À quelques jours de l’élection présidentielle au Mali, les défis logistiques sont encore nombreux. Certains Maliens, comme la plupart des réfugiés du camp de Niamana, près de Bamako, ne pourront ainsi pas participer au vote.
Le compte à rebours a commencé. L’élection présidentielle au Mali se déroule dans moins de cinq jours et la Direction générale aux élections (DGE) joue un contre-la-montre pour organiser au mieux le scrutin. Le président par intérim Dioncounda Traoré avait prévenu : les élections ne seront pas parfaites.
Parmi les centaines de milliers de déplacés à l’intérieur du Mali, contraints de fuir leur domicile face aux violences dans le nord du pays, il y en a peu qui pourront se rendre dans les bureaux de vote. Ainsi, dans un camp catholique, situé à Niamana, à une cinquantaine de kilomètres de Bamako, une partie des 130 réfugiés, originaires du Nord, ne pourront pas voter, selon l’envoyée spéciale de FRANCE 24 Philomène Rémy.
"Le peu de personnes qui ont reçu leur carte d’électeur ici ne sont pas enregistrées dans le secteur où elles ont trouvé refuge, rapporte-t-elle. Les gens nous ont fait part de leur colère, ils se sentent exclus. Mais malgré cela, ils nous ont confié : ‘Mieux vaut organiser ces élections tôt que jamais’".
La "lente précipitation" de l’élection
Un constat partagé par le président de la DGE, le général Siaka Sangaré. "Plus une transition s’étire dans le temps, plus les risques de dérapage sont élevés, affirme-t-il lundi 22 juillet dans les colonnes du "Figaro". Il faut donc se précipiter lentement, et c’est ce que nous faisons."
Par ailleurs, malgré la "lente précipitation" voulue par le général Siaka Sangaré, et au-delà de l’aspect logistique, le 28 juillet est loin d’être une date idéale pour les Maliens. La présidentielle se déroule en effet au plus fort de la saison des pluies et en plein ramadan. "On ne pouvait choisir pire période pour tenir l’élection, ça frise l’irresponsabilité", résumait fin juin Djiguiba Keïta, secrétaire général du Parti pour la renaissance national (Parena).
Dans le nord, la situation sécuritaire et les défis logistiques sont par ailleurs tels que de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une élection trop précipitée. Un candidat à la présidentielle, Tiébilé Dramé, a même jeté l’éponge, jugeant indispensable l’octroi par les autorités d’un délai supplémentaire pour une meilleure organisation du scrutin. "Je ne veux pas m’associer à un processus dans lequel je ne crois pas", a-t-il affirmé.
L’enjeu du taux de participation
Malgré tous ces écueils, les autorités espèrent que le scrutin du 28 juillet mobilisera autant les électeurs qu’en 2007, date où le taux de participation avait atteint le records de 36% à la présidentielle. La mobilisation est le grand enjeu de cette élection, sensée sceller la réconciliation du pays et rétablir l’ordre constitutionnel, un an et demi après le coup d’État militaire contre le président Amadou Toumani Touré.
"Ici, dans la région de la capitale, les habitants ont envie d’y croire, témoigne Philomène Rémy. Il y a six mois, au début de l’intervention Serval [l’opération de l’armée française lancée le 11 janvier 2013 contre les indépendantistes du Nord-Mali, NDLR], personne ne pensait que des élections auraient lieu dans un laps de temps aussi court".