Selon le mouvement Dogon Baguine So, beaucoup de combattants de Dana Ambassagou ont été arrêtés parce qu’ils portaient une tenue traditionnelle Dogon que certains confondent avec la tenue de chasse. «Ceux –là doivent comprendre que le Dogon est fier de sa tenue vestimentaire », a indiqué Hamidou Djimdé, le président de Baguine So le 26 octobre lors d’une conférence de presse à Bamako.
Marcelin Guéguéré, le porte-parole de Dana Ambassagou, a affirmé que le DDR spécial entamé par le gouvernement dans la région de Mopti est mal emmanché et unilatéral. «Pendant deux ou trois ans les gens sont en train de s’entre-tuer. Vous voulez les réunir sur un site. Il y a une façon de faire cela. On est d’accord, mais il y a des conditions pour qu’on participe. Nos combattants qui protègent nos villages, retirer leurs fusils pour que les autres aillent nous tuer. Nous ne sommes pas d’accord », a-t-il déclaré.
Pour être désarmés, démobilisés, les combattants Dogon exigent d’abord la présence de l’armée malienne dans les villages pour protéger la population. « Nous ne pouvons pas laisser notre pays aux gens qui sont en brousse pour qu’ils viennent nous tuer. C’est ce que nous avons demandé aux responsables du pays. Ils nous ont écrit une lettre que nous sommes en train d’examiner. On a deux conditions : la libération de nos combattants », a déploré Marcelin Guégueré.
Il y avait 52 combattants de Dana Ambassagou emprisonnés à Sévaré dont un est mort il y a moins de deux semaines. Actuellement, les combattants que la milice Dogon essaie de libérer sont au nombre de 78 : 51 à Sévaré, et les 27 autres sont emprisonnés à Bamako.
Par ailleurs, la MINUSMA qui n’est pas l’ennemi est considérée comme un partenaire étrange par les Dogon. «Nos populations ne comprennent pas ces messieurs des véhicules blancs, lourdement armé, qui viennent se pavaner avec un air orgueilleux », a commenté Hamidou Djimdé. « S’ils séjournent dans nos zones, après leur départ, nos populations constatent le surarmement des ennemis ».
Ces mêmes populations ont porté des accusations à la MINUSMA soupçonnée de collaborer avec les ennemis du Pays Dogon. «Jusque-là nous n’avons vu aucun démenti de la part de la MINUSMA. Ce qui nous amène à croire aux accusations de ces populations », a poursuivi Hamidou Djimdé.
Par ailleurs, les Dogon portent de sérieux soupçons sur le contingent sénégalais qui opère dans la zone. « Ainsi, nous demandons à Fatou Thiam, chef de bureau de la MINUSMA à Mopti d’avoir un regard particulier sur les hommes qui opèrent chez nous. Nous doutons sérieusement de l’impartialité de la MINUSMA », a déclaré le président de Baguine So.
Les membres de ce rassemblement de personnalités d’origine Dogon ont dénoncé également l’immobilisme du gouvernement face à leurs doléances. Ils ont interpelé le Premier ministre Boubou Cissé dont voyage sur le terrain avait donné une lueur d’espoir. « Surtout une promesse avait été faite, il s’agit de la libération des combattants considérés comme injustement arrêtés souvent par la MINUSMA », a dit Hamidou Djimdé.