Le Sénégal, où du pétrole a été découvert en 1961, s’attend à ce que tous ses projets offshore deviennent opérationnels d’ici 2022 à 2026
LONDRES, Royaume-Uni, 29 octobre 2019. Lorsqu’il est question de zones gazières émergentes, tous les regards se tournent vers la côte de l’Afrique de l’Est et notamment vers le Mozambique, mais cela pourrait bien changer sous peu. Si le Sénégal ne compte pas, pour le moment, parmi les principaux producteurs de pétrole et de gaz du continent, le pays prévoit de les rejoindre dans les années à venir. À la suite de découvertes notables en eau profonde, la nation d’Afrique de l’Ouest devrait devenir au cours de la prochaine décennie une zone névralgique pour les clusters de GNL à coût relativement faible.
Le Sénégal, où du pétrole a été découvert en 1961, s’attend à ce que tous ses projets offshore deviennent opérationnels d’ici 2022 à 2026. Selon le Fonds monétaire international, entre 2014 et 2017, des réserves pétrolières et gazières s’élevant à plus d’un milliard de barils de pétrole et à environ 1 100 milliards de m3 de gaz ont été découvertes – à partager, en majeure partie, avec la Mauritanie. Actuellement, deux vastes gisements sont en cours de développement : le champ SNE confié à la société australienne WoodsideEnergy, et le projet Greater Tortue Ahmeyim développé par la co-entreprise BP/KosmosEnergy.
La Tortue avance à toute allure
BP a pris sa décision finale d’investissement (FID) dans le cadre du plan FLNG Mauritanie-Sénégal, à la fin de l’an dernier. Le projet Greater Tortue Ahmeyim LNG fournira environ 2,5 millions de tonnes de gaz par an à partir de 2022. Des plans d’expansion sont prêts concernant un hub gazier à Yakaar-Teranga et un autre à Birallah. Le puits Orca, qui devrait être inauguré en octobre, devrait soutenir le hub de Birallah et la première phase fournira du gaz domestique et des données aux producteurs. Le Sénégal a lancé un plan de développement en 2014 et, selon la société Kosmos Energy, il devrait être soutenu par ces gisements gaziers offshore.
En septembre, KosmosEnergy et son partenaire BP ont confirmé que le puits d’évaluation Yakaar-2 avait rencontré environ 30 mètres de gaz net d’une qualité élevée similaire à celle du réservoir cénomanien du puits d’évaluation Yakaar-1, en continuité avec le taux de 100% de réussite des puits gaziers ciblant la tendance gazière onshore de la Mauritanie/Sénégal.
Selon KosmosEnergy, les résultats du puits prouvent que la base de ressources Yakaar-Teranga est de taille mondiale et pourrait soutenir un projet GNL qui fournirait des volumes significatifs de gaz naturel pour le marché domestique et pour les marchés d’exportation. Le développement du champ Yakaar-Teranga devrait se faire par étapes, la phase 1 fournissant du gaz domestique et des données qui permettront d’optimiser le développement des étapes suivantes. Il soutiendra également le « Plan Sénégal Émergent » lancé par le Président du Sénégal en 2014. KosmosEnergy a déclaré avoir l’intention de vendre sa participation dans le projet. La société cherche à différer ses coûts de développement pour se concentrer sur son expertise dans l’exploration.
Champ pétrolier en eau profonde SNE
Le champ pétrolier en eau profonde SNE est situé dans les blocs d’exploration Rufisque, Sangomar et SangomarDeep, qui couvrent ensemble une zone de 7 490 km² dans la partie sénégalaise du bassin MSGBC. Il s’agit de l’un des champs pétroliers les plus vastes découverts au cours de la dernière décennie ; son développement a été confié à une joint-venture entre Cairn Energy (40%), WoodsideEnergy (35%), FAR (15%) et Petrosen (10%), WoodsideEnergy étant l’opérateur du projet.
Lors du forage des premiers puits en eau profonde au large du Sénégal en 2014, Cairn Energy a fait deux découvertes en bordure de bassin, dont le champ SNE, la plus grande découverte mondiale de pétrole en 2014. Depuis lors, la région a évolué, de bassin frontalier à zone pétrolière émergente, attirant ainsi l’attention de l’industrie mondiale. L’année dernière, des progrès importants ont été accomplis dans son développement, un certain nombre de jalons clés ayant été atteints. Woodside assume le rôle d’opérateur et la coentreprise cible une décision d’investissement finale au second semestre 2019, en vue d’une première extraction de pétrole en 2022.
Il est prévu que le champ soit développé au moyen d’un système de navires de stockage FPSO (Floating Production Storage Offloading) d’une capacité d’environ 100 000 barils/jour, avec 23 puits sous-marins et une infrastructure sous-marine de soutien. L’ensemble sera conçu de manière à permettre l’exécution des étapes ultérieures de développement du champ SNE, et comprendra des options d’exportation du gaz vers la côte et de futurs raccordements sous-marins à partir d’autres réservoirs et champs.
Au début de l’année, les bases techniques du projet ont reçu une approbation de principe et l’extension de la licence couvrant la zone de développement a été confirmée, de manière à permettre la conclusion du FEED et la finalisation des activités de financement en 2019 avant l’octroi de la licence d’exploitation.
« La région a maintenant évolué, passant du statut de zone frontière à celui d’opportunité émergente d’hydrocarbures, ce qui attire l’attention de l’industrie mondiale, a déclaré Eric Hathon, directeur de l’exploration chez Cairn Energy. Au cours des trois dernières années, nous avons mis en œuvre trois programmes de forage sûrs et fructueux et jeté les bases d’un plan de développement en plusieurs phases. »
« Nous sommes déterminés à apporter au Sénégal des avantages sociaux-économiques, notamment la sécurité énergétique, des revenus, des emplois, le développement d’infrastructures et des investissements sociaux », a-t-il poursuivi. « Cairn Energy est convaincue que la découverte et le développement d’une production pétrolière durable profiteront largement à l’économie nationale et à la population locale. »
Cycle d’octroi de licences
Fort de ces succès, le Sénégal avait annoncé le lancement d’un deuxième cycle d’octroi de licences pour la fin octobre mais, en raison de problèmes politiques internes, celui-ci a été reporté jusqu’à la première journée de la conférence de l’AfricaOilWeek au Cap. Le nouveau cycle d’octroi de licences, qui sera ouvert pendant six mois, a pour but de trouver des développeurs pour dix à douze champs offshore. La manifestation de cette année au Cap sera une excellente occasion d’en savoir davantage sur le Sénégal et sur les opportunités du prochain cycle d’octroi de licences. M. Mouhamadou MakhtarCissé, ministre du Pétrole et de l’Énergie du Sénégal et M. Joseph Medou, directeur Énergie et Pétrole chez Petrosen, font partie des orateurs de l’événement.