Le Premier ministre malien Boubou Cissé a lancé vendredi près de Mopti une opération de désarmement volontaire de quelque 8.500 combattants du centre du Mali, pour tenter d’endiguer le “cycle infernal” de violences qui ensanglante la région et menace la stabilité du pays, a constaté un correspondant de l’AFP.
Cette opération de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) conçue pour le centre du pays est calquée sur celle mise progressivement en place dans le nord conformément aux accords de paix négociés à Alger en 2015.
Son lancement intervient alors que le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta est secoué depuis début octobre par le plus important revers qu’ait essuyé l’armée malienne depuis des années.
Quarante soldats ont été tués le 30 septembre et le 1er octobre quand les jihadistes ont attaqué les camps militaires de Boulkessy et Mondoro (centre), selon un bilan gouvernemental encore provisoire.
Le DDR “spécial centre” concerne les milices d’autodéfense constituées sur des bases ethniques (dogon et peule), régulièrement accusées de massacres de civils, ainsi que d’ex-rebelles du nord établis dans la région et des jihadistes ayant “discrètement” fait défection, selon un responsable du DDR.
Quelque 200 combattants ont discrètement rendu leurs armes vendredi, après la cérémonie officielle. “Nous ne voulons pas commencer devant les caméras parce qu’il faut protéger certains qui ont fait faux bond aux extrémistes et qui aident à en arracher d’autres de leurs griffes”, a expliqué ce responsable.
Le syndrome de Boulkessy
“Il y a 8.504 combattants déjà inscrits”, a précisé à l’AFP Zahabi Ould Sidy Mohamed, président de la commission nationale de l’opération DDR.
“L’accumulation d’armes aux mains d’acteurs non étatiques alimente le cycle infernal de violences et de vengeances, ce qui a conduit à des crimes, en même temps qu’elle annihile les efforts de développements et de progrès”, a déclaré le Premier ministre.
Des “accords de cessation des hostilités” signés début août par des groupes armés peuls et dogons, lors d’une précédente visite du chef du gouvernement, n’ont pas empêché la poursuite des violences.
“J’ai environ 700 hommes armés qui vont venir ici dans le camp de Soufroulaye pour déposer les armes et participer au programme DDR. Nous sommes fatigués par cette guerre”, a déclaré le chef d’une milice peule, Oumar Aldiana.
Le revers de Boulkessy a conforté le sentiment d’impuissance du pouvoir face à la dégradation de la situation dans un pays en proie depuis 2012 à des insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences interethniques.
Il suscite la colère des familles de militaires, dont plusieurs dizaines ont manifesté vendredi devant le camp de l’armée à Sévaré, à 15 km de Mopti.
AFP