Des enfants et des jeunes d’Éthiopie, du Mali, du Soudan du Sud, du Nigéria et de la République démocratique du Congo ont tenu, du 15 au 17 octobre dernier leur première conférence panafricaine sur les enfants et les conflits armés. Au cours de cette rencontre, ils ont interpellé les autorités africaines en les exigeant d’apporter des changements dans leur pays respectif afin de garantir la sécurité des enfants en période de conflit.
Des enfants de six pays africains étaient en conclave de deux jours à Addis-Abeba pour parler du respect de leur droit dans le cadre de la première Conférence panafricaine sur les enfants et les conflits armés. Elle était initiée par l’organisation des droits de l’enfant African Child Policy Forum (ACPF) et l’ONG internationale Save the Children, avec le soutien financier de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement.
Ont pris part à cette réunion des enfants et des jeunes, des délégués de l’Union africaine, des représentants gouvernementaux et de décideurs politiques, des experts de la protection de l’enfance, des membres du monde universitaire et de la société civile. Plusieurs thématiques liées à la protection des enfants pendant et après le conflit armé, les graves violations des droits des enfants dans le contexte de conflits armés.
Pendant les deux jours de la rencontre, les participants ont discuté de la façon dont les mécanismes internationaux et régionaux peuvent mieux protéger les enfants touchés par les conflits armés en Afrique. Au cours de la conférence, servant de tribune, les enfants ont lancé un appel aux décideurs politiques des pays africains touchés par les conflits et une plate-forme pour élaborer une feuille de route pour la protection des enfants en situation de conflit.
« La guerre contre les enfants d’Afrique persiste et s’aggrave », a déclaré le Dr Assefa Bequele, Directeur exécutif de ACPF.
« Les dirigeants africains ne protègent pas assez leurs enfants contre les horreurs de la guerre. Malgré les résolutions répétées du Conseil de sécurité de l’ONU, les conventions internationales et les accords régionaux, les enfants africains continuent de souffrir. Les progrès en matière de protection sont lamentablement lents, et les auteurs de crimes de guerre et de violations graves sont rarement traduits en justice. »
Le nouveau rapport de ACPF, In the Firing Line : The War on Africa’s Children, révèle que des centaines de milliers d’enfants meurent chaque année, à cause de la malnutrition, des maladies et de la dégradation des soins de santé, de l’eau et de l’assainissement provoqués par les conflits.
Au moins, un enfant africain sur quatre vit dans une zone de conflit et le nombre de « violations graves » contre les enfants a presque triplé depuis 2010, selon le rapport de Save the Children, Stop the War on Children, publié en février 2019.
« Nous exhortons l’ONU, l’Union africaine et les parties en conflit à mettre fin aux nombreuses guerres sur le continent et à intensifier les mesures de protection des enfants touchés par les conflits », a déclaré Helena Thybell, Directrice de Save the Children Suède.
« Nous exigeons que les enfants qui vivent dans des zones de conflit bénéficient de la sécurité, de la justice et de l’aide pratique dont ils ont besoin pour se rétablir », a-t-elle expliqué.
« Les gouvernements africains doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux assassinats, mutilations, enlèvements, violences sexuelles, recrutement et utilisation d’enfants dans les conflits armés, et cesser les attaques contre les écoles, les hôpitaux et les opérations humanitaires. Ils doivent veiller à ce que les auteurs des violations contre les enfants soient tenus responsables », ajoute-t-elle.
Le Dr Assefa Bequele a souligné : « la guerre contre les enfants africains, souvent sous-estimée, est exacerbée par l’insécurité alimentaire, le changement climatique, la mauvaise gouvernance, l’absence d’État de droit, la corruption, les tensions intercommunales et l’extrémisme violent. Le sous-développement chronique, la guerre civile, l’instabilité politique et le terrorisme ont créé des situations d’enlèvements d’enfants, de recrutement forcé, de viol et de trafic. La protection des enfants dans les zones de conflit en Afrique est faible, fragmentée et sous-financée ».
Cette conférence, espèrent ses initiateurs, enverrait un message clair à l’ONU, à l’UA, à tous les acteurs des conflits et aux dirigeants politiques africains.
« Ces tragédies se produisent sous nos yeux, et nous ne protégeons pas actuellement les enfants touchés par les conflits armés », a déclaré le Dr Bequele.