Au lendemain d’une marche citoyenne organisée par la plateforme Fasoko de Sévaré contre la présence des forces étrangères au Mali, une foule de manifestants a pris pour cible les locaux de la Minusma de Sévaré, le samedi 12 octobre 2019.
Organisée pour protester contre la position ambigüe des forces étrangères, dont les manifestants accusent d’être en complicité avec djihadistes, la manifestation a dégénéré malgré son encadrement par les forces de l’ordre.
Selon un témoignage local confié à nos confrères du Studio Tamani, « tout a commencé avec une manifestation des épouses de militaires devant le camp des forces maliennes dans la ville. Ces femmes, pour le deuxième jour consécutif, protestaient contre l’envoi de leurs époux au front. Alors que ces manifestantes assiégeaient le camp militaire, des individus se sont dirigés vers l’entrepôt de la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Au nombre de plusieurs dizaines, ces individus ont fait irruption dans l’entrepôt. Une fois dans la cour, les manifestants ont vandalisé les magasins et containers qui se trouvaient sur les lieux. Et emporté tout ce qu’ils pouvaient prendre. Au moins deux véhicules de la mission onusienne ont également été incendiés dans le camp. »
Dans un communiqué, la Minusma indique que « depuis quelques jours, un certain nombre d’amalgames savamment entretenus tendent à détourner la Minusma de sa mission, telle qu’elle est définie dans la résolution 2480 (2019) du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi, des manifestations organisées par la Plateforme FasoKo, censées être pacifiques, se déroulent à Sévaré depuis quelques jours, mais ont dégénéré aujourd’hui en ciblant plusieurs dizaines de containers de stockage de la Minusma situés à l’extérieur du camp. Elle a déploré un important matériel logistique et de constructions dérobées et la destruction de camion citerne qui a été brûlé. Tout en respectant la liberté d’expression et la tenue de manifestations pacifiques, la Minusma a précisé que ces actes de vandalisme sont totalement inacceptables et indignes.
Et le Gouvernement du Mali d’appeler au calme et à la retenue, en invitant les manifestants à s’exprimer sans violences ni vandalisme. S’il n’y a pas eu de perte en vie humaine ni de blessé, le bilan provisoire, selon le communiqué du gouvernement, fait état d’une cinquantaine de conteneurs remplis de matériels vandalisés, dont neuf (09) incendiés à moitié, deux (02) véhicules Minusma incendiés. En réplique, le gouvernement rassure que les investigations seront menées pour arrêter et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes.
En attendant, le gouverneur de la région a décrété un couvre-feu de 18h à 06h du matin à partir de ce samedi 12 octobre jusqu’au dimanche 20 octobre 2019.