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Au centre du Mali, en proie à la violence, l’éducation est devenue un luxe
Publié le lundi 14 octobre 2019  |  frantvinfo
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Le conflit qui ravage le pays depuis 2012 ne cesse de s’aggraver. Pour les enfants, aller à l’école est devenu quasiment impossible.

Les violences, qui se sont propagées dans certaines régions du Mali, obligent les populations à fuir leurs villages. Des exodes qui empêchent les enfants d’aller à l’école. Le centre du pays est depuis 2015 le théâtre d’affrontements entre différentes ethnies. Et l’apparition du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa a accentué le conflit. Pour le chercheur Modibo Galy, spécialiste du centre du pays, "les écoles sont pour le groupe d’Amadou Koufa l’incarnation de la culture occidentale, c’est un symbole des Occidentaux qu’ils combattent".



A l’Académie de Ségou, le directeur régional Itous Ag Ahmed Iknan brandit un courrier : "Regardez, encore une école qui ne pourra pas ouvrir ! C’est une lettre que j’ai reçue de Souba, juste de l’autre côté du fleuve, qui nous signale que huit jihadistes sont venus la semaine passée prêcher pendant cinquante minutes. (…) Dans leurs prêches, ils demandent que les écoles ferment. Il faut que l’armée revienne, que la zone soit sécurisée, sinon les écoles ne rouvriront pas."

Comme des centaines de milliers d’autres déplacés, Fatoumata Dja, 29 ans, a été obligée de fuir son village de Mamba avec ses trois enfants. Mamba se trouve près de Mopti, la région la plus touchée par les violences jihadistes et les groupes autoproclamés d’autodéfense. Sur les 920 écoles fermées au Mali à cause du conflit, plus des deux tiers se trouvent à Mopti, Ségou et Koulikoro, trois régions du centre.

Fatoumata Dja a trouvé refuge à Ségou, une des principales villes du centre à environ 200 km de son village. Elle raconte à propos d’Oumou Tomboura, sa fille de 9 ans : "Evidemment, j’aimerais bien qu’elle aille à l’école, mais ce n’est pas possible. (…) Quand elle a eu l’âge d’aller à l’école à Mamba, les jihadistes sont venus menacer les instituteurs et l’école a fermé. Alors elle n’y est jamais allée."

Mais à Ségou, où se sont réfugiés plus de 20 000 habitants, aucune école n’a accueilli d’enfants de déplacés pour la rentrée. Le Mali pauvre et éprouvé par ces années de conflits a un système public en pleine déliquescence. Pouvoir réintégrer des milliers d’enfants déracinés est long et difficile.

Pourtant Abdoulaye Diallo, du Comité d’action pédagogique de Ségou, organisme qui supervise l’éducation primaire, explique : "Il faut que les déplacés viennent s’inscrire chez nous et qu’on les oriente vers une école qui pourrait les accueillir." Mais Fatoumatata Dja n’a pas été informée et la rentrée a eu lieu sans sa fille. De plus, elle fait ses comptes et, entre les habits neufs, les chaussures, les fournitures, elle estime qu’"il faudrait 50 000 francs CFA (76 euros)" et elle ne les a pas, précise-t-elle.

Au Mali, face à la crise, le gouvernement et les organisations internationales ont redoublé d’imagination : des cours à la radio, une formation d’enseignants sur tablettes, un accent mis sur le psychosocial pour répondre aux traumatismes des enfants, des centres d’apprentissage montés de toutes pièces dans des camps ou villages... MICHELE CATTANI / AFP


"Les solutions doivent être locales et étudiées au cas par cas", estime Eliane Luthi, porte-parole à Bamako de l’Unicef. A Ségou, une ONG locale a recensé les besoins pour distribuer plus tard le matériel scolaire et permettre aux enfants déplacés de rejoindre les autres à l’école en cours d’année. Fatoumatata Dja compte là-dessus. "On espère que les partenaires vont nous aider !", dit-elle en regardant sa fille jouer avec d’autres déplacés.

Dans les trois pays du Sahel - Burkina Faso, Niger et Mali - touchés par une crise multiforme, le nombre d’écoles fermées à cause de la violence a été multiplié par six ces deux dernières années, selon l’ONU.
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