Reconnu comme l’ambassadeur du Mali, Salif Keita est avant tout un artiste complet, amoureux de la musique, des musiques. Amoureux de la liberté et de la joie de vivre.
L’histoire de Salif Keita est fascinante. Un parcours étonnant au cours duquel il a dû se battre contre l’ordre établi pour réaliser son rêve, être chanteur et jouer de la musique. Aujourd’hui artiste accompli, son amour pour la musique, il le transmet à son public à travers le monde. Il sera aux Nuits Peplum samedi soir. Rencontre avec une voix internationale venue du Mali.
Qu’est-ce que le public des Nuits Peplum entendra samedi soir ?
« Nous jouerons des morceaux de tous mes albums confondus. Une sorte de medley. Pas seulement des morceaux du dernier album. Sur scène, nous serons sept et un DJ nous accompagnera. »
Dans votre dernier album, Talé [sorti en novembre 2012], vous avez intégré de la musique électronique.
« Oui, nous avons choisi de faire des mélanges avec de la musique électronique, notamment pour les jeunes générations. C’est en quelque sorte une musique pour toutes les générations confondues. Comme j’ai fait beaucoup d’albums classiques, à écouter, je ne voulais pas que le nouvel album ressemble aux autres, que ce soit une copie. J’avais vraiment envie de me tourner vers l’électronique. Et j’ai eu l’occasion de rencontrer le producteur de Gotan Project et on a travaillé ensemble. »
Vous avez toujours eu cette envie de fusionner les musiques… En l’occurrence, là, l’électronique et la musique africaine…
« L’électronique peut très bien servir la tradition. Il n’y a aucune différence. On retrouve bien les origines, les mélodies africaines, sauf que c’est beaucoup plus dansant je trouve. Il faut mélanger les choses, les styles. »
Comment le public l’a-t-il accueilli ?
« Très bien. Cet album a été réalisé pour faire danser les gens. Ce n’est pas un album classique comme les précédents. C’est vraiment pour faire bouger les gens. Je voulais que ça soit joyeux. »
La joie et la paix sont d’ailleurs des thèmes récurrents dans vos albums ?
« On a tout le temps chanté la paix. Un grand africain disait “La paix n’est pas un mot, c’est un comportement”, il s’agissait de Félix Houphouët Boigny et il a raison. La liberté n’a pas de prix. C’est bien de se battre pour elle, pour son autonomie. »
Cette envie de joie et de gaieté vient-elle du fait que le Mali connaît un contexte particulier ?
« On n’a rarement parlé de cette guerre dans l’album. La guerre se passait surtout au nord et dans le reste du pays, on ne l’a pas trop ressenti. C’était très concentré. Mais les Maliens ont l’habitude de mélanger joie et tristesse. »
Vous avez aussi collaboré avec des artistes féminines comme Cesaria Evora… Vous aimez mélanger les voix ?
« Oui, j’aime beaucoup ça. Mais ce sont surtout des opportunités, à l’image de Cesaria Evora. C’est en fonction des disponibilités. Quand j’écris une chanson, je ne pense pas forcément à l’artiste avec qui je pourrais la chanter. J’écris et ensuite, c’est en fonction des personnes disponibles. Avec certains artistes, c’est plus facile. »
En concert, on sent qu’il y a un véritable échange avec le public…
« Oui c’est vrai, et cela a beaucoup évolué aussi. Dans les concerts aujourd’hui, on retrouve toutes les générations confondues et tout le monde danse. Il y a tous les âges et c’est très intéressant. Je voulais vraiment arriver à cela. Il y a un vrai échange et j’apprécie. »
Le théâtre des Roches est aussi une terre très marquée par l’histoire, c’est une terre de bataille, vous connaissez.
« Non, mais effectivement on m’en a parlé. Je ne connais pas la Bourgogne, je vais donc découvrir la région ce week-end, et je m’en réjouis. »
Vous pensez déjà au prochain album ?
« Je vais déjà prendre du repos mais peut-être que je pourrai faire quelque chose tourné vers la guitare-voix. On verra… »