Qu’est-ce qui se passe dans la tête des fils du Mali avec ce verbiage sombre, lugubre ? C’est à se demander si Cerbere* (Gardien des portes de l’enfer, il est dit de lui qu’il est sévère et intraitable selon une certaine mythologie), n’a pas lâché du lest, nous livrant à des envolées diaboliques des acteurs du monde politique et des leaders des organisations de la société civile. Le constat, loin des intentions lugubres, est clair, limpide. Les archanges ne semblent plus être en odeur de sainteté avec les habitants du pays. Mais savent-ils exactement à quel saint se vouer ?
Les Maliens végètent dans un jardin de bonheur, mais se plaisent à appeler de tous leurs vœux la nuit noire, la nuit de toutes les indicibles intentions aux antipodes des prés d’herbes fraîches, dont tout le monde rêve. Bon Dieu, nous les observons dans leur pénombre et levons nos mains vers le Ciel pour implorer sa juste Clémence pour eux. Depuis plus de six ans, et même un peu plus, ils n’ont d’autres mots à la bouche et dans leurs déclarations que de la négativité : un vocabulaire sordide, souvent morbide. Si ce n’était que ça. Ils ont un « langage d’enfer », une logique verbale répugnante et nocive pour les esprits saints.
L’ex président Amadou Toumani Touré, affirmait tout de go : « Je ne suis ni un ange ni un démon ». Aussitôt après avoir été chassé du pouvoir par le peuple dont une bonne partie le considérait comme un « monstre froid ». Il y a eu le feu ; il y a eu le sang et il y a eu aussi l’eau, précisément la pluie, pour l’éteindre juste après le coup d’Etat du 22 mars 2012. Mais, le feu s’est emmené avec son lot de malheurs : oui, trop de malheurs. A peine le temps de boire à la source de l’eau de vie, la source de l’espérance, de retrouver des herbes fraîches dans un pays paradisiaque que les mêmes enfants ressortent. Ils veulent passer à table.
C’est visiblement le temps tant adoré par tous : manger. Après l’accession de certains, le RPM et ses alliés au trône de « la gloire », ils nous donnent l’impression d’être vraiment passés à table. Le temps du repas est convivial. Mais quoi au menu ? Il semble être malheureusement celui adoré par les hommes des ténèbres : « les vampires ». On nous informe avec une virginité de prostituée à peine voilée que « nous avons chassé le diable pour laisser la place aux vampires ».
D’autres également avaient été invités mais ont refusé de «dîner avec le diable». Mieux, ils ont chassé le diable de la table du festin. Pourquoi faire ? Changer de menu?
Il faut nécessairement changer le menu de la table. Tous les convives ne seront satisfaits que quand le menu aura varié.
Que faire ? En attendant, il faut changer la rhétorique. Anges ou démons ? Qui êtes-vous au juste ? Dieu seul sait l’impact que ce langage a sur notre vivre-ensemble. Pacifions nos langues ! Là, le Cardinal Jean Zerbo a compris et a vite fait de tirer la sonnette d’alarme : « Il faut exorciser ce pays !»