ÉconomieLe ministre français des finances, Bruno Le Maire l’a déclaré vendredi dernier à Paris "La France est ouverte à une réforme ambitieuse du franc CFA"
La capitale française a accueilli, la semaine dernière, la réunion des ministres des Finances et des responsables des institutions économiques et monétaires des 14 pays de la Zone franc. Lors d’une conférence de presse, en marge de cette rencontre, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire a déclaré que son pays » est ouvert à une réforme ambitieuse du franc CFA « , tout en précisant que » c’est aux Etats membres de la définir ».
Nous sommes ouverts, avec le président de la République(NDLR : Emmanuel Macron), à une réforme ambitieuse de la Zone franc « , a affirmé le ministre Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse, à Paris, au terme d’une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des pays membres du franc CFA. Le ministre ne s’arrête pas là, « nous sommes disponibles et nous sommes prêts« , a-t-il ajouté. « Ensuite, c’est aux États membres de décider ce qu’ils souhaitent. C’est à eux et à eux seuls« , a prévenu le ministre français qui a dit attendre « les attentes des États et des peuples » sur la réforme du franc CFA, en vigueur dans 15 pays africains, répartis en trois zones.
Il a toutefois longuement énuméré les mérites de cette devise. En effet : « la Zone franc est un espace de stabilité et de prospérité. Elle permet à tous les États membres de travailler ensemble, d’être solidaires, de faire converger davantage les économies« , a-t-il déclaré. « Être ensemble, ça protège! C’est vrai pour les États de la Zone Franc et c’est vrai pour les États de la Zone Euro« . Il a aussi qualifié d’acquis « fondamental » la stabilité des taux de change pour la Zone Franc » à un moment où l’on voit resurgir le risque d’une guerre des monnaies et des changes« , rappelant aussi qu’il n’y avait pas d’inflation dans les pays membres.
Début juillet, le président français, Emmanuel Macron avait assuré que le sujet délicat de l’avenir du franc CFA pouvait être discuté « de manière apaisée » et « sans tabou« .
Ces déclarations des autorités hexagonales interviennent après les remous d’une frange d’acteurs de la Société civile et même des responsables politiques ouest-africains contre cette monnaie décriée et même considérée comme » une monnaie coloniale » et une » monnaie d’appauvrissement« . Elle s’est insurgée contre le fait que cette monnaie soit arrimée à l’Euro sur la base d’une garantie du trésor français auprès duquel se trouvent logés 50% des réserves de change des 14 pays africains utilisateurs du CFA. Cette politique monétaire, qui lie la France aux 14 pays de la Zone CFA, a été même décriée, il n’y pas longtemps par certains hauts responsables italiens établissant ainsi le parallèle avec l’immigration.
Ce sont le Vice-Premier ministre du Conseil italien, Luigi Di Maio et le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui avaientaccusé « la France de maintenir la colonisation à travers le franc CFA » et « d’appauvrir les Africains en les conduisant à l’immigration« . A ces remouss’ajoute la décision des Etats membres de la CEDEAO d’accélérer le processus de création de l’Eco, la monnaie unique en 2020.
Avec cette déclaration du ministre français des finances, on peut désormais affirmer que la balle est dans le camp des chefs d’Etat et de gouvernements des pays 14 pays de la zone qui doivent assumer leurs responsabilités soit en concrétisant la création de la monnaie unique ou s’engager à de profondes réformes dans la coopération monétaire avec la France.