Un véritable flou se trouve entretenu sur l’orientation des élèves admis au DEF au titre de l’année scolaire 2018-2019. Le processus sent le dragon d’une corruption qui ne dit pas son nom.
La course effrénée à la marchandise scolaire que constituent les élèves admis au DEF défraie actuellement la chronique au Mali. En plus, elle donne lieu aux sujets de causerie dans les « grins » et boutiques dans tous les coins et recoins du Mali.
Depuis la rentrée scolaire au Mali qui est d’ailleurs effective sur toute l’étendue du territoire, les admis au DEF de l’année scolaire 2018-2019 sont dans l’attente de l’orientation pour connaitre les écoles qui doivent les recevoir au titre de l’année scolaire 2019-2020.
L’on se rappelle qu’à l’occasion de sa rencontre avec les directeurs d’Académie, le ministre en charge de l’Education nationale, Témoré Tioulenta, avait jugé nécessaire de « faire le plein des établissements publics ». Le patron du département instruira aux DAE d’identifier les meilleures écoles privées pour loger le reste des admis au DEF, afin de leur permettre de poursuivre leur cursus scolaire.
Cette décision du premier responsable du département de l’Education est prise dans l’objectif d’aider l’Etat à économiser sur les « 30 milliards de FCFA » donnés aux promoteurs privés en guise de frais de scolarité des élèves orientés dans leurs écoles.
De l’eau dans le gaz !
Si la décision du ministre Tioulenta est louable selon beaucoup d’observateurs de la scène scolaire du Mali, ce qui est à déplorer, c’est la publication de la fameuse liste des établissements privés qui répondent aux critères d’éligibilité. Cette manière de procéder serait une alerte aux établissements inéligibles qui, se connaissant sevrés d’avance, entreprendront des démarches peu scrupuleuses pour se procurer des élèves.
Donc, ces promoteurs, pour avoir des élèves en 1ère année dans les centres et en 10ème commune dans les lycées, seront tentés de pratiquer le chemin court, celui de la corruption. Car, ils sont convaincus que l’argent corrupteur peut ouvrir beaucoup de portes au Mali.
Ce qu’il convient de signaler, c’est que ces promoteurs d’établissements illégaux savent qu’un centre sans 1ère année ou qu’un lycée sans 10ème commune n’aura pas à exister pour longtemps. Car enfin, ils savent aussi que leurs écoles ne répondant pas aux normes requises sont incapables d’être indépendantes. C’est-à-dire sans les élèves de l’Etat, leurs établissements seront appelés à disparaître immédiatement. Ce qui fait que la majorité de ces établissements compte sur les élèves de l’Etat du Mali. La plupart de ces promoteurs se servent de ces marchandises humaines pour s’enrichir. Et cela, en foulant aux pieds le cahier de charges qui les autorise à ouvrir les écoles.
Le défi des promoteurs privés à Tioulenta
L’on se rappelle du défi que les promoteurs commerçants ont lancé au ministre Tioulenta. Ils ont catégoriquement refusé de maintenir les élèves en classe jusqu’au 31 juillet 2018 comme l’avait exigé le ministre Tioulenta. C’était une manière pour le chef du département de rattraper le temps perdu pendant la grève des enseignants. Si les Académies avaient bien suivi ces écoles récalcitrantes, aujourd’hui, elles seraient sur la liste noire. Au lieu d’être timorés, beaucoup de ces promoteurs ont opposé le niet de Molotov à la décision de Témoré !
Ces failles éloquentes font en sorte qu’aujourd’hui la procédure de l’orientation a du plomb dans l’aile. Et pour cause, la liste publiée jette la poudre aux yeux des Maliens. Ce semblant de transparence frôle l’incapacité du ministère à contraindre les promoteurs d’écoles privées à respecter la convention de l’ouverture d’une école privée. Pour ce faire, l’objectif d’assainir l’école malienne est loin d’être atteint.
Pour corriger ces promoteurs dont les écoles sont en manque de critères d’éligibilité, il faudra parachuter la sanction au lieu de les avertir par la publication stratégique de la fameuse liste des établissements devant recevoir des élèves.
Aussi longtemps que l’école malienne battra de l’aile, l’insécurité intellectuelle sonnera le glas de la compétence et de l’excellence de façon systématique.
A noter qu’avec ces méthodes tonitruantes, le baccalauréat dans l’espace Uemoa prévu dans les années à venir promet au Mali l’opprobre nationale. L’école malienne restera-t-elle identique à « l’Albatros » de Charles Baudelaire ? En tout cas, l’oiseau lourd n’a jamais pris son envol !