Les enseignants menacés se replient par centaine dans les zones plus sûres, les écoles ferment les unes après les autres, le cheptel est enlevé par milliers de têtes, les paysans sont empêchés de cultiver leurs champs. Voilà la triste image d’un Mali qui est loin de se porter mieux qu’il y a six ans lorsqu’une intervention française savamment orchestrée le délivrait d’un déferlement djihadiste sans précédent qui menaçait de le rayer de la carte du monde. Tous ces actes ignobles se déroulent sous le regard complice de la communauté internationale, à travers la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) forte de 13 000 hommes et de la force française anti-terroriste hyper-équipée, Barkhane (4 500 soldats au compte des cinq pays du Sahel).
Plus que jamais, les forces du mal, les forces obscures sont décidées à annexer et à réduire à néant le Mali des grands empires, des grands conquérants, le berceau des grandes civilisations d’Afrique de l’Ouest. Ainsi, en se lançant dans le rapt d’enseignants, comme récemment au centre du Mali, les djihadistes veulent dynamiter les esprits, au propre comme au figuré, comme le dirait l’autre.
Si la communauté internationale et la France à la rescousse du Mali, depuis 2013, n’avouent pas leur incompétence et incapacité à sortir le pays du bourbier jihadiste, le Président IBK lui-même semble reconnaitre son échec. C’est du moins, ce qui ressort de son appel à soutien au président russe lors du sommet Russie-Afrique, à Sotchi.
“Vous l’avez dit vous-même que vous êtes qualifiés Monsieur le président Poutine, cette qualification nous en avons besoin aujourd’hui. Le Sahel souffre en toutes ses parties, cette guerre asymétrique qui nous a été imposée, imposée à nos peuples. Là-dessus vous avez l’expertise qu’il faut aujourd’hui et nous vous savons également soucieux de nous. L’instauration d’un environnement de paix et de sécurité dans le Sahel constitue de nos jours un défi majeur à relever pour la stabilité des pays ouest-africains, du Maghreb et même le reste du monde”, a annoncé IBK lors de son discours à Sotchi.
Au Mali, à la rentrée scolaire 2019-2020, plus de 750 écoles restent fermées au Nord et au Centre, privant ainsi environ 2 millions d’enfants de scolarité.
Les djihadistes livrent une chasse aux écoles dites classiques. Profitant de l’absence des forces armées, les groupes armés brûlent les écoles, menacent le personnel enseignant, diffusent (dans les mosquées) des messages de propagande et réclament «la fermeture » des ‘’écoles classiques’’ au profit des écoles coraniques (Medersa).
Cette même insécurité frappe le Macina (Delta du Niger) où les écoles sont plus affectées dans les CAP de Djenné et de Ténenkou. De nos jours, plus de 142 écoles sont fermées, avec des centaines d’enseignants et élèves affectés en raison des menaces et de la psychose qui règne dans ces localités.
La menace djihadiste touche aussi la région de Ségou dans l’académie d’enseignement de Farako où une trentaine d’établissements sont fermés.
Ces dernières 72 heures ont été d’une offensive terrible contre les établissements scolaires au Centre. Ainsi, l’école de Karango a été brûlée brûlée, ce 29 octobre alors qu’à Gaina, commune de Gabéro, une séance de prêche a été organisée pour appeler à fermer les écoles d’expression françaises. Les établissements scolaires (premier cycle et second cycle) de Korientzé (Cercle de Mopti) ont été la cible d’attaque de la part d’individus armés non identifiés le 25 octobre dernier. Aussi, ce samedi 26 Octobre 2019, des djihadistes lourdement armés se sont attaqué à l’école de Tindirma. Suivant le même scenario qu’à Korientzé, ils ont mis en garde contre l’enseignement moderne et brûlé tous les documents de l’école.
Désormais, le message est clair : l’enseignement du français est interdit par les djihadistes au Mali.
Au même moment, le bétail est enlevé par milliers de têtes et les paysans sont interdits des champs. La seule alternative qui reste aux populations, c’est de fuir.
Ainsi, selon OCHA, plus de 900 civils sont morts depuis janvier 2019, à cause des violences. L’organisation a aussi dénombré, pour cette période, 311 000 personnes déplacées ou réfugiés. L’insécurité n’est donc plus désormais la seule affaire du Septentrion, elle est devenue préoccupante, à travers tout le pays.