PolitiqueTiébilé Dramé se prononçant sur la relecture de l’Accord d’Alger sur RFI : « Il ne faut pas faire comme si c’est un fétiche auquel on ne peut pas toucher »
Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé, était l’invité de Christophe Boisbouvier de la Radio France internationale (RFI). L’occasion pour le chef de la diplomatie malienne de se prononcer sur l’attaque de Boulkessi, le statut de Kidal, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
« C’est une étape supplémentaire de la guerre du terrorisme international contre le Mali et contre les pays du sahel », a déclaré Tiébilé Dramé sur RFI en se prononçant sur l’attaque de Boulkessi et Mondoro. Pour lui, face à ces attaques terroristes qui endeuillent des familles, l’union nationale autour des forces armées et de sécurité doit être la seule réponse des Maliens. Le ministre a profité de son intervention sur RFI pour démentir la destruction des hélicoptères lors de cette double attaque. « Il n’y a pas eu d’hélicoptères détruits à Boulkessi », a-t-il laissé entendre.
Pour l’ancien opposant, ces dernières attaques montrent le lien qui existe entre la crise du nord et celle du centre du Mali. « C’est un lien de gémellité. On voit très bien que ce soit Ansar ul Islam ou l’État islamique dans le Gourma malien au sud du fleuve du Niger, il y a une alliance opérationnelle évidente. Et l’État islamique dans le Gourma est dirigé par les chefs terroristes qui ont précisément écumé la région de Gao pendant l’occupation », a-t-il révélé.
Se prononçant sur la manifestation des épouses de militaires suite aux attaques de Boulkessi et Mondoro, Tiébilé Dramé affirme que la division n’arrangerait pas le Mali. « Si notre réponse n’est pas l’unité nationale, nous risquons gros », a-t-il prêché.
Le statut de Kidal
Selon le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, la situation actuelle à Kidal ne peut pas continuer. Kidal doit, selon lui, revenir au Mali. Tiébilé donne raison au président nigérien qui a dénoncé le rapport que tissaient certains des signataires de l’Accord d’Alger avec des groupes terroristes. « Tous les signataires de l’Accord doivent rompre tout lien avec le terrorisme international », a-t-il dit.
L’Accord d’Alger n’est pas intouchable
Le directeur de campagne de Soumaila Cissé à la présidentielle passée a affirmé que l’Accord d’Alger est un instrument important de restauration de l’unité du Mali, de la souveraineté du Mali, de la stabilité et de la paix au Mali. Mais, argumente-t-il, un instrument aussi lourd ne peut être mis en œuvre que si le peuple malien y adhère, que s’il y a une appropriation nationale. Tiébilé rejette en bloc l’idée selon laquelle il ne faut pas toucher à l’Accord d’Alger. « Il ne faut pas faire comme si c’est un fétiche auquel on ne peut pas toucher », taquine-t-il ceux qui s’opposent à toute relecture du document.
Selon lui, les fondamentaux de l’Accord ne seront pas mis en cause. «Quand toutes les forces vives du pays vont se retrouver pour parler de la paix et de la stabilité, de l’unité nationale, on ne peut pas dire qu’un instrument aussi important qu’est l’Accord d’Alger soit un fétiche auquel on ne touche pas », martèle-t-il.
Le ministre Dramé a profité de cette sortie pour jeter des pierres dans le jardin de certains responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad. « Il y a quelque dirigeant de la CMA qui ont toujours un micro et une caméra posés à côté d’eux et qui multiplient les déclarations, quelques fois inflammatoires », a-t-il déclaré avant de préciser que le gouvernement a invité ceux-ci au calme.