La société CIM-SARL est de celle qui tourne, véritablement, à plein temps. Sans que l’on ne sache comment, ni pourquoi, elle obtient des marchés quand elle veut, livre (ou ne livre pas) comme et quand elle veut. Elle vient de récidiver au niveau de la CMDT.
Nous révélions dans ces même colonnes, il y a de cela deux semaines, des pratiques malsaines d’un certain Karagnara dans le cadre d’un marché de livraison de tenues militaires (suspendu pour l’instant). À l’époque, nous ignorions qu’il s’agissait aussi du responsable d’une société dénommée CIM-SARL (Commerce international pour le Mali-SARL). Une entreprise qui fait du commerce d’engrais et qui vient de s’illustrer à travers une livraison à nulle autre pareille. Nous ne savons pas par moyen elle est passée pour pouvoir fournir à la CMDT, le mois dernier tout près, des intrants alors même que les livraisons étaient arrêtées depuis le mois d’avril.
Selon nos sources, ce sont près de 2000 tonnes d’engrais NPK, et la même quantité d’urée, que la compagnie CIM-SARL a livrées dans le cercle de Sikasso, alors même qu’aucun besoin n’avait été exprimé, officiellement, dans ce cadre. Et tout cela au nez et à la barbe des responsables de la CMDT.
Nous écrivions que nous ne savons pas comment cela a pu passer ; en réalité, la pratique est simple et consiste à créer des besoins. C’est ainsi que procèdent les Karagnara et autres. Avec la complicité des cadres de sociétés et entreprises d’Etat, ils montent de toutes pièces des commandes, font des livraisons (souvent même fictives) inutiles, et se partagent les sous.
Une pratique dans laquelle excelle Ibrahim Karagnara et qui est à l’origine de la brouille entre lui et l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra. À l’époque, il voulait se faire payer pour un marché mal exécuté relatif à la fourniture d’équipements militaires. Igor en a d’ailleurs parlé dans le livre qu’il a écrit.
En réalité, cette histoire a été pour beaucoup dans la crise entre lui et l’ancien Premier ministre Modibo Kéïta. Finalement, l’opérateur économique véreux a été payé pour un marché mal exécuté au détriment du trésor public malien.
Va-t-on continuer à couvrir de telles pratiques au moment où l’on parle de lutte contre la corruption ? C’est le lieu, ici, de rappeler que l’homme est impliqué dans des affaires de carburant pas très nettes à travers une société du nom de Petro-Bama ; qu’il est celui qui facture à coup de milliards des équipements destinés aux Fama (Forces armées maliennes) et, la plupart du temps, de très mauvaise qualité.
Dans notre prochaine parution, nous reviendrons, en détails, sur le dossier Igor-Karagnara pour le paiement duquel il a fait intervenir l’ancien directeur de cabinet de la Primature, un certain Magassouba. Ce dernier fera des pieds et des mains pour obliger Igor à payer de l’argent à Karagnara. Contre quoi ? Nous y reviendrons.