Le vendredi 1er novembre a été dur pour les Maliens. Car, le camp militaire d’Indelimane a été attaqué par des ennemis, occasionnant l’assassinat de 53 soldats et un civil, selon le bilan officiel.
Face à la duplicité de la France avec le Mali dans le domaine sécuritaire, la majorité des Maliens apprécie la redynamisation de la coopération militaire leur pays et la Russie. Mais, il y a un prix fort à payer pour cela. D’où la nécessité d’accélérer le processus afin de sauver ce qui pourra l’être.
Dans sa précédente, La Preuve titrait: « Rapprochement Bamako-Moscou : Pourquoi les FAMa doivent redoubler de vigilance ». Cette alerte visait à faire éviter ce que le Mali a vécu ce week-end. L’histoire a malheureusement donné raison à votre serviteur. Comme cela avait été déjà mentionné dans ces mêmes colonnes, dans la gestion de la crise malienne, toutes les fois que le Mali a fait le pas vers des puissances étrangères autres que la France, les Forces armées maliennes (FAMa) ont subi des attaques, dans lesquelles elles ont enregistré de lourdes pertes. C’est pourquoi la rencontre, il y a quelques jours, entre IBK et l’ambassadeur de la Russie, Igor Anatolievitch Gromyko, devrait appeler à une vigilance plus accrue des FAMa. La présence du Président IBK au forum économique Russie-Afrique et le sommet Russie-Afrique qui ont eu lieu les 23 et 24 octobre 2019 à Sotchi n’ont fait qu’aggraver les choses.
Car, d’habitude, les forces armées maliennes sont surprises tard dans la nuit. Mais elles ont été cette fois-ci frappées en pleine journée et dans une zone désertique. Cela relève de l’inédit.
Dur de franchir le pré-carré français
Difficile de prouver la complicité de la France dans les attaques contre les positions maliennes. Mais, toit laisse croire que le rapprochement Bamako-Moscou est lourd de conséquence pour les FAMa. Et vraisemblablement, cette énième attaque ne relève pas du hasard. Elle intervient seulement une semaine après le sommet Afrique-France. Certes, le chef de l’Etat malien n’était pas le seul à s’y rendre, mais chacun de ses pairs gérera les conséquences de sa participation à ce sommet, selon la réalité de son pays.
Nul besoin de rappeler que la visite du chef de la diplomatie malienne à Moscou, les 09 et 10 juin, pour préparer le terrain à cette coopération, avait été sanctionnée par l’attaque du village dogon de Sobane Da, ayant fait 35 morts, le 9 juin.
Le 18 juin 2019, une patrouille de l’armée malienne est tombée dans une embuscade à Gossi. Le bilan est de 5 morts.
Le 17 juin, un détachement FAMa en mission d’escorte civile est tombé dans une embuscade entre Tonka et Niafunké, alors qu’il était de retour. Au cours de cet accrochage, les FAMa ont enregistré un mort et un blessé.
Un peu plus d’un mois après la signature de la coopération militaire avec la Russie, l’armée malienne a payé un lourd tribut dans l’attaque de Boulkessi, ayant occasionné la mort de 40 soldats et la disparition d’une soixantaine. S’y ajoute la destruction des matériels de guerre.
Ces attaques meurtrières contre les forces armées maliennes relèvent-elles du hasard ou de représailles ? Rien n’est moins sûr.
Il y a eu plusieurs contacts dont les plus officiels sont les rencontres entre le ministre de la Défense du Mali et son homologue russe, suivie de celle du Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et l’ambassadeur de la Russie au Mali.
Faut-il le rappeler, le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, et son homologue malien, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, ont signé, le 26 juin 2019 à Moscou, un accord de coopération militaire et de sécurité. Avec en toile de fond les difficultés grandissantes des forces françaises au Mali en matière de maintien de l’ordre.
Selon des sources concordantes, l’accord de coopération militaire entre Moscou et Bamako a été signé lors du Salon international militaire Army 2019, où se pressent désormais de nombreux officiers supérieurs africains. Les ministres de la Défense venus d’Afrique sont soucieux de diversifier leurs sources d’approvisionnement en armements.
Hâtons les pas pour matérialiser cette coopération dans le domaine militaire avec la Russie. A défaut, continuons de courber l’échine face à l’ex-puissance coloniale afin de maintenir le pays dans une situation de ni paix ni guerre.
Quelle armée pour le Mali ?
En pareille circonstance, l’une des meilleures façons de se corriger est l’autoflagellation. Dans les pays pauvres comme le Mali, pour gérer une telle crise multidimensionnelle, il faut une coopération sincère avec des grandes puissances. Mais, il faut également des hommes pour assurer le service minimum. Qui peuvent au moins garder leur position avant d’obtenir l’appui des autres.
Aujourd’hui, force est de reconnaître que tout n’est pas la faute de l’autre. Les Maliens doivent avoir le courage de se remettre en cause. Comment une armée d’un pays en guerre peut-elle se laisser surprendre quotidiennement par l’ennemi, fut-il dans une guerre asymétrique ? Si dans un passé récent des Maliens se lamentaient du manque de matériels pour les troupes, en référence aux annonces des différentes acquisitions, il faut croire qu’elles ont le minimum pour se défendre en attendant d’acquérir l’armement adéquat.
Car, ce qui vient de se passer à Indelimane est une énième humiliation. On ne parle que du bilan lourd de notre côté, pendant qu’il n’y a aucun chiffre côté ennemi.