Depuis sa démission fracassante des forces armées, le 30 novembre 2017, Moussa Sinko Coulibaly s’est mis dans une logique irréversible d’alternance. C’est ainsi qu’il appelait les Maliens à la mobilisation en 2018, dans le sillage d’un rendez électoral qu’il a présenté comme vital et indispensable. Et pour cause, le pays courait à ses yeux le risque d’une disparition certaine avec le pouvoir en place. C’est dans cette optique qu’il choisit de briguer la magistrature suprême. Résultat : il est arrivé 15/ 24 candidats, avec 0,92 % de suffrages. Loin d’en être abattu, sa rébellion en a pris de la vigueur et le Général n’a jamais raté une seule occasion pour charger le régime d’IBK de tous les péchés d’Israël. En atteste ses déclarations lors des meetings et conférences de presses post-électoral où général démissionnaire n’entend aucun langage autre que celui du changement, lequel passe à ses yeux par la destitution d’in régime incapable de juguler les défis sécuritaires.
La double attaque de Boulkessi et de Mondoro donnera ainsi à Moussa Sinko l’occasion de revenir à la charge. En effet, dans un triple tweets, le 2 octobre 2019, l’ancienne tête pensante du CNRDRE, après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes et souhaité prompt rétablissement aux blessés, relève ceci : «Cette attaque confirme que la montée en puissance de l’armée malienne n’est qu’un grotesque mensonge d’Etat masquant une incapacité notoire du régime à restaurer l’appareil sécuritaire de la nation ». Selon le même tweet du Général-politique «la nation est meurtrie par l’incompétence du régime et de sa médiocrité à nulle autre pareille ». Et Sinko de conclure qu’il est temps de trouver des moyens pour mettre la fin à cette gouvernance scabreuse, à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple”
Convoqué au Camp I de Bamako, sur instruction du procureur de la République près le tribunal de la commune V du district de Bamako, le 10 octobre 2019, Moussa Sinko, a nié en bloc la présomption formulée à son encontre, notamment le désir et l’animation d’un projet renverser le régime.
En effet, à sa sortie du camp, au bout de 7 heures d’audition, le Général Sinko s’est confié aux journalistes en déplorant une mauvaise interprétation de ses écrits. L’esprit de son tweet, selon lui, était de dénoncer la souffrance du peuple malien, la mauvaise gouvernance et la situation générale du pays, a-t-il expliqué avant de persister sur une interprétation de ses propos par une personne qui ne comprend pas le français. «On m’a expliqué, à travers une correspondance du procureur, qu’il y a eu quelqu’un qui a pensé que ce tweet était une incitation à une révolution, une insurrection, un soulèvement et un coup d’Etat… Je doute vraiment si la personne comprend français et j’invite la personne à retourner à l’école pour apprendre à lire et à comprendre le français», a déclaré Moussa Sinko Coulibaly. Et de lever toute équivoque sur l’idée d’un coup d’Etat, au motif qu’il est respectueux de la constitution et les lois de la République. Par ailleurs, l’ambition de sa ligue démocratique pour le changement «est de mettre fin à la gabegie, à la corruption, au clientélisme et au népotisme», a indiqué son président, en déplorant enfin les intentions prêtées à son tweet. «Elles sont loin d’être l’esprit et la lettre de ce que nous avons écrit », a-t-il insisté avant de marteler son soutien à l’armée malienne.
Cependant, s’en tenir aux termes d’un adage Bambara « Il n’y qu’une alternative pour détrôner un roi, sacrifier son château». Comment, en définitive, l’ex Directeur de cabinet du Capitaine putschiste Amadou Aya Sanogo compte mettre un terme à un régime fraichement réélu pour un second et dernier mandat, si ce n’’est par une rupture de l’ordre républicain ? La réponse à cette question, dit-il, se trouve dans son projet de société.
Alors que d’aucuns voyaient l’ex-ministre de l’Administration territoriale rejoindre ses compagnons d’armes en prison, notamment les membres de l’ex junte de Kati, Moussa Sinko Coulibaly est finalement regagné son domicile après son audition. Probablement avec des consignes fermes de revoir sa copie puisqu’en dehors de son adresse à la presse et une d’une vidéo apparemment taillée sur mesure, le président de la Ligue démocratique pour le changement a observé un silence de cimetière sur la toile et peut-être signe ainsi un retour forcé dans la République.
Pour la suite, le Général estime qu’il appartient à ceux qui l’ont convoqué de bien analyser ses propos et sa déposition consignée dans le PV d’audition et d’en donner la suite appropriée. En attendant, il dit être à la disposition de la justice malienne pour apporter d’éventuelles précisions et explications. A un détail près. Jugeant son combat juste et nobles, il met en garde contre toute tentative de le dévier sur son chemin pour mener le peuple malien vers une sortie définitive de crise.