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Mali: la crise sécuritaire s’accentue
Publié le dimanche 3 novembre 2019  |  l’opinion.fr
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© Autre presse par DR
Soldats du MNLA à Kidal le 4 février 2013.
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Selon un bilan provisoire, 54 personnes, dont 53 soldats, ont été tuées lors d’une attaque vendredi contre un poste militaire situé non-loin de la frontière avec le Niger

C’est un échec cinglant pour le gouvernement et les Forces armées maliennes. Au moins 53 soldats et un civil ont été tués, vendredi 1er novembre, dans une attaque menée par des hommes armés contre un poste militaire dans le nord-est du Mali, a fait savoir samedi le porte-parole du gouvernement via Twitter.

« Le camp des Forces armées maliennes basé à Indelimane (Ansongo), situé à l’ouest de Ménaka, a fait l’objet d’une attaque par des hommes armés », a indiqué Yaya Sangare. Le porte-parole du gouvernement a fait état de « dix rescapés » et de « dégâts matériels importants » à la suite de cet assaut. La situation serait désormais « sous contrôle ».

Il s’agit de l’une des attaques les plus meurtrières contre les forces gouvernementales maliennes, cible récurrente de groupes djihadistes liés à Al Qaïda ou à l’organisation Etat islamique (EI) qui déstabilisent également certaines régions du Niger et du Burkina Faso.

La dégradation du climat sécuritaire est ancienne, alors que la France est intervenue en 2013 dans le cadre de l’opération Serval pour soutenir les troupes maliennes face aux groupes armés islamistes.

Les assauts touchent les militaires comme les civils. Le 30 septembre 2019, 38 soldats maliens avaient trouvé la mort dans des attaques coordonnées contre deux bases de l’armée dans le centre du pays, ou les exactions vont croissant depuis 2015. En avril, le Premier ministre et son gouvernement avaient démissionné après le massacre de 160 Peuls à Ogossagou. Un autre massacre avait eu lieu en juin, à Sobane Da, près de Sangha, faisant 101 morts, selon les autorités locales.

Evoquant les massacres intercommunautaires, Mamadou Sinsy Coulibaly, à la tête du Conseil national du patronat du Mali, évoquait comme cause : « La mauvaise gouvernance, le racket des forces de sécurité, et le manque de vision des autorités pour prévoir les troubles dans des régions délaissées par le pouvoir central ». Les auteurs des attaques n’hésitent pas à monter les communautés dos à dos pour faire empirer la situation. Bamako paye également au prix fort le fait d’avoir délégué, pour partie, la sécurité locale à des milices alliées.

Réponse économique. Le cercle est vicieux. La dégradation de la situation sécuritaire du Mali a des conséquences économiques (production agricole en baisse, etc.) qui renforcent l’attrait du djihadisme, ce dernier offrant des conditions de survie aux plus désoeuvrés.

Paris, fortement engagée militairement, souhaite que le gouvernement s’engage pour régler la situation comme convenu dans l’Accord d’Alger, signé en 2015 entre le gouvernement et la Coordination des mouvements de l’Azawad.

Un accord d’intégration d’ex-rebelles dans l’armée malienne est en cours, mais la France souhaite qu’un processus de décentralisation soit lancé, notamment pour favoriser un rattrapage économique dans le nord. De quoi éventuellement ralentir l’exode rural, qui a transformé Bamako, passée de 2 à 4 millions d’habitants en 10 ans.

Le retour de l’administration est également fortement attendu dans le centre, ou des centaines d’écoles sont fermées et les jeunes sont délaissés. L’insécurité et le vide administratif renforcent la crise, dans la mesure où le secteur privé n’arrive pas à se projeter et à offrir des débouchés aux populations.

La situation reste éminemment complexe, alors que le gouvernement cherchait une réponse économique à la crise. « Une pléiade de politiques fait le business de l’insécurité et de la guerre », assurait Ainea Ibrahim Camara, banquier et fondateur du Mouvement républicain (MR), à l’Opinion en juin.
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