Un des groupes armés signataires de l’accord de paix au Mali, le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), a affirmé samedi "réfléchir" à se transformer en parti politique, estimant que cela permettrait d"’accélérer" la mise en oeuvre de l’accord, plus de quatre ans après sa signature. "Face à la réalité du terrain, et pour répondre aux aspirations légitimes de nos populations, nous devrons réfléchir à une plateforme politique", a déclaré le secrétaire-général du HCUA, Alghabass Ag Intalla, en ouverture d’un "congrès" de son groupe à Kidal, dans le nord-est du pays.Kidal fait partie des vastes zones du Mali qui échappent de facto à l’autorité de l’Etat.
Prise en 2012 par les rebelles jihadistes, elle est aujourd’hui, malgré la présence de bases française et des forces onusiennes, sous le contrôle d’ex-rebelles séparatistes touareg qui se sont soulevés contre le pouvoir central en 2012 avant de signer un accord de paix à Alger en 2015.La situation de la ville, à quelques centaines de kilomètres de l’Algérie et du Niger, suscite l’inquiétude des pays du Sahel, pour elle sert de base arrière à des jihadistes pour semer la terreur dans la région.La transformation en parti politique du Haut Conseil, formé en grande partie d’anciens membres du groupe jihadiste Ansar Dine, vise à "accélérer la mise en oeuvre de l’accord, pour une meilleure cohésion sociale et harmoniser notre lutte au bénéfice des populations", a expliqué Alghabass Ag Intalla, devant des délégués à la tête recouverte du traditionnel chèche des Touareg.
La réunion doit s’achever mardi.Les groupes armés indépendantistes ont pour la plupart signé l’accord de paix, renonçant à leurs velléités séparatistes contre plus d’inclusion dans la société malienne, y compris dans une armée reconstituée, et plus d’autonomie. Mais la mise en place de ces mesures reste très lente.La dernière réunion de suivi de l’application de l’accord, qui devait se tenir à Kidal en septembre, a été annulée par Bamako.
Le HCUA a notamment été visé par des accusations du Niger, Niamey ayant affirmé détenir des "preuves" - sans les avoir rendues publiques - de l’implication de membres de ce groupe dans des activités terroristes.Un autre groupe armé signataire de l’accord de paix, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), tiendra lui aussi un congrès à Kidal le 30 novembre, a affirmé samedi un de ses dirigeants, Billal Ag Cherif. "Nous allons examiner cette question pour que nous puissions rester dans la même dynamique", a-t-il affirmé depuis Kidal.