La plupart des voies dans le District de Bamako, et environs sont impraticables pendant la saison pluvieuse. La route de Sotuba qui relie le quartier à la zone industrielle n’est pas épargnée. Circuler sur cet axe est devenu un parcours de combattant. A chaque pluie, le calvaire des usagers s’agrandit.
C’est un nouveau jour pour les populations de Sotuba et environs. Elles se sont réveillées un matin du 12 septembre 2019 sous la pluie. Au levant, pas un signe de soleil. Le ciel encore couvert de nuages. Quelques grondements sporadiques assourdissent les tympans. Une grande pluie s’abat sur les quartiers environnants. Et pendant que commerçants, artisans et fonctionnaires reprennent le chemin du boulot, une flaque d’eau dicte déjà sa loi le long de l’axe Sotuba-Bougouba. Sur le tronçon, c’est la croix et la bannière pour les premiers passants. Pour cause, une masse d’eau a pris en otage la voie. À la ‘’rive’’ de cette étendue d’eau, certains conducteurs ralentissent, d’autres s’arrêtent carrément pour éviter de servir de cobaye. Alors que les uns s’engagent avec hésitation, les autres, partagés entre peur et courage, bifurquent et montent sur le trottoir pour contourner l’eau. Sous anonymat, un riverain opine : « Nous sommes en période de grande pluie. On ne peut rien contre la pluie. Comme vous le voyez, la route est complètement inondée à ce niveau. Les motos et voitures ont du mal à passer. Mais on ne peut rien, c’est l’effet de la pluie ». Il précise que le phénomène n’est pas une première. « Pour un piéton comme moi, j’essaie à ma manière d’éviter l’eau projetée par les motos et véhicules pour ne pas me faire salir », confie-t-il. Pendant ce temps, un revendeur d’essence rapporte : « Par rapport à ce que j’ai l’habitude de voir ici, je peux dire que cette inondation n’est rien du tout. Quand il pleut abondamment, la vague d’eau monte jusqu’à mon niveau ici et emporte les bidons si je ne suis pas sur les lieux ». Selon les riverains, les usagers rebroussent chemin et vont chercher à prendre une voie mieux praticable. « Parfois certaines motos s’éteignent au milieu de l’eau. Il faut venir au moment d’une forte pluie pour découvrir la vraie inondation », invite-t-il.
Un incident malheureux !
« Héeeeeyi ! Oooooh ! » des cris d’alerte et de désolation. À peine, le revendeur d’essence finit-il de se prononcer, des voix des conducteurs de motos s’élèvent et attirent notre attention. Une dame au volant de sa Toyota Highlander, est rentrée dans la vague d’eau avec un peu plus d’accélération en projetant l’eau souillée sur les conducteurs de moto. Elle ne s’est pas arrêtée, mais elle a reconnu sa faute. Après son passage, de nombreuses victimes, entre injures et menaces se plaignent.
Un phénomène à l’origine des risques
Si certains riverains rencontrés pensent que cette inondation est un phénomène naturel auquel il faut se résigner, d’autres situent le problème ailleurs. C’est le cas de Dramane Bouaré, un riverain. Selon lui, c’est incroyable qu’une voie publique surtout bitumée soit inondée à ce point. « Si la voie bitumée est inondée, comment serait l’état des ‘’carrés’’ non bitumées ? ». « Si je n’étais pas un peu vigilant tout à l’heure, j’aurais eu un accident de circulation. Vous avez constaté que j’ai dû contourner l’eau, sinon le conducteur du véhicule qui venait par devant allait non seulement projeter l’eau souillée sur moi mais aussi il allait me cogner parce qu’il avait serré mon côté qui est moins rempli d’eau », explique-t-il. Il évoque par ailleurs un risque de noyade tout en interpellant les autorités communales et gouvernementales. « Je supplie les autorités de prendre des dispositions pour corriger ce problème afin que nous puissions circuler librement en période de pluie », demande-t-il.
Un autre riverain qui emprunte régulièrement ce tronçon, avoue avoir vu lui-même le phénomène. Selon ses premières explications, cette inondation est due à l’absence des caniveaux. « On ne peut pas faire la voie pour qu’il y ait inondation. Cela veut dire que la voie à ce niveau est mal faite. Parce qu’il fallait prévoir quand même des caniveaux ou des ponceaux pour recueillir l’eau. Ça veut dire qu’il y a un problème de canalisation d’eau qui se pose », analyse-t-il. Toutefois, il rappelle que le problème n’est pas seulement à cet endroit. « L’inondation n’est pas seulement sur ce tronçon. Vous allez voir plusieurs voies à Bamako et environs où après la pluie, l’eau vient envahir complètement, soit le goudron, soit les carrées. J’invite les autorités compétentes à nous aider afin que ces problèmes trouvent de solutions ». Un autre constat qui saute à l’œil, l’eau coule doucement à travers la seule crevasse remarquée sur les lieux. Le niveau d’eau chute peu à peu et le trafic retrouve progressivement son état habituel. A quand la fin du calvaire des populations ? Difficile de le savoir.
Assi de Diapé