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Accord d’Alger : 15 exigences fatales à l’unité du Mali
Publié le jeudi 10 octobre 2019  |  L’aube
Clôture
© aBamako.com par AS
Clôture de la 26e session du comité de suivi de l`accord pour la paix et la réconciliation
La cérémonie de Clôture de la 26e session du comité de suivi de l`accord pour la paix et la réconciliation au Mali le 26 Juin 2018.
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Le contexte de la Révision Constitutionnelle est largement compris par les populations maliennes désormais. En effet, IBK a tenu coûte que coûte en juin 2017 à faire sa révision constitutionnelle sans succès, car le peuple l’a rejeté à cause des raisons avancées par le Président de la République et son gouvernement. Réellement, cette révision est demandée par IBK pour partager le Mali en deux entités différentes, à la suite de la signature de l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation en 2015. Cet accord a été fait sans demander ni l’avis du peuple, ni celui de ses représentants qui sont les députés de l’Assemblée Nationale, ni de la vieille cloche constitutionnelle qui sonne sans être sollicitée.

L’erreur d’IBK a été de faire signer l’accord sans le soumettre à un référendum national, car ledit accord et l’accord subsidiaire de juillet 2015 ont primé sur notre constitution, alors que cela devrait être le contraire. Il y a 15 exigences dans l’accord dont l’application est fatale à l’intégrité territoriale et à l’unité national à savoir :

1) L’Accord du 15 mai est reconnu « fondamentalement insuffisant » au regard des « revendications du peuple de l’Azawad ». En clair, ce que le Mali a signé le 15 mai 2015 n’engage que lui : les rebelles, eux, ne reconnaissent que les nouvelles clauses approuvées par l’Avenant du 20 juin 2015.

2) L’Azawad est reconnu comme « entité politique, juridique et territoriale ». Cette disposition fait passer l’Azawad pour un mini-Etat fédéré ou, à tout le moins, pour un territoire autonome. Ce n’est plus, comme le gouvernement tentait de le faire croire, un simple terroir socio-culturel comparable au Banimonotié, au Ganadougou, au Kaarta, au Khasso ou encore au Kénédougou.

3) Le Mali s’engage « à reconnaître et à réparer les crimes qu’il a commis depuis 1963 dans l’Azawad » en oubliant que des milliers de maliens ont perdu la vie à cause de ces rebelles touaregs aussi. Bien entendu, aucune réparation de la par des rebelles séparatistes et terroristes azawadiens qui ont allègrement pillé, violé et amputé les pauvres citoyens maliens du nord depuis 1963!

4) La CMA est appelée à « demeurer dans sa mission primordiale de défense et de lutte pour les aspirations du peuple de l’Azawad ». En clair, la CMA est reconnue comme une armée légitime au service de l’Azawad dont on sait qu’elle aspire à l’indépendance !

5) Il est décidé la « création d’une assemblée régionale regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques de l’Azawad »: cette disposition regroupe tout le nord (deux tiers du Mali) pour le soumettre à l’autorité légale des groupes armés qui, du fait de leur supériorité militaire, ne manqueront pas de contrôler l’« assemblée régionale » prévue !

6) Le Mali accepte de « surseoir à l’organisation de toute élection jusqu’au retour des réfugiés et jusqu’à la mise en œuvre du nouveau découpage administratif » territorial. On comprend maintenant pourquoi les rebelles s’opposent à toute élection dans le nord, y compris aux régionales maintes fois programmées.

7) Le Mali accepte de « prévoir et déterminer le quota qui sera affecté à l’Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l’Etat, les représentations diplomatiques et les organisations internationales. Vous l’aurez noté: les rebelles de l’Azawad ne se contentent pas de garder le nord sous leur coupe exclusive; ils auront aussi un « quota » d’ambassadeurs, de consuls et de ministres. Et pas n’importe quels ministres: des ministres de « souveraineté » comme ceux de la Défense, de la Justice, des Affaires Etrangères ou de l’Administration Territoriale. Il ne faut donc plus exclure de voir un jour Algabass Ag Intallah nommé ministre de la Justice ou de la Défense du Mali!

