La crise que notre pays traverse, depuis des années est la résultante du «niokon moussalaha» et du «niokon na siran» qu’il faut arrêter immédiatement. C’est du moins la conviction de Sambou Sissoko pour qui ‘’il faut en finir avec la mystification du peuple, lui donner l’information vraie et globale pour qu’il assume en toute liberté, sa souveraineté’’. Il pointe un doigt accusateur aux hommes politiques comme étant la source du malheur qui nous tombe dessus.
La crise actuelle n’a pas surgi du néant, tant s’en faut. Elle est la conséquence d’une succession d’actes qui ont été posés devant les regards complaisants de la majeure partie de nos hommes politiques.
La résolution de cette crise ne sera possible que si ces deux préalables sont pris en compte : «niokon moussalaha ka dabila», «niokon na siran ka dabila». Ces termes bamanan sont porteurs d’une philosophie qui impliquent nécessairement une reconnaissance réciproque de tout un chacun comme les citoyens d’une même république égaux en droits et en devoirs et suffisamment informés, reconnaissance sans laquelle il n’y a pas de dialogue vrai.
Il ne faut pas se voiler la face, la politique chez nous, est pour le moment, l’affaire d’une minorité. Le peuple, au nom de qui tous les acteurs prétendent parler, dans son immense majorité (près de 90 % de la population), ne connait pas le contenu de la constitution du 25 février 92 et éventuellement celles qui l’ont précédée.
En vérité, le jeu se passe entre les élites politiquement cultivées suivies par des partisans plus ou moins nombreux et pour des motivations les plus diverses. Le peuple ne peut pas être tenu pour responsable du chaos dans lequel nous sommes tombés puisque les hommes politiques de ce pays ont tout mis en œuvre dans le but de diaboliser la chose politique de manière à ce qu’il s’en écarte sauf en période électorale.
Si on veut vraiment sauver le Mali, les élites politiques doivent se ressaisir et s’écarter des calculs politiciens et «alimentaires» pour donner une chance au vrai dialogue, un dialogue fécond, parce qu’exempt de toute forme de duplicité.
Il ne faut plus perdre de temps parce qu’au-delà de la gestion immédiate de la crise, se profile encore la réécriture correcte, incontournable de notre histoire depuis la révolte populaire de Mars 91 et même bien avant pour une réconciliation définitive de toutes les composantes de notre Nation.
Si tant est que cette Nation représente encore quelque chose dans l’esprit des uns et des autres. Nous savons qu’il y a des rancœurs refoulées (et légitimes) qui, si elles ne sont pas évacuées, peuvent, au moment le plus inattendu, remettre en question tout progrès qui puisse être réalisé aujourd’hui.
Il faut en finir avec la mystification du peuple, lui donner l’information vraie et globale pour qu’il assume en toute liberté, sa souveraineté. Il y a des moments exceptionnels dans l’évolution des sociétés où les peuples se trouvent face à la responsabilité de leur destinée. De la qualité de leurs meneurs dépend l’option finale.