois, un jeune patient atteint de maux d’yeux persistants. Plusieurs autres comme lui, ont enfoncé le clou en confirmant « l’inefficience » des médecins de l’IOTA, de manière encore plus compromettante.
A ce titre, nous sommes en droit de nous demander sur quelles bases les médecins ophtalmologiques de l’IOTA sont recrutés. Les plus hautes autorités médicales de l’institut à l’instar du Directeur général, ne sont-ils pas informés de tels cas d’inefficience aussi dangereux? Le Ministre de la santé et de l’Hygiène Publique, Michel Hamala Sidibé, est désormais interpellé face à ce désordre thérapeutique de plus en plus signalé à l’IOTA qui, pourtant, s’était jusque-là bien maintenu dans l’élite de la santé ophtalmologique tropicale. Une enquête méticuleuse est urgemment attendue du nouveau ministre de la santé pour mieux déceler ce que l’institut trame au préjudice de milliers de patients sans défense.
La Rédaction