Sauf surprise majeure, le scrutin de ce dimanche 28 juillet va nous conduire inexorablement vers un second tour le 11 août prochain.
Dans tous les cas, il est nécessaire d’organiser un débat en direct (sur les chaînes de radio et de télévision) entre les deux finalistes de cette élection présidentielle. Fortement médiatisé, ce face-à-face a le mérite d’édifier l’opinion sur les valeurs intrinsèques des deux candidats. L’occasion leur est ainsi donnée face à la caméra de dire l’un à côté de l’autre ce qu’ils comptent faire s’ils arrivent aux affaires.
Cette joute oratoire est un moment de grande émotion et un événement phare au sein de la République. Il a le mérite de développer chez les citoyens la culture du débat démocratique. A travers leurs explications l’un en face de l’autre avec courtoisie et toute la civilité requise, le débat du second tour permet de désamorcer la tension entre les deux camps en face. L’image par exemple d’un IBK opposé à Soumaïla Cissé sur le plateau de l’ORTM s’adressant des piques amicales, se permettant des amabilités, souriant au besoin à travers des plaisanteries comme la culture malienne sait en offrir (avec le cousinage à plaisanterie) permet d’atténuer les adversités, d’annihiler les velléités de violences entre leurs partisans respectifs.
Le face-à-face du second tour entre les deux candidats finalistes a aussi un effet positif sur les velléités de contestation des résultats issus des urnes. Car cette prestation des deux prétendants au fauteuil présidentiel permet généralement au public de savoir qui a pris, ne serait-ce qu’une légère avance sur son adversaire du moment. C’est ainsi qu’en 2010, lors du second tour de la présidentielle ivoirienne, le duel oral entre Alassane Dramane Ouattara et Laurent Gbagbo avait permis aux électeurs ivoiriens de comprendre que le président sortant était légèrement en perte de vitesse sur son adversaire. La suite, on la connaît, sauf qu’une dangereuse cécité intellectuelle aggravée par le démon du mauvais perdant dont a souffrait M. Gbagbo a conduit aux drames qui ont endeuillé les bords de la Lagune Ebrié.
Cette opposition verbale permet aux électeurs surtout les indécis de faire le choix en toute lucidité, dans la mesure où les explications de l’un et de l’autre montrent aisément lequel des deux a la capacité de diriger le pays. Cet exercice oratoire de haute portée facilite aussi la culture d’un climat de fair play qui pousse finalement le perdant à reconnaître que son challenger a été le meilleur et à le féliciter. Le grand geste de délivrance qui sauve le pays de la crise postélectorale, dont Dieu doit tout simplement éloigner le Maliba!