Tout se passe comme si l’Etat abandonnait les villages à la merci des groupuscules djihadistes qui écument le Mali. Les forces de sécurités les plus proches des populations rurales n’opposent aucune offensive aux djihadistes. Les gendarmes, plutôt habitués à la répression économique, sont le plus souvent défaits comme ce fut le cas le 22 octobre dans la localité de Balé, cercle de Nara, région de Koulikoro.
Ce qui est étonnant, c’est que les autorités maliennes ferment les yeux sur l’obsolescence de l’architecture sécuritaire du pays. Les gendarmes et les gardes sont les plus proches des populations locales, mais ils sont en déphasage avec les menaces actuelles. Comment peut-on continuer à n’avoir des cantonnements défensifs que dans les cercles, même dans les zones où il est avéré que les djihadistes mènent des actions d’harcèlement?
L’autre grosse épine de cette architecture est que ses fondements sont fragiles faute de moyens matériels. Beaucoup de détachements de la gendarmerie se préoccupent plutôt de mener des opérations de contrôle des vignettes sur les axes routiers. Traquer les bandits et les terroristes est une mission dont ils n’ont pas les moyens. Ils sont sous armés, privés d’engins de déplacement et surtout moins proches des populations qui préfèrent les fuir.
Quant aux gardes, ils sont plus proches des populations rurales que les gendarmes puisqu’on les rencontre jusque dans les chefs-lieux de sous-préfecture(les ex-arrondissements). Mais les gardes ne sont là-bas que pour couvrir les arrières des sous-préfets, représentants de l’Etat. Généralement, on compte dans chaque sous-préfecture un seul garde, alors que le préfet est chargé d’administrer des plusieurs dizaines de villages.
Face à ce vide de sécurité, les villages s’organisent de plus en plus en milices pour se protéger des attaques djihadistes. Les chasseurs (Dozo), sont les premières forces sur lesquelles les populations comptent. Même la gendarmerie et le corps des gardes cherchent à se rapprocher des chasseurs et des jeunes ruraux afin de combler le vide laissé par l’Etat. Des rencontres formelles ont été organisées dans ce sens.
Nées dans les régions du nord, les milices ont aujourd’hui la cote partout au Mali. Leur efficacité n’est pas négligeable comme l’indique la raclée du GATIA aux djihadistes dans la zone de Doro le 22 octobre. Dans le Pays Dogon, la situation a plutôt tourné au drame avec la naissance d’affrontements entre différentes communautés sur fonds de manipulation par les groupes des djihadistes.