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DR. VINCENT SANOGO, Chef de division prévention et prise en charge du paludisme au PNLP : « Il faut vite amener les malades à l’hôpital pour une prise en charge moins coûteuse et efficace »
Publié le vendredi 18 octobre 2019  |  Mali Tribune
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En cette fin d’hivernage, le paludisme est à l’état endémique dans notre pays. Cela a des coûts supplémentaires pour les familles. Pire, dans le traitement du paludisme, il y a une disparité entre les prix. Dr. Vincent Sanogo, chef de division prévention et prise en charge du paludisme au Programme national de lutte contre le paludisme explique dans cette interview le pourquoi.

Mali-tribune : Pourquoi y a-t-il une disparité entre les prix ?

Dr. Vincent Sanogo : La disparité entre les prix de traitement du paludisme peut être expliquée par beaucoup de facteurs et de paramètres. Premièrement, il y a l’état clinique du patient qui peut expliquer un peu la disparité des prix des ordonnances. Parce que l’ordonnance est dégagée en fonction de l’état clinique du patient. Le paludisme se manifeste de diverses manières chez les patients. Un cas de paludisme simple ne peut pas avoir le même coût de traitement qu’un cas de paludisme grave.



Le paludisme grave se manifeste aussi de diverses façons chez un patient. Il peut y avoir un seul signe de gravité chez un patient et chez un autre, une association de beaucoup de signes de gravité de paludisme. Il y a des patients qui arrivent déjà dans le coma, des convulsions, de l’anémie… On est obligé de traiter tous ses symptômes là en plus du traitement spécifique du paludisme.

Donc c’est ce qui fait que le coût est différent d’un cas de paludisme à un autre. Il y a aussi le niveau de prise en charge comme second paramètre. Quelqu’un qui va au Cscom et quelqu’un qui fait sa prise en charge au niveau des CSref n’auront pas forcément la même prestation ni le même plateau technique et donc les coûts diffèrent. En gros, c’est ce qui peut expliquer la disparité souvent des coûts des épisodes de paludisme chez les patients dans les formations sanitaires publiques. Par contre, le privé c’est à but lucratif. Nous ne maîtrisons pas trop les tarifs des prestations des soins dans le secteur privé. Nous contrôlons surtout les tarifs dans les secteurs publics.

Mali-tribune : Est-ce que le prix élevé des consultations ne décourage pas les patients ?

Dr. V. S. : Dans les structures publiques aujourd’hui, on ne peut pas parler d’élévation du prix des consultations. Car, il y a une politique sectorielle de santé qui existe et qui encadre tous ces paramètres y compris les coûts de consultation. Au niveau d’un Cscom, on ne verra jamais un ticket de consultation qui dépasse les 600 F CFA et au niveau des CSref, un ticket ne dépassera pas 1000 F CFA. Les hôpitaux c’est autour de 1000 à 2000 F CFA les consultations. Donc on ne peut pas parler du coût élevé de consultation parce que pour accéder à une structure de santé, il faut d’abord prendre un ticket de consultation. Les tickets sont aussi fixés en fonction des niveaux des pyramides de prise en charge.

Au niveau des Cscom, il y a des tarifs qui sont fixés pour la consultation. Au niveau des CSref, qui constituent le deuxième niveau, il y a des tarifs bien fixés et au niveau des hôpitaux aussi qui constituent la référence du haut niveau, il y a aussi des tarifs qui sont fixés. Le tout en conformité avec les revenues des populations. Tout le monde est tenu à respecter ces tarifs.

Par rapport au secteur privé, on n’arrive pas à le cadrer par ce que c’est à but lucratif et les tarifs ne sont pas du tout contrôlés. C’est souvent là qu’on a des inflations des coûts élevés et plein de disparités entre les différentes structures. C’est dans ce secteur que nous n’arrivons pas à mieux cadrer sinon au niveau du secteur public, les choses sont bien cadrées et les tarifs sont bien contrôlés en matière de consultation.

Mali-tribune : Le taux de mortalité est-il élevé ?

Dr. V. S. : De façon générale, quand on compare à d’autres pays, notre taux n’est pas aussi alarmant. Le gouvernement a développé pas mal de politiques pour arriver aujourd’hui à mieux maîtriser les taux de morbidité et de mortalité de beaucoup de maladies.

Il y a aussi beaucoup de gratuités qui ont été instaurées surtout chez les enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes pour pouvoir réduire justement le taux de mortalité. Les efforts de cette politique se font sentir sur le terrain parce qu’au Mali, le paludisme constitue la première cause de tout ce qui est consultation dans nos formations sanitaires et tout ce qui est taux de mortalité.

Grâce à la politique de la gratuité de tous les soins de lutte contre le paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, nous assistons aujourd’hui à une réduction du nombre de cas de paludisme chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.

Mali-tribune : Est-ce qu’il y a une politique nationale en matière de santé au Mali ?

Dr. V. S. : Oui, dans un pays, il ne peut pas ne pas avoir une politique nationale en matière de santé. Il y a le Prodes qui est un document cadre de la santé et du développement social au Mali qui cadre toutes les interventions en matière de la promotion de la santé au Mali et en matière d’offre de soin. Cette politique existe et elle est connue aujourd’hui de tous les prestataires dans les secteurs publics. Les gens sont obligés de se soumettre à cette politique. Pour aller plus en profondeur, nous avons aussi une politique nationale de lutte contre le paludisme aujourd’hui. Cette politique est basée sur les orientations de l’OMS, mais, à travers elle, nous parvenons à élaborer des directives qu’on met à la disposition de tous les prestataires du secteur public pour pouvoir emmener tout le monde à avoir la même démarche en matière de lutte contre le paludisme.

Propos recueillis par

Djénébou Kané

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