Un bataillon de l’armée malienne sous commandement de la force conjointe du G5 Sahel, qui tentait le mardi 1er octobre «avec de gros moyens» de reprendre des positions tombées sous le contrôle de djihadistes, la veille, à travers une double attaque contre des camps militaires de Mondoro et de Boulkessi, a essuyé d’énormes pertes. En effet, selon un communiqué officiel du gouvernement, 38 militaires maliens ont été tués lors des affrontements et il y aurait des dizaines autres portées disparus.
Cette énième attaque contre les FAMA a créé de l’émoi dans l’opinion et suscité des réactions et çà et là. Sous le feu de l’action, des femmes de militaires, qui contestaient les chiffres avancés sans plus de précision, ont envahi les rues devant le camp de commandos para et à Koulouba pour dénoncer ce que d’aucuns ont qualifié de mensonge d’Etat et exiger la vérité sur le nombre exact des morts en même temps que de matériels en faveur de leurs maris !
Pour rappel, le lundi 30 septembre à l’aube, la position de Boulkessi du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel, située à proximité de la frontière avec le Burkina Faso, se faisait attaquer par des «éléments présumés du groupe terroriste Ansaroul Islam», accusé de semer la terreur dans le nord du Burkina, selon le secrétariat de la force conjointe du G5 Sahel qui regroupe le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Tchad et le Niger. Ces assaillants, qui disposaient de véhicules équipés d’armes lourdes, ont également attaqué pratiquement au même moment le détachement de l’armée malienne à Mondoro, situé à une centaine de kilomètres de Boulkessi.
Ces attaques en longueur de journée contre l’armée malienne avec leur corollaire de morts s’accentuent à un moment où le Président de la République, chef suprême des armées, et son gouvernement se vantent d’avoir consenti tant d’efforts dans la formation et l’équipement de l’armée que le malien lambda est amené à se demander s’il y a un grain de vérité dans ces discours flagorneurs ? L’inquiétude des maliens qui frôle aujourd’hui le désespoir est d’autant plus justifiée, qu’ils sont aujourd’hui nombreux à penser qu’il va falloir passer par les armes pour le lever le blocus de Kidal et anéantir pour de bon les velléités sécessionnistes des groupes armés en connexion avec des terroristes et des narcotrafiquants qui y pullulent.
La réaction la plus virulente est venue du Général Moussa Sinko Coulibaly, ancien haut gradé de l’armée et ancien candidat à la présidentielle de 2018. En effet, celui-ci a laissé la petite phrase qui fâche à Koulouba : « Il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple » ! Il n’en fallait pas pour provoquer l’ire du Président IBK. En effet, saisissant la cérémonie de célébration de la journée de l’enseignant, le Président IBK, déclarera : « Responsables, nous avons tous été concernés. Je ne suis pas un oiseau de mauvaise augure mais nous sommes en guerre, je l’ai dit, nous sommes en guerre.
Ça veut dire que ce qui s’est passé à Boulkessi pourrait malheureusement survenir encore. J’attends aujourd’hui du gouvernement d’être vigilant, d’anticiper. Est-ce que l’on peut penser sérieusement et honnêtement que ne nous n’avons d’autres urgences aujourd’hui que celles-là? Mais dans une guerre asymétrique à souhait, un auteur, j’aime bien le citer, Jean Paul Marie, a dit que c’est une guerre d’antéchrist, une guerre d’avant le Prophète, où la mort la plus accidentelle n’est pas due à un fait de combat héroïque comme ce fut le cas de la guerre de Troie, ou les autres guerres ou les héros…
Maintenant nous avons à faire à un moment de règne de l’obscur, où la mort est devenue l’objectif, la mort est recherchée, la mort est le but. À partir de cela, nos moyens deviennent limités…. Nous renforcerons ce qui doit être renforcé mais que nul ne pense que nos éléments n’ont pas été braves. Ils ont été braves jusqu’à la témérité. Beaucoup sont morts les armes à la main… Et je crois que c’est ce que je peux dire, en m’inclinant encore une fois sur les mémoires de ces jeunes soldats et en saluant leur bravoure, leur courage, au nom de toute la nation malienne et en priant ALLAH SWT de les accueillir parmi les bienheureux, qu’ils reposent en paix.
Je tenais à vous dire cela, et encore une fois, notre nation, aujourd’hui, plus que jamais, a besoin de solidarité, a besoin de se resserrer, n’a pas besoin d’élucubration des nostalgiques du putsch. Aucun putsch ne prévaudra au Mali, qu’on se le dise. Et je crois que cela n’est pas du tout à l’ordre du jour et nous ne saurons nous inquiéter. Mais je tiens à dire combien cela est absolument ignominieux, indécent dans les temps où nous sommes ».
La question qui se pose est : IBK avait-il vraiment besoin d’adopter une telle posture face aux propos du Général Moussa Sinko Coulibaly ? En tout cas, le discours tenu le Général Coulibaly n’est pas un discours nouveau, c’est ce qu’il tient depuis le lancement de sa plateforme en 2017 !