Depuis l’incarcération de Bakary Togola et certains de ses complices ainsi que plusieurs autres personnes accusées pour malversations suite aux actions engagées par le Pôle économique et judiciaire, la peur s’est automatiquement déplacée vers le camp des oppresseurs. Cette nouvelle direction empruntée par la machine judiciaire depuis quelques semaines, a fait souffler une tempête ravageuse dans le paysage sociopolitique et institutionnel au Mali, au détriment d’une oligarchie irrémédiablement corrompue.
Ceux parmi les suspects qui traînaient des casseroles depuis longtemps et qui n’avaient jusque-là jamais été inquiétés par la Justice malienne, se sont instantanément recroquevillés devant les menaces de poursuite de plus en plus mises à exécution par le Pôle économique et judiciaire au regard de récents cas d’incarcération observés par l’opinion publique nationale.
Les auteurs de détournements de fonds gouvernementaux, notamment, anciens et actuels ministres ; les DFM directement ou indirectement mêlés à des cas de dilapidation grossière de ressources budgétaires ; les opérateurs économiques mafieux et autres bandes illicites, travaillant frauduleusement avec des responsables de structures gouvernementales au détriment des ressources fiscales ; les chefs d’institutions responsables de passations opaques de marchés publics à coûts de milliards de nos francs… vivent désormais des heures cauchemardesques depuis ce réveil fulgurant et inattendu de l’Autorité judiciaire.
Pis, le vent de la peur s’est considérablement amplifié dans le camp présidentiel, notamment, suite à l’énorme désenchantement infligé par IBK aux membres de son alliance politique. La panique s’est instinctivement accrue au sein de la mouvance présidentielle lorsqu’IBK, en fin septembre dernier, a fait clairement entendre à ses alliés, notamment, les cadres de son parti, le RPM, qu’il n’accorderait aucun soutien à quiconque se ferait épingler par la Justice pour des raisons de malversations.
Ces proches partisans, qui ont accueilli lesdits propos avec amertume et déception, se sentant, d’une certaine manière, « abandonnés à leur propre sort », ne savent absolument plus vers où orienter leurs espoirs quand on sait que parmi ces affidés du régime, certains ont commis détournements de fonds incroyables, jusque-là ignorés de l’opinion publique depuis l’accession d’IBK à la Présidence. Le clan IBK, de par les conclusions de divers contrôles financiers opérés par des structures compétentes au sein des services de l’Etat, est d’ailleurs le clan qui aurait commis le plus de malversations et dont le Pôle économique et judiciaire semble implacablement se lancer sur les traces depuis la nomination de Malick Coulibaly.
Du côté des maliens ordinaires qui constituent la frange sociale majoritaire la plus opprimée et appauvrie par un système de gouvernance démoniaque, ayant toujours été promu par la minorité dirigeante, l’on se félicite déjà des premiers exploits judiciaires enregistrés par le Pôle économique. Ces maliens ordinaires et sans défense qui, depuis des décennies, n’ont cessé d’être « déshumanisés » par une Justice traditionnellement acquise aux « puissants » du pays, sont de mieux en mieux rassurés par ce nouvel élan de redynamisation judiciaire.
Moulaye Diop