Des dizaines de personnes ont manifesté, le samedi dernier, à l’Esplanade de la Bourse du travail de Bamako, pour protester contre la MINUSMA et Barkhane, tout en demandant à l’État de nouer nouvelle coopération avec la Russie. C’était à la faveur d’un meeting organisé par le Groupe des Patriotes du Mali (GPM) et la Plateforme des Jeunes Musulmans et Patriotes du Mali (PJMPM).
Très en colère suite au drame de Boulkessi où plus de 30 soldats maliens ont été tués, quelques dizaines de manifestants se sont regroupés devant la Bourse du travail pour dire non à la présence de la MINUSMA et de Barkhane au Mali. Brandissant des pancartes et banderoles, des manifestants brandissaient des slogans hostiles à la France et à la MINUSMA. « A bas la France », « On ne veut pas la MINUSMA». C’est la énième fois qu’à Bamako que des voix s’élèvent pour dire non aux forces étrangères.
Pour de nombreux manifestants, la MINUSMA et l’Opération française Barkhane ont montré leurs limites à aider le Mali à sécuriser son territoire et à ramener la paix. Donc, ni la MINUSMA ni Barkhane n’est à hauteur des attentes du peuple malien, affirment des manifestants à l’image de Toumani CAMARA, un sexagénaire.
Pour ce vieux qui a bravé la fine pluie de ce jour, la France est en train d’aggraver la situation de son pays. « On n’a plus d’espoir, car jour après jour, on n’a l’impression que le pays s’éloigne de la paix. On n’a plus d’espoir parce qu’ils sont en train de tuer nos enfants, nos frères et nos petits-fils au nord et au centre du pays », se résigne le vieux CAMARA, tout en affirmant que ce chaos, dans une partie du Mali, ne devait pas exister si la MINUSMA et Barkhane étaient sincères avec notre pays.
Jugeant ces forces inefficaces et incapables, le Mali doit lorgner du côté de la Russie pour une coopération militaire plus sincère et avantageuse, a indiqué Toumani CAMARA. Et le peuple malien doit sortir en grand nombre pour exiger du pouvoir central cette coopération.
Outre les responsables du Groupe des patriotes du Mali (GPM) et de la Plateforme des jeunes musulmans et patriotes du Mali (PJMPM), le meeting a été également une tribune à d’autres leaders d’opinion, tel Clément DEMBELE, d’exiger le respect de la souveraineté du Mali, tout en envisageant de nouvelles coopérations militaires avec d’autres pays.
« Aujourd’hui, nous sommes là pour demander la remise en place l’amitié maliano-russe. Nous voyons qu’il y a 2/3 du territoire malien qui vit dans l’insécurité. Le Mali risque de disparaître dans son existence. En ce moment, il revient à tout le peuple malien de demander la libération territoriale en tout exigeant l’intégrité du territoire national. Nous demandons tout simplement que le Mali soit libre », a souligné Clément DEMBELE. Selon lui, cette liberté s’inscrira dans le cadre de la globalisation et de la mondialisation par des partenariats stratégiques, bien fondés. Et, c’est là où nous demandons aussi l’amitié avec la Russie basée sur des valeurs économiques, sur des valeurs militaires, a précisé M. DEMBELE, porte-parole de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage.
Contrairement à certains manifestants, il n’est pas d’avis pour le départ de la France ou de la MINUSMA, mais, souhaite-t-il, un renforcement du dispositif sécuritaire avec la Russie. « Nous ne sommes pas contre la France ni contre la MINUSMA. Mais nous constatons que ces forces ont montré leurs limites. Nous sommes désemparés et nous ne pouvons assister au déclin de notre pays. C’est pourquoi nous sollicitons de l’appui auprès de tout État qui a une puissance pour nous aider », a indiqué Clément DEMBELE.
Est-ce possible la coopération avec la Russie, demande-t-on ? Pour Clément, c’est bien possible. La France est intervenue au Mali ; pourquoi pas la Russie, interroge-t-il ? Puis, argue-t-il, le Mali n’est pas hermétiquement fermé et n’est plus une colonie. Donc, soutient-il, le Mali est libre de choisir le partenaire qu’il veut. «Nous n’avons pas d’ennemis, nous n’avons pas d’amis. Nous n’avons que des intérêts. Aujourd’hui, le peuple malien veut défendre son intérêt », a-t-il déclaré.
Également dans leur déclaration, les organisateurs de la manifestation ont dénoncé le statut actuel de Kidal et demandé à cet effet que la souveraineté de l’État y règne.
Par ailleurs, le même jour à Kayes, des centaines de personnes ont aussi marché pour demander le départ de la France et de la MINUSMA.