8) Les forces de défense et de sécurité à l’intérieur de l’Azawad seront composées à 80% de ressortissants de l’Azawad ainsi qu’au niveau des postes de commandement. Cette disposition consacre la mainmise militaire de la CMA sur tout le nord. Avec 80% des soldats et chefs militaires, quel gouverneur élu pourrait-il leur tenir tête ? Comment parler d’« armée malienne » quand le Mali ne détient que 20% des effectifs et des commandants militaires déployés au nord?

9) Pendant la période intérimaire, mettre en place des unités spéciales mixtes comprenant 80% de ressortissants de l’Azawad. Cela signifie qu’en attendant la mise en place effective de l’armée hégémonique azawadienne, des unités militaires mixtes feront la loi au nord, composées de 80% de rebelles. Vous voyez maintenant pourquoi, malgré la propagande officielle, les patrouilles mixtes n’ont jamais pu fonctionner!

10) Les zones de défense et de sécurité seront sous le commandement d’un ressortissant de l’Azawad. C’est-à-dire que l’autorité militaire suprême du nord sera exercée par un officier issu des groupes armés rebelles.

11) La CMA définit elle-même la liste des combattants et détermine leur grade dans le cadre de leur intégration dans «l’armée nationale reconstituée ». En clair, si la CMA veut ériger un berger touareg, un arabe voir un bédouin au rang de général ou de colonel, elle n’aura qu’à le dire.

12) Considérer la création et l’utilisation de milices comme un acte criminel, sous ce chapitre, la CMA engage le Mali à livrer la guerre à tous les groupes d’autodéfense pro-Mali, en particulier le GATIA, le Ganda Koy et autres Ganda Izo.

13) Le mécanisme opérationnel de coordination (MOC) sera présidé par la MINUSMA et coprésidé par les deux parties (Mali et CMA). Par conséquent, la CMA et le Mali font jeu égal.

14) Affectation d’un fonds spécial pour l’Azawad sur le budget de l’Etat à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans. Ainsi donc, l’Azawad (1. 293. 000 habitants, soit 9% de la population nationale) raflera 40% du budget national pendant 20 ans ! A ce rythme, nous autres du sud (13, 2 millions d’habitants) finirons bien par brouter de l’herbe ! La CMA gagne, en définitive, le beurre, l’argent du beurre, la vache et la laitière.

15) Exploitation des ressources minières et énergétiques de l’Azawad soumise à l’autorisation préalable de l’Assemblée inter-régionale, après avis de l’Assemblée régionale. Un quota de 20% de la production sera affecté à l’Azawad avec priorité à la région concernée. C’est entendu: sans l’autorisation des rebelles, aucune ressource du nord ne peut être exploitée. Et s’ils donnent leur autorisation, le Mali devra reverser à la « région concernée » 20% des ressources exploitées. Alors, de quoi le budget national se nourrira-t-il ?

En somme, ces clauses de l’Accord sont si graves qu’on s’est gardé de les écrire noir sur blanc. On a plutôt tenté de les masquer en écrivant qu’elles seront « prises en compte dans le cadre de l’application ». Une manière de tenter une application en catimini. Or, lesdites clauses sont trop nombreuses et trop lourdes pour passer inaperçues. Elles donnent un alibi permanent à la CMA pour ne pas déposer les armes. Malheureusement, le Mali n’a pas assez de force pour les renégocier.

Sous traité à l’Algérie

Egalement IBK avait été alerté par l’opposition qui a si bien vu qu’il fallait des concertations nationales pour dégager une plateforme et une vision nationale avant de s’engager dans les pourparlers cruciaux d’Alger pour le présent et l’avenir du Mali et de la sous-région. Mais le Président IBK a préféré sous-traiter à la République d’Algérie et à son Président, la souveraineté du Mali. Les documents issus de ces négociations premières ont comporté beaucoup de faiblesses notamment :

– La notion de zone de développements des régions du nord ;

– La notion de régions intégrées ;

– La représentation des communautés du nord au niveau national, la répartition des pouvoirs entre l’Etat et les régions et la gestion de la sécurité après la signature de l’accord.

Pour éviter au Président IBK d’entrainer le Mali sur une pente raide, l’URD, fidèle à son engagement à mettre le problème du nord au-dessus des querelles politiciennes, a souhaité que les consultations préparatoires des futures assises des pourparlers d’Alger associent le plus largement toutes les composantes de notre société. IBK malheureusement, n’est pas allé dans le sens des vœux de l’URD.

