Depuis un certain temps, la polémique enfle autour de la révision ou non de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Si les plus hautes autorités du pays, par la voix du Président IBK ou du ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé y sont favorables, tel n’est pas le cas pour les ex-rebelles de la CMA et les autorités algériennes.
L’on se rappelle que dans son adresse à la nation à l’occasion du 59e anniversaire de l’accession du Mali à la souveraineté internationale, le Président IBK a soulevé l’hypothèse d’une révision de certaines dispositions de l’Accord issu du processus d’Alger, sans dire lesquelles. Une vision largement partagée par le chef de la diplomatie malienne Tiébilé Dramé qui s’impose de plus en plus comme la voix la plus autorisée du gouvernement à parler du processus de paix. Il éclipse même le ministre de la paix, de la cohésion sociale et la réconciliation nationale, Lassine Bouaré, pourtant désigné point focal du gouvernement de la République du Mali pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Que dire du Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord, Général Mamadou Diagouraga dont la voix devient très inaudible ?.
Pour leur part, les ex-rebelles n’entendent pas d’une bonne oreille cette volonté des autorités de soumettre certaines dispositions de l’Accord au dialogue national en cours . Pour eux, si l’Accord devrait être relu ou modifié, ce serait sur la base de l’article 65 de ce document. Lequel stipule que » les dispositions du présent Accord et de ses annexes ne peuvent être modifiées qu’avec le consentement express de toutes les parties signataires du présent Accord et après avis du Comité de Suivi« .
A les entendre, cette hypothèse est exclue dans les formes annoncées par les autorités. Avant de menacer de suspension leur participation à tout le processus si les autorités s’entêtaient à relire l’Accord.
Outre la CMA, l’Algérie, qui assure le chef de file de la médiation internationale et la présidence du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) est aussi opposée à cette révision ou modification de l’Accord. En effet, au cours d’une conférence de presse conjointement animée, samedi dernier, à Alger par les chefs des diplomaties malienne et algérienne, le ministre Sabri Boukadoum a indiqué que » cet accord constitue le cadre idoine pour résoudre la crise dans le nord du Mali dans le cadre d’une approche inclusive qui allie la concrétisation de la paix et la stabilité, et la relance du développement dans le pays « . Une position qu’il avait déjà exprimée lors de la 74e Assemblée générale de l’ONU, à New York, affirmant que cet accord « laborieusement négocié », reste le « mécanisme approprié qui s’impose aujourd’hui pour la prise en charge d’un règlement pérenne de la crise malienne « . Cela, en dépit des difficultés qui ont entravé sa pleine mise en œuvre.
Allant plus loin, il a soutenu que « cet accord ouvre de réelles perspectives pour le développement économique, social et culturel au Mali« .
Pour rappel, pour bon nombre d’observateurs, le retard dans la mise en œuvre de l’accord a eu comme conséquence la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, avec la montée du terrorisme qui n’épargne pas les pays voisins du Mali.