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Foyer Bara de Montreui : 150 sans papiers dont des maliens évacués par les forces de l’ordre
Publié le mardi 29 octobre 2019  |  Autre presse
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Les forces de l’ordre ont expulsé plus de 200 personnes, dont près de 150 sans papiers. Leur situation inquiète les associations d’aide aux migrants.

Les valises ont été faites à la hâte au beau milieu de la nuit. Les vêtements, jetés pêle-mêle dans des sacs plastiques. Aux alentours de 4 heures du matin, les résidents de l’ex-foyer Bara installés depuis septembre 2018 dans l’ancien siège de l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ont été expulsés par les forces de l’ordre. Une évacuation ordonnée à deux jours de la trêve hivernale.

A 5 heures du matin, quelque 150 sans papiers ont été rassemblés dans le calme sur le trottoir de l’avenue du Général-de-Gaulle. Leur mot d’ordre : « Nous, pas bouger ! » Parmi eux, de nombreux jeunes adultes mais aussi quelques « anciens », des travailleurs âgés de plus de 60 ans. Ils seront restés toute la journée agglutinés sur ce bout de trottoir, attendant désespérément une solution de relogement leur évitant de passer une première nuit dehors.


« Je travaille en France depuis 1999 »
« Qu’allons nous devenir ? s’enquiert Touré Kandé. Nous sommes plus de 150 sans-papiers et 60 personnes sont en règle mais nous travaillons tous. »

A ses côtés, Sidibé, la soixantaine élégante, se protège de la pluie persistante sous un parapluie. « J’ai passé la nuit à faire les paquets, dit-il. Je n’ai pas de papiers mais je travaille dans une entreprise de ménage depuis 1999. Là, je ne sais pas où aller, ni ou poser mes bagages mais je dois me rendre au boulot. »


La veille au soir, aux alentours de 22 heures, le représentant de l’association du foyer Bara, Moussa Doucouré, a organisé une assemblée générale pour alerter les résidents de l’expulsion imminente. « Une réunion qui a permis à une majorité de résidents de ne pas être réveillé par la police », assure-t-il. Ce n’est pas le cas de Mamadou, 66 ans. Lui a eu la surprise d’être réveillé par des fonctionnaires « fermes, mais polis ».

Crainte d’une expulsion
Seule représentante politique présente dès potron-minet, l’adjointe au maire à la solidarité et aux populations migrantes, Halima Menboudji, a ciblé « la méthode scandaleuse du préfet », avant d’être alpaguée par plusieurs membres des Gilets noirs et de la Chapelle debout, deux collectifs d’aides aux migrants.

Ces derniers, qui ont publié un communiqué il y a une semaine pour s’inquiéter de la fermeture imminente de l’Afpa, s’étonnent « de la posture de la ville, parfaitement au courant de l’expulsion ». Ils exigent auprès de cette dernière « une solution de relogement immédiate à Montreuil, sans tri entre ceux qui ont des papiers et ceux qui n’en ont pas ». Leur inquiétude principale ? « L’expulsion vers le pays d’origine ».


Dans un communiqué publié peu après 7 heures du matin, le maire (PCF) Patrice Bessac a dénoncé un acte « arbitraire et inhumain » et souligné une expulsion « à seulement deux jours de la trêve hivernale ».



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En septembre 2018, il avait décidé de réquisitionner le site de l’Afpa, propriété de l’Etat, pour y loger les travailleurs migrants du foyer Bara ouvert en 1968 dans le Bas Montreuil. Un bâtiment en état d’insalubrité avancé, dont la reconstruction est prévue, mais dont la date de réouverture ne nous a pas été confirmée. En attendant, près de 140 d’entre eux se sont déjà installés dans des modulaires, rue Brulefer.

La situation des sans-papiers en question
Au printemps dernier, la ville avait réalisé avec le gestionnaire du lieu Coallia un nouveau diagnostic social pour faire état des lieux du nombre d’occupants qui étaient inscrits dans le protocole de relogement des résidents du foyer Bara, signé en 2013 par Coallia en prévision de la destruction du foyer historique.

« Il reste encore quelques personnes à l’Afpa qui ne sont pas dans le protocole, mais on va se battre pour qu’elles aient une solution de relogement », assurait-on il y a encore une semaine à la mairie de Montreuil. Et pour cause, les locaux de l’Afpa — que l’Etat souhaite récupérer pour y construire d’ici 2024 le nouveau tribunal administratif de Montreuil et la Cour nationale du droit d’asile — devaient être libérés avant le 1er novembre, date de début de la trêve hivernale.

Pour contrôler les allées et venues sur le nouveau site de la rue Brulefer, Coallia avait anticipé l’expulsion en mettant en place des mesures de sécurité et en limitant les horaires des visites, soumises à un contrôle d’identité. Des contrôles qui étaient devenus de plus en plus stricts ces derniers jours.

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