Conséquences de cet entêtement, les notions de ‘’zone de développement des régions du nord et des régions intégrées, le principe de représentation des communautés du nord au sein des instances nationales, le partage des pouvoirs entre l’Etat et les régions ont fait leur apparition pour la première fois dans notre gouvernance. IBK devrait savoir que la gestion d’un Etat exige que les bonnes idées soient analysées avec sérieux par un plus grand nombre de citoyens, au lieu de s’accrocher à l’idée de personnes qui sont les obligées ignorantes toutes les autres même si elles sont bonnes. Encore une fois de plus, les évènements ont donné raison au chef de file de l’opposition par rapport à sa vision de la résolution de la crise malienne.

Même lors de la présentation du projet d’accord, IBK a instruit à son ministre des affaires étrangères de le parapher lorsque le Président Hollande avait tapé du point sur la table en disant que les négociations étaient terminées. C’est ce même ministre des affaires étrangères qui avait laissé entendre avec certitude que l’accord n’impactait pas sur la constitution de 1992 avant de se rétracter en avouant qu’il avait un impact sur la constitution du 25 février 1992.

Là où les responsables de la rébellion ne géraient que 40 000 âmes ont refusé de parapher sans l’avis de leur population, parce qu’ils ont de l’égard et du respect à l’endroit de leurs mandants, IBK dans l’indifférence totale vis-à-vis du peuple a ordonné à son ministre des affaires étrangères de le parapher sur place avant de quitter Alger. Joignant la parole à l’acte, le 20 mai, les représentants de la CMA n’étaient pas à Bamako où les attentait la Communauté Internationale.

Fâché, IBK a lancé à l’image du Président Hollande que les négociations étaient terminées. Il a fallu quelques jours après pour que deux ministres du gouvernement malien se pointent à Alger pour se voire imposer un accord subsidiaire qui consacre la partition du Mali désormais sans l’avis des maliens. Dans cet accord subsidiaire, la démocratisation à la base au niveau des collectivités et des communes,a été remplacée sous nos yeux par la dévolution du pouvoir local et régional aux groupes armés avant tout cantonnement et tout désarmement. Autrement dit, ce sont des hommes en armes et les comparses qu’ils auront adoubés qui vont être installés, avec la bénédiction de la ‘’communauté internationale’’, à la gestion des collectivités territoriales des cinq régions du nord, où elles auront en particulier la tâche de préparer les listes électorales et d’organiser les futures opérations électorales et référendaires.

Les citoyens réalisent de plus en plus que les autorités étatiques n’ont pas la capacité de les résoudre. La démobilisation des citoyens conjuguée à l’érosion de la confiance à l’égard de l’Etat et la hausse du sentiment d’insécurité sont autant de signaux inquiétants qui doivent être pris en compte pour éviter un basculement du pays dans l’instabilité totale.

L’accord d’Alger a fait perdre le pouvoir d’IBK sur les populations du nord et le monopole de l’usage de la force qu’il devrait exercer. Nos représentants désignés contre tous les principes de connaissances sur les questions touaregs et les rébellions successives se sont montrés complètement passif dans le processus d’Alger.

Vu toutes ces difficultés, comment Boubou CISSE peut-il aller prendre des engagements avec la France au nom d’IBK ? C’est le même qui a échoué sur tous les plans exceptées la prévarication, la concussion et la corruption ?

Boubou CISSE doit se rassurer que rien n’est encore joué, pour qu’il s’hasarde sur cet engagement relatif à l’agenda de la tenue du référendum constitutionnel. Il aurait été mieux pour lui d’attendre les conclusions du dialogue national inclusif.

Mais la parole est une balle de fusil, une fois sortie, on ne peut plus la rattraper. Si ce délai n’est pas tenu à cause des mouvements de contestations, Boubou CISSE et son mentor seront-ils emportés par la réaction du peuple, qui ne voit aucun bénéfice, ni aucune plus-value à cette révision constitutionnelle, car Kidal est devenu un Etat dans un Etat contrairement à ce que IBK veut nous faire croire.

M K

(Un patriote anonyme)